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éducation
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de respiration à partir de huit ans, et ce n'est
que vers onze ou douze ans qu'on commence à
introduire la synchronisation entre la respiration et
les postures, mais là encore, on ne les oblige pas
à le faire, on leur demande surtout de bien respirer
en tout temps.
Quelle serait la meilleure approche pour
les adolescents? Il me semble qu’eux
aussi ont besoin de yoga.
Je pense qu'ils en ont besoin au même titre que
les autres. En fait, il faut les motiver à pratiquer.
Que demandent les jeunes? Que ça bouge. Alors
même s'ils sont en âge de faire des postures
d’adultes, c'est-à-dire des postures statiques, on
leur offre un yoga dynamique avec des séquences
de postures qui bougent et qui les font se sentir
bien et… contents. Il faut aussi varier les postures
pour que ça reste intéressant pour eux. À un
moment donné, ils ont envie de ralentir, comme
tout le monde. Alors, tranquillement, on peut
glisser des postures statiques, une, deux, trois…
Ils commencent alors à y prendre plaisir et toutes
les pratiques prennent leur place, comme les res-
pirations et les visualisations qu'ils adorent et qui
font appel à leur imagination, tout en leur permet-
tant de se créer eux-mêmes à partir de ce qu'ils
sont à l'intérieur et de créer leur vie. Toutes les
techniques sont importantes pour les adolescents.
Et la relaxation? J'imagine que c'est plus
facile à travailler avec les ados qu'avec
les petits qui bougent tout le temps?
Cela change très vite pour tous. C'est vrai qu'au
début, avec les petits, il faut que ça bouge. On ne
les empêche pas de bouger non plus en relaxa-
tion, mais ce que j'ai constaté c'est que très
rapidement ils ne bougent plus et qu'ils y voient
un intérêt. Je dirais même qu'ils adorent toutes les
petites visualisations parce que cela fait appel à
leur imagination. Cela leur plaît beaucoup.
C'est d'ailleurs un peu la même chose pour tous,
que ce soit pour les tout-petits, pour ceux d'âge
primaire ou pour les ados. Il faut faire attention
à ce que la relaxation soit très courte au départ,
car il est vrai qu'ils peuvent au début considérer
que « c'est plate » et le dire, surtout les petits, qui
ont l'impression qu'on les envoie dormir. Donc,
il ne faut absolument pas qu'une image négative
de la relaxation se crée. Comme c’est un court
moment de repos, ils s’y plient et l’apprécient.
Tranquillement, on peut en allonger la durée.
C'est la même chose à tous les âges, même pour
les adolescents. Au début, ils peuvent trouver ça
ennuyeux de s'allonger pour relaxer, mais quand
ils voient ce qui se passe, qu'en fin de compte on
fait des choses intéressantes pendant la relaxa-
tion, ils aiment ça. C'est à nous d'être créatifs
pour leur donner envie d’aimer ça. On peut aussi
les faire participer, leur demander de nous dire
ce qu’ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas et les
écouter, car cela fait aussi partie du yoga.
De plus en plus, certains pays adoptent le yoga
à l'école. Même si, au Canada, on n’en est pas
encore là, dans l'Ouest canadien, certaines
commissions scolaires offrent des formations
aux enseignants qui veulent pratiquer le yoga et
la méditation de pleine conscience en classe.
Comment cela se passe-t-il au Québec?
Au Québec, on commence à y penser depuis déjà
un petit moment. J'ai la responsabilité de ce projet
et je suis très motivée parce que j'ai déjà utilisé et
intégré le yoga à l'école en France, même s'il ne
faisait pas partie des programmes à l'époque.
Ici, l'idée fait son chemin depuis quelques années
puisque des professeurs formés au yoga pour
les enfants interviennent dans les écoles ou les
CPE qui en font la demande. Et l'exemple du
système éducatif italien et français (et d'autres
encore) nous encourage à mettre ce projet
d'intégration sur pied au Québec de manière plus
systématique.
Le grand intérêt pour les enfants, et en fin de
compte pour leurs facultés d'apprentissage, c’est
de pouvoir découvrir et consolider la capacité de
concentration qu’ils ont en eux. Mettez-les sur un
jeu qui les intéresse et plus rien n'existe que ce
qu'ils font. Ils ont donc cette capacité d'attention;
il s’agit simplement de les amener à la développer.
De plus, le yoga permet de canaliser l’énergie de
ceux qui sont les plus remuants ou parfois même
hyperactifs, et de dynamiser ceux qui sont avachis
sur leur bureau et qui ont l'air de dormir quand ils