Montréal pour Enfants vol. 19 n°4 La Rentrée 2019 | Page 28
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psychologie
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Pour le meilleur ou pour le pire, la suite des choses
ne dépend pas totalement que des parents. Le
tempérament de l’enfant joue un rôle. De plus, af-
firme Hélène Larouche, professeure au département
de la faculté d’éducation de l’Université de Sher-
brooke, rien ne remplace l’expérimentation. Dans le
domaine des interactions sociales, c’est encore en
forgeant que l’on devient forgeron, avec la fratrie ou
les copains : « Lorsque nous n’avons pas préparé
les enfants, ou pour un enfant qui n’a pas développé
des habiletés sociales avant cinq ans, les premiers
contacts à l’école peuvent [l’inciter] à se retirer, de
façon timide ou, au contraire, à réagir avec un com-
portement agressif, qui traduit de la peur. »
Voilà pourquoi le professeur en psychologie de
l’Université Laval, George Tarabulsy, souligne égale-
ment l’importance d’aiguiller les enfants très jeunes
vers des situations de succès tout en les encour-
ageant dès leur jeune âge à régler leurs conflits, au
moins en partie, par eux-mêmes, lorsque la situation
n’en arrive pas aux attaques physiques ou verbales.
Ainsi, devant un enfant qui réclamerait un peu trop
promptement de l’aide, il suggère : « Ce serait alors
fort correct, de la part de l’éducatrice, de dire : ‟Si
quelqu’un te prend ton toutou, tu es capable de lui
dire de te le redonner. Et si cela ne fonctionne pas,
reviens me voir.” »
Évidemment, à l’âge du « Je suis capable tout seul »,
le professeur en psychologie de l’Université Laval, et
directeur de recherche, observe que les petits ap-
prentis sociaux peuvent aussi chercher à affronter
par eux-mêmes des différends qui les dépassent en-
core un peu : « Il y a des situations où le parent voit
que l’enfant n’est pas capable. Il peut le laisser faire
ce qu’il doit faire pour prendre conscience, de lui-
même, qu’il n’en est pas capable. Ça fait partie de
l’apprentissage de l’autonomie de savoir reconnaître
son échec et de demander de l’aide. »
Des interventions à ne pas éviter
Pourtant, l’autonomie ne semble signifier pour au-
cun des experts de laisser les enfants se dépêtrer
avec leurs problèmes. Au contraire, en bas âge,
les échanges de coups et de morsures réclament
souvent la présence des adultes plus que jamais.
Julie Brousseau affirme que de laisser faire des en-
fants qui se chamaillent ou qui malmènent leur petite
sœur, parce qu’ils essaient d’attirer l’attention, ne
tient pas la route non plus : « On a quand même un
autre enfant à protéger. On n’a pas le choix. Si on
sait que c’est pour attirer l’attention, on n’est pas
obligé de s’y attarder pendant une heure. On peut
toutefois poser la question : ‟Crois-tu que ce que
tu viens de faire était adéquat ? Je t’invite à y réflé-
chir.” »
Et si l’enfant démontre des difficultés à adopter
des comportements adéquats, Hélène Larouche
est d’avis qu’il risque de se placer dans des situa-
tions d’isolement dont il se sortira difficilement sans
un petit coup de pouce des adultes environnants :
« Parce que plus ils sont rejetés, moins ils dévelop-
pent leurs habiletés. Moins ils développent leurs
habiletés, moins ils sont acceptés. C’est un cercle
vicieux. » Un enfant qui revient fréquemment en
pleurs, même s’il ne parvient pas à nommer exacte-
ment les actes dont il se dit la victime, devrait aussi
attirer l’attention, puisque cette détresse peut révéler
des formes de violence comme l’intimidation.
Et afin de tuer ce genre de dynamique dans l’œuf,
la psychoéducatrice et auteure Annie Sayeur sug-
gère également de ne pas montrer trop de complai-
sance envers les ententes prises entre les enfants
qui tentent d’éviter les conséquences d’une action
susceptible d’être réprimandée : « C’est vrai que ça
peut paraître comme des enfants qui parviennent à
trouver eux-mêmes des solutions. Mais si cela arrive
régulièrement et que c’est toujours le même qui dit
‟Regarde, je vais te donner cela et on n’en parlera
pas”, c’est souvent là que l’enfant peut développer
une habitude d’intimidateur, de manipulateur… ou
de victime. »