Apprendre…
à bien dire la vérité
Une autre façon de mettre le mensonge en
perspective, pour Louis-Georges Desaulniers qui
a écrit un livre sur le sujet, est de se souvenir que
la grande majorité des adultes mentent eux aussi
quotidiennement, sans tous devenir des mytho-
manes impénitents. Selon lui, une des premières
personnes à qui l’on ment est souvent soi-même,
que ce soit à propos de la stabilité de sa vie
conjugale ou de ses compétences au travail. Il
admet toutefois que les parents ont aussi comme
devoir d’enseigner aux enfants des notions de
diplomatie, qui peuvent supposer quelques
omissions.
En revanche, monsieur Desaulniers assure que
l’influence du mensonge sur les jeunes obser-
vateurs ne devrait pas être négligée. Il explique,
entre autres, que les petits billets de maladie que
signent les parents pour justifier une absence et
partir en vacances en famille, ou encore les com-
mentaires chaleureux que l’on fait à un invité pour
ensuite le critiquer juste après son départ, peuvent
laisser des traces plus profondes qu’on ne le
croit : « L’enfant est là et il observe. Il est sensible
à ce qu’il entend. Quand un ami l’appelle pour
aller jouer et que le parent lui suggère de répondre
“ qu’on va magasiner, qu’on a des visiteurs, que
tu ne peux pas ou que tu as des devoirs à faire ”
alors que ce n’est pas la vérité, l’enfant enregistre
tout cela. »
Lorsque les parents sont pris en flagrant délit de
mensonge, certains experts leur suggèrent de
s’expliquer, en mettant l’accent sur la gravité des
conséquences et sur l’intention de leur acte. Mais
d’autres experts entrevoient dans ces autojusti-
fications parentales le risque d’ajouter une leçon
de complaisance à celle du mensonge. Voilà
pourquoi Ariane Hébert en vient à la conclusion
que cette attitude ne valorise pas toujours non
plus, à long terme, l’honnêteté et l’apprentissage
de la négociation sur une base de confiance :