« Et comment résout-on cela, au coin de la rue ?
On a mis des règles. Parfois, il n’y a pas de règles,
mais des principes que tout le monde décide
d’adopter par des négociations constantes, ajoute-
t-il. Je vais vous donner un exemple : si vous allez
dans une cour d’école, où il y a des enfants de 6
ans, vous verrez que c’est extrêmement complexe.
Il y a les plus grands, il y a les filles et les garçons,
et moi, l’enfant, qui veux jouer au ballon. Et puis il
y a des règles… et celui qui ne les respecte pas :
est-ce que je vais aller voir la maîtresse? Si je fais
cela, je vais peut-être me mettre tout le monde à
dos », illustre-t-il.
Depuis le premier jour de sa vie, l’enfant développe
des moyens de charmer ses parents et de les
inciter à répondre à ses besoins, en imitant leur
sourire, en répondant à leurs gestes ou encore en
faisant des crises, à des moments stratégiques, qui
donnent dangereusement envie de lui céder. Mais
ce processus, d’abord instinctif et inconscient, fait
de plus en plus place à une certaine conscience
de l’enfant de devoir s’adapter à d’autres
subjectivités, autour de lui, qui tentent de répondre
à des besoins un peu différents des siens. « Si on
amène un enfant à l’anniversaire d’un ami, on peut
se demander quel cadeau on va acheter, explique
Stuart Ian Hammond, qui enseigne la psychologie
à l’Université d’Ottawa. Pour un petit enfant de
4 ans, on choisit en général la même chose que
l’enfant, lui-même, aime. Mais à partir de 6 ou 8
ans, l’enfant peut commencer à comprendre que
son ami aime des choses différentes. Il comprend
de plus en plus que les autres ont d’autres idées et
voit qu’il y a des liens avec la négociation. »
La recherche semble confirmer une réduction des
réactions plus agressives envers les parents, la
fratrie et les petits camarades à la même période où
l’enfant explore ces premières notions d’empathie.
Celui-ci se trouve également un peu moins
bouleversé par des raz-de-marée d’émotions trop
intenses à partir du moment où il commence à
mieux comprendre ce qu’il ressent lui-même. C’est
aussi l’âge où les enfants découvrent que trouver
le bon mot vaut parfois mieux qu’un affrontement,
ce qui les amène à introduire parfois, de manière
un peu plus volontaire, quelques distorsions dans
la réalité, afin de tourner les faits à leur avantage :
« En anglais, on dirait un “Cognitive Developmental
Milestone”, indique Tina Montreuil, chercheuse en
psychologie à l’Université McGill. Cela montre que