Montréal pour Enfants vol. 18 n°6 Hiver 2018 | Page 23

préscolaire, se distinguent néanmoins de ceux de leurs aînés par le fait qu’ils sont beaucoup moins planifiés. Les petits ont du mal à se projeter et à mesurer les conséquences de leur geste. De plus, leurs repères moraux reposent encore avant tout sur la réaction des parents. Les avantages d’une réponse sincère, susceptible de faire froncer les sourcils de papa, peuvent donc paraître bien vagues dans leur esprit : « Je crois que l’enfant est conscient d’éviter la punition. Parce qu’entre 3 et 7 ans, l’enfant est encore à un stade assez simple sur le plan de la moralité. Il ne fait la distinction entre le bien et le mal qu’à travers le regard des adultes. Il sait que s’il pose certains gestes, on va lui dire “ Félicitations! ” ou “ Bravo! ”, alors que s’il en pose d’autres, il va être puni. Par exemple, si on demande à un enfant de 3 ans si c’est bien de taper sa petite sœur, il va répondre : “ Oh non, ce n’est pas bien! ” Mais il ne sait pas pourquoi. » Cela ne signifie pas pour autant que celui qui a frappé sa petite sœur la veille vous ment lorsqu’il assure qu’il n’a rien fait, puisqu’il est fort pos- sible que la propension de l’enfant à vivre dans le moment présent lui ait fait sincèrement oublier les événements d’hier. Et les quelques fées ou licornes qui se glissent dans ses explications n’indiquent pas non plus que l’enfant cherche volontairement à brouiller les cartes, puisqu’il ne parvient que graduellement à distinguer la réalité de la fantaisie. La psychologue Ariane Hébert remarque qu’il peut s’avérer tentant pour l’enfant, entre deux versions du monde qui lui semblent équivalentes, de choisir celle qui lui paraît la plus magique et la moins douloureuse : « Les tout- petits vont mentir en ne sachant pas que c’est un mensonge. Ils ne savent pas que ce qu’ils désirent n’est pas la réalité. Ils distinguent mal les frontières de l’imaginaire. Donc, avant 5 ou 6 ans, c’est un peu confus tout ça. On mise beaucoup là-dessus avec le père Noël et la fée des dents. » Louis-Georges Desaulniers comprend que la limite n’est pas toujours évidente à déterminer pour le parent, même si ce dernier connaît bien son enfant, lorsque l’enfant lui-même est encore aux prises avec une valse-hésitation entre ce qu’il constate et ce qu’il souhaite croire : « Il entend des choses, il voit qu’il y a des pères Noël partout. Il voit bien que le père Noël a la même voix que son père. Et, sauf exception, la prise de conscience se fait souvent graduellement. L’enfant se met à observer, un peu comme le ferait