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psychologie
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l’enfant a atteint un certain état de développement
cognitif et social, qu’il acquiert une capacité de
réflexion, de mise en situation et même de projection
dans le temps; une compréhension, donc, de la
sphère du temps.» Elle soutient toutefois qu’il est
rare que cet attrait pour les mensonges ou les
autres moyens utilisés pour obtenir gain de cause
prenne une tournure assez pathologique pour qu’il
faille s’en inquiéter.
Mais sous ces fantaisies et ces signes d’une
empathie encore superficielle subsiste chez
l’enfant le besoin criant d’acquérir l’autonomie à
vitesse Grand V, de comprendre les mécanismes
du monde, tant physique que social, afin de
pouvoir de plus en plus interagir avec celui-ci par
lui-même, sans devoir se référer constamment
à l’interprétation du parent : « Les enfants ont
besoin d’agir sur le monde, ils veulent participer,
explique Stuart Ian Hammond. Ils ne veulent pas
nécessairement savoir pourquoi le ciel est bleu,
mais ils veulent engager les autres dans une
conversation, ils veulent agir avec les autres. Je
crois que c’est plutôt cela que l’on retrouve derrière
cette tendance des enfants à poser des questions :
ce désir ou ce besoin d’agir. »
Parmi ces mécanismes avec lesquels il faut
apprendre à interagir, il y a bien sûr celui du cadre
familial : l’enfant cherche à comprendre à quelles
normes il peut se fier et ce que ses nouveaux outils
de négociation peuvent lui apporter pour maîtriser
un peu plus sa vie. Il a besoin que les choses
aient du sens. « C’est rassurant quand cela entre
dans une case. Donc, si on lui dit quelque chose,
il peut avoir tendance à dire que “ça, ça veut dire
que…”. C’est une confirmation, parfois », explique
Anne-Marie Quesnel, qui a enseigné le français
durant plus de 20 ans. D’ailleurs, c’est également
le moment où, en faisant revenir l’enfant sur les
arguments qu’il connaît déjà et en l’aidant à établir
les liens logiques entre eux, on peut parfois mettre
un terme acceptable à la négociation ou venir à
bout de l’enchaînement des « Pourquoi? ».
Et, pour que l’enfant parvienne à développer tout
l’éventail des possibilités associées à l’intelligence
émotionnelle, Tina Montreuil souligne l’importance
des choix d’accompagnement de l’entourage et,
en lieu premier, des parents : « Il faut choisir ce
que l’on cible comme réaction, dit-elle. Est-ce que
je vais lui apprendre comment bien demander les
choses ? Est-ce que je vais lui apprendre comment
réagir à un “non” ? Est-ce que je vais lui apprendre
à gérer l’attente de la réponse de maman ? Est-ce
que je vais lui apprendre à trouver un compromis
pour qu’on se rejoigne au milieu ? Est-ce que je
peux lui enseigner à trouver une autre solution ?
Ou est-ce que je veux lui enseigner l’intelligence
émotionnelle, l’empathie, ou la bonne façon de
communiquer un message de négociation ? Ma
manière de réagir dépendra beaucoup de ce que je
veux lui enseigner. Mais chacune de ces situations
offre une occasion d’enseignement. Elle nous
amène aussi à développer de nouvelles façons de
réagir selon la façon dont il s’oppose à nous. »
Tout au long de cet accompagnement, les parents
se retrouvent aux premières loges pour constater
que cette démarche est exigeante pour eux aussi, et
que certains enfants se montreront plus habiles que
d’autres à choisir les arguments et les gestes qui
nous font craquer, tandis que d’autres auront plus
de difficulté à renoncer au mode des larmes, des
silences inhibés ou des colères. Voilà pourquoi Tina
Montreuil insiste sur l’importance d’aller plus loin
que la réponse, dans les échanges avec l’enfant, en
lui expliquant ce que le moyen de communication
qu’il a choisi peut inspirer comme réaction : « Là,
on a la possibilité de corriger ses comportements,
de lui dire : “D’un côté, tu me demandes cela, mais
de l’autre, tu me lances quelque chose ou tu lances
quelque chose dans la maison. Est-ce que tu penses
vraiment que je vais avoir envie de te dire oui?” »
L’enfant réalise alors peu à peu que, non seulement
la négociation lui permet de se rapprocher de
ses désirs, mais qu’en traitant la personne avec
qui il négocie comme un allié, en prenant en
considération son point de vue, il peut faciliter ces
liens qui lui sont précieux. Et c’est à partir de ces
premiers signes d’une intention de négociation que
Tina Montreuil suggère de commencer à impliquer
l’enfant dans la recherche d’une solution créative,
lorsqu’une limite s’impose : « Cela aide d’avoir une
structure parce que cela permet de dire : “Là, tu
ne peux pas avoir de film parce que tu le sais, les
films, c’est le vendredi. Tu connais notre règle et
elle n’a pas changé. Mais qu’est-ce que tu pourrais
faire d’autre pour occuper ton temps? Qu’est-ce
que tu pourrais choisir d’autres que la télé? Si je
te laisse le choix de trouver quelque chose que
tu penses que j’accepterais, qu’est-ce que ça
pourrait être?” Ce qui est bien, c’est que là, en
tant que parent, je le mets dans une situation qu’il
peut gérer ou maîtriser, mais en même temps, je