Montréal pour Enfants vol. 18 n°5 Automne 2018 | Page 19

« Et comment résout-on cela, au coin de la rue ? On a mis des règles. Parfois, il n’y a pas de règles, mais des principes que tout le monde décide d’adopter par des négociations constantes, ajoute- t-il. Je vais vous donner un exemple : si vous allez dans une cour d’école, où il y a des enfants de 6 ans, vous verrez que c’est extrêmement complexe. Il y a les plus grands, il y a les filles et les garçons, et moi, l’enfant, qui veux jouer au ballon. Et puis il y a des règles… et celui qui ne les respecte pas : est-ce que je vais aller voir la maîtresse? Si je fais cela, je vais peut-être me mettre tout le monde à dos », illustre-t-il. Depuis le premier jour de sa vie, l’enfant développe des moyens de charmer ses parents et de les inciter à répondre à ses besoins, en imitant leur sourire, en répondant à leurs gestes ou encore en faisant des crises, à des moments stratégiques, qui donnent dangereusement envie de lui céder. Mais ce processus, d’abord instinctif et inconscient, fait de plus en plus place à une certaine conscience de l’enfant de devoir s’adapter à d’autres subjectivités, autour de lui, qui tentent de répondre à des besoins un peu différents des siens. « Si on amène un enfant à l’anniversaire d’un ami, on peut se demander quel cadeau on va acheter, explique Stuart Ian Hammond, qui enseigne la psychologie à l’Université d’Ottawa. Pour un petit enfant de 4 ans, on choisit en général la même chose que l’enfant, lui-même, aime. Mais à partir de 6 ou 8 ans, l’enfant peut commencer à comprendre que son ami aime des choses différentes. Il comprend de plus en plus que les autres ont d’autres idées et voit qu’il y a des liens avec la négociation. » La recherche semble confirmer une réduction des réactions plus agressives envers les parents, la fratrie et les petits camarades à la même période où l’enfant explore ces premières notions d’empathie. Celui-ci se trouve également un peu moins bouleversé par des raz-de-marée d’émotions trop intenses à partir du moment où il commence à mieux comprendre ce qu’il ressent lui-même. C’est aussi l’âge où les enfants découvrent que trouver le bon mot vaut parfois mieux qu’un affrontement, ce qui les amène à introduire parfois, de manière un peu plus volontaire, quelques distorsions dans la réalité, afin de tourner les faits à leur avantage : « En anglais, on dirait un “Cognitive Developmental Milestone”, indique Tina Montreuil, chercheuse en psychologie à l’Université McGill. Cela montre que