Montréal pour Enfants vol. 18 n°6 Hiver 2018 | Page 36

36 éducation www.montrealpourenfants.com de respiration à partir de huit ans, et ce n'est que vers onze ou douze ans qu'on commence à introduire la synchronisation entre la respiration et les postures, mais là encore, on ne les oblige pas à le faire, on leur demande surtout de bien respirer en tout temps. Quelle serait la meilleure approche pour les adolescents? Il me semble qu’eux aussi ont besoin de yoga. Je pense qu'ils en ont besoin au même titre que les autres. En fait, il faut les motiver à pratiquer. Que demandent les jeunes? Que ça bouge. Alors même s'ils sont en âge de faire des postures d’adultes, c'est-à-dire des postures statiques, on leur offre un yoga dynamique avec des séquences de postures qui bougent et qui les font se sentir bien et… contents. Il faut aussi varier les postures pour que ça reste intéressant pour eux. À un moment donné, ils ont envie de ralentir, comme tout le monde. Alors, tranquillement, on peut glisser des postures statiques, une, deux, trois… Ils commencent alors à y prendre plaisir et toutes les pratiques prennent leur place, comme les res- pirations et les visualisations qu'ils adorent et qui font appel à leur imagination, tout en leur permet- tant de se créer eux-mêmes à partir de ce qu'ils sont à l'intérieur et de créer leur vie. Toutes les techniques sont importantes pour les adolescents. Et la relaxation? J'imagine que c'est plus facile à travailler avec les ados qu'avec les petits qui bougent tout le temps? Cela change très vite pour tous. C'est vrai qu'au début, avec les petits, il faut que ça bouge. On ne les empêche pas de bouger non plus en relaxa- tion, mais ce que j'ai constaté c'est que très rapidement ils ne bougent plus et qu'ils y voient un intérêt. Je dirais même qu'ils adorent toutes les petites visualisations parce que cela fait appel à leur imagination. Cela leur plaît beaucoup. C'est d'ailleurs un peu la même chose pour tous, que ce soit pour les tout-petits, pour ceux d'âge primaire ou pour les ados. Il faut faire attention à ce que la relaxation soit très courte au départ, car il est vrai qu'ils peuvent au début considérer que « c'est plate » et le dire, surtout les petits, qui ont l'impression qu'on les envoie dormir. Donc, il ne faut absolument pas qu'une image négative de la relaxation se crée. Comme c’est un court moment de repos, ils s’y plient et l’apprécient. Tranquillement, on peut en allonger la durée. C'est la même chose à tous les âges, même pour les adolescents. Au début, ils peuvent trouver ça ennuyeux de s'allonger pour relaxer, mais quand ils voient ce qui se passe, qu'en fin de compte on fait des choses intéressantes pendant la relaxa- tion, ils aiment ça. C'est à nous d'être créatifs pour leur donner envie d’aimer ça. On peut aussi les faire participer, leur demander de nous dire ce qu’ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas et les écouter, car cela fait aussi partie du yoga. De plus en plus, certains pays adoptent le yoga à l'école. Même si, au Canada, on n’en est pas encore là, dans l'Ouest canadien, certaines commissions scolaires offrent des formations aux enseignants qui veulent pratiquer le yoga et la méditation de pleine conscience en classe. Comment cela se passe-t-il au Québec? Au Québec, on commence à y penser depuis déjà un petit moment. J'ai la responsabilité de ce projet et je suis très motivée parce que j'ai déjà utilisé et intégré le yoga à l'école en France, même s'il ne faisait pas partie des programmes à l'époque. Ici, l'idée fait son chemin depuis quelques années puisque des professeurs formés au yoga pour les enfants interviennent dans les écoles ou les CPE qui en font la demande. Et l'exemple du système éducatif italien et français (et d'autres encore) nous encourage à mettre ce projet d'intégration sur pied au Québec de manière plus systématique. Le grand intérêt pour les enfants, et en fin de compte pour leurs facultés d'apprentissage, c’est de pouvoir découvrir et consolider la capacité de concentration qu’ils ont en eux. Mettez-les sur un jeu qui les intéresse et plus rien n'existe que ce qu'ils font. Ils ont donc cette capacité d'attention; il s’agit simplement de les amener à la développer. De plus, le yoga permet de canaliser l’énergie de ceux qui sont les plus remuants ou parfois même hyperactifs, et de dynamiser ceux qui sont avachis sur leur bureau et qui ont l'air de dormir quand ils