Montréal pour Enfants vol. 18 n°6 Hiver 2018 | Page 29

Apprendre… à bien dire la vérité Une autre façon de mettre le mensonge en perspective, pour Louis-Georges Desaulniers qui a écrit un livre sur le sujet, est de se souvenir que la grande majorité des adultes mentent eux aussi quotidiennement, sans tous devenir des mytho- manes impénitents. Selon lui, une des premières personnes à qui l’on ment est souvent soi-même, que ce soit à propos de la stabilité de sa vie conjugale ou de ses compétences au travail. Il admet toutefois que les parents ont aussi comme devoir d’enseigner aux enfants des notions de diplomatie, qui peuvent supposer quelques omissions. En revanche, monsieur Desaulniers assure que l’influence du mensonge sur les jeunes obser- vateurs ne devrait pas être négligée. Il explique, entre autres, que les petits billets de maladie que signent les parents pour justifier une absence et partir en vacances en famille, ou encore les com- mentaires chaleureux que l’on fait à un invité pour ensuite le critiquer juste après son départ, peuvent laisser des traces plus profondes qu’on ne le croit : « L’enfant est là et il observe. Il est sensible à ce qu’il entend. Quand un ami l’appelle pour aller jouer et que le parent lui suggère de répondre “ qu’on va magasiner, qu’on a des visiteurs, que tu ne peux pas ou que tu as des devoirs à faire ” alors que ce n’est pas la vérité, l’enfant enregistre tout cela. » Lorsque les parents sont pris en flagrant délit de mensonge, certains experts leur suggèrent de s’expliquer, en mettant l’accent sur la gravité des conséquences et sur l’intention de leur acte. Mais d’autres experts entrevoient dans ces autojusti- fications parentales le risque d’ajouter une leçon de complaisance à celle du mensonge. Voilà pourquoi Ariane Hébert en vient à la conclusion que cette attitude ne valorise pas toujours non plus, à long terme, l’honnêteté et l’apprentissage de la négociation sur une base de confiance :