Tina Montreuil ajoute à ce sujet que, avant d’en
arriver à des réponses trop expéditives, à des
« oui » de capitulation ou des « non » fermes, l’adulte
devrait prendre le temps de se demander si ce qu’il
cherche à protéger est sa propre bulle, sa stabilité,
son image d’autorité ou ses véritables valeurs :
« Il faut aussi que le parent se mette dans cette
situation et se demande s’il dit “non” seulement
pour maîtriser la situation et si, finalement, il y aurait
une conséquence à ce que l’enfant pense qu’il a un
contrôle sur le parent. »
Et ce respect des valeurs et des objectifs à long
terme est ce qui, croit Anne-Marie Quesnel, devrait
guider le choix des parents dans des moments
où ils peuvent céder et même dans la façon de
souligner la victoire de leur petit négociateur, tant
sur la forme que sur le fond : « On peut expliquer à
un enfant que son argument a du sens parce qu’il a
respecté telle ou telle chose. On peut lui expliquer
les paramètres de la négociation : “Je suis d’accord
avec ton idée parce que c’est respectueux, parce
que tu as pensé à tout le monde et pas juste à toi.
C’est quelque chose que tu veux vraiment et ça
fait longtemps que tu le demandes, mais, là, tu l’as
demandé très poliment et de façon respectueuse. ”
On peut renforcer les bons points. »
Cette habileté en éveil chez nos charmants petits
renards peut être célébrée de bien d’autres façons
qu’en acquiesçant sur toute la ligne, puisque, aux
dires de Stuart Ian Hammond, le fait de se sentir
reconnu et entendu représente souvent un besoin
nettement plus important pour ceux-ci que la
friandise si ardemment demandée : « On peut dire :
“oui, c’est une solution intéressante, mais maman
ou papa ne veut pas X et veut Y”. Je crois que si on
leur donne un vrai rôle dans la négociation et qu’il
est clair que l’on respecte leur réponse, en disant :
“Merci, tu as vraiment écouté maman, tu as résumé
ce que j’ai dit”, les enfants apprécieront. Cet esprit
de respect mutuel est peut-être beaucoup plus
important pour eux que le fait de “gagner”. »