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psychologie
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D’ailleurs, outre le besoin d’interagir avec
l’immensité du monde, c’est le besoin d’inciter le
parent à devenir pour lui un interlocuteur viable que
l’enfant poursuit, plus ou moins consciemment.
Voilà pourquoi Anne-Marie Quesnel suggère que
le modèle de communication que l’on veut offrir à
celui qui tente d’attirer notre attention va bien au-
delà des mots : « Parce que si l’enfant demande :
“Pourquoi c’est comme ça?”, que l’on continue à
s’occuper de ses tâches d’adulte, et que l’enfant
continue avec ses pourquoi, ça devient un match
de tennis. Il n’y a aucun contact, aucune connexion
avec l’enfant. Moi, j’aurais tendance à prendre
30 secondes pour m’asseoir à son niveau, lui
répondre, les yeux dans les yeux, pour que ça
“connecte”. »
UN LONG PARCOURS
VERS L’ALTRUISME
Tina Montreuil constate toutefois que l’avancement
de notre société, l’omniprésence des technologies
et l’accélération de notre rythme de vie ne
semblent pas jouer en faveur de ces compétences:
« L’intelligence cognitive, on naît avec. Cela ne
s’enseigne pas, explique-t-elle. Mais l’intelligence
émotionnelle se développe et, de 1920 à la
dernière décennie, l’intelligence émotionnelle, donc
le quotient affectif a en général diminué chez les
enfants. » En revanche, une simple pause qui révèle
que le parent prend le temps de réfléchir à ce qui
est demandé et de peser avec l’enfant le pour et
le contre, offre la chance à celui-ci de développer
sa propre tolérance à un délai : « Ce que je
recommande aux parents, ajoute Tina Montreuil,
c’est de dire : “J’ai entendu ta requête. Donne-
moi seulement quelques minutes pour y réfléchir.”
En même temps, cela développe une espèce de
tolérance à l’incertitude chez l’enfant. Il n’est pas
certain de ce que je vais répondre, moi, le parent.
On sait que les gens qui n’arrivent pas à gérer ou
qui sont très intolérants à l’incertitude ont plus de
chances d’être vulnérables », précise-t-elle.
Mais avant d’avoir vécu ses premières interrogations
ou négociations ainsi verbalisées, l’enfant a déjà
en mémoire plusieurs éléments, intégrés depuis
la toute petite enfance, qui lui permettent de
présumer que, quoi qu’il arrive, quelque part dans
le raisonnement du parent se cache une motivation
qui est bonne pour lui. Cette disposition à la
confiance des petits négociateurs a déjà trouvé ses
racines dans le degré de constance, de stabilité et
de cohérence des soins qui sont à la base de la
relation d’attachement que l’enfant a établie avec
son parent, depuis la naissance : « Si, depuis le
début, ils ont confiance en nous, que l’on a toujours
répondu à leurs besoins de façon stable, ils finissent
par avoir une idée que ce n’est pas grave, qu’ils
peuvent attendre, pense Marc Bigras. D’ailleurs,
les enfants remarquent que s’ils ne font pas les
choses, s’ils ne respectent pas les limites, il y a une
conséquence qui peut être grave, par exemple, se
blesser. Et là, l’enfant voit que lorsque le parent lui
dit : “Écoute, c’est grave, il faut que tu regardes
des deux côtés lorsque tu traverses la rue”, il n’a
pas besoin d’avoir été heurté par une voiture pour
se rendre compte de ce qu’il faut le faire. » Bien
sûr, admet Marc Bigras, cela ne fonctionne pas à
tout coup, mais cette base, déjà bien identifiable au
18e mois de vie, et que les réponses cohérentes
dans la négociation viendront renforcer jusqu’à
l’adolescence, permet déjà d’aspirer à une suite
des choses plus facile.
Cette communication ne passe donc pas seulement
par les mots. L’enfant crée son éventail d’outils de
négociation à partir d’un amalgame de réactions
du parent envers lui, de ce qu’il observe entre les
parents, et plus tard, chez les camarades d’école
qu’il observe ou qui s’adressent à lui : « Même
vers quatre ans, l’enfant va jouer à la maison et
peut-être que l’on va avoir des cas de négociation,
rapporte Stuart Ian Hammond. On peut voir ce
qu’il comprend de tout cela. Il faut dire qu’en
psychologie du développement, l’imitation peut