préscolaire, se distinguent néanmoins de ceux de
leurs aînés par le fait qu’ils sont beaucoup moins
planifiés. Les petits ont du mal à se projeter et
à mesurer les conséquences de leur geste. De
plus, leurs repères moraux reposent encore avant
tout sur la réaction des parents. Les avantages
d’une réponse sincère, susceptible de faire froncer
les sourcils de papa, peuvent donc paraître bien
vagues dans leur esprit : « Je crois que l’enfant est
conscient d’éviter la punition. Parce qu’entre 3 et
7 ans, l’enfant est encore à un stade assez simple
sur le plan de la moralité. Il ne fait la distinction
entre le bien et le mal qu’à travers le regard des
adultes. Il sait que s’il pose certains gestes, on va
lui dire “ Félicitations! ” ou “ Bravo! ”, alors que s’il
en pose d’autres, il va être puni. Par exemple, si
on demande à un enfant de 3 ans si c’est bien de
taper sa petite sœur, il va répondre : “ Oh non, ce
n’est pas bien! ” Mais il ne sait pas pourquoi. »
Cela ne signifie pas pour autant que celui qui a
frappé sa petite sœur la veille vous ment lorsqu’il
assure qu’il n’a rien fait, puisqu’il est fort pos-
sible que la propension de l’enfant à vivre dans
le moment présent lui ait fait sincèrement oublier
les événements d’hier. Et les quelques fées ou
licornes qui se glissent dans ses explications
n’indiquent pas non plus que l’enfant cherche
volontairement à brouiller les cartes, puisqu’il ne
parvient que graduellement à distinguer la réalité
de la fantaisie. La psychologue Ariane Hébert
remarque qu’il peut s’avérer tentant pour l’enfant,
entre deux versions du monde qui lui semblent
équivalentes, de choisir celle qui lui paraît la plus
magique et la moins douloureuse : « Les tout-
petits vont mentir en ne sachant pas que c’est un
mensonge. Ils ne savent pas que ce qu’ils désirent
n’est pas la réalité. Ils distinguent mal les frontières
de l’imaginaire. Donc, avant 5 ou 6 ans, c’est un
peu confus tout ça. On mise beaucoup là-dessus
avec le père Noël et la fée des dents. »
Louis-Georges Desaulniers comprend que la
limite n’est pas toujours évidente à déterminer
pour le parent, même si ce dernier connaît bien
son enfant, lorsque l’enfant lui-même est encore
aux prises avec une valse-hésitation entre ce
qu’il constate et ce qu’il souhaite croire : « Il
entend des choses, il voit qu’il y a des pères Noël
partout. Il voit bien que le père Noël a la même
voix que son père. Et, sauf exception, la prise
de conscience se fait souvent graduellement.
L’enfant se met à observer, un peu comme le ferait