Montréal pour Enfants vol. 18 n°4 La rentrée 2018 | Page 39
suggérer des gîtes du passant en cours de route.
Les journées portes ouvertes de l’UPA portesou-
vertes.upa.qc.ca/ avec leurs multiples activités gra-
tuites directement sur le terroir, ou encore le grand
rassemblement de leurs agriculteurs, le dimanche
9 septembre, au Parc olympique, peuvent aussi
constituer d’autres formes de délicieuses initiations.
Nature généreuse
pour citadins éclairés
Mais l’agriculteur a beau trouver intérêt à écouter son
cœur, il doit rester bien enraciné dans la demande
du public qui a su lui demeurer fidèle et s’adapter
à ses réalités et ses désirs de changement. Ainsi,
même entre les fraises et les poivrons, sur une terre
ancestrale, Louis Desgroseillers, comme les autres
agriculteurs en tourisme, constate que la course à la
nouveauté et l’adaptation aux nouvelles exigences de
la clientèle demeurent un défi continu et stimulant. Il
est aussi le premier à faire remarquer que la clientèle
familiale, bien qu’enthousiaste, s’avère néanmoins
des plus exigeantes, à sa façon, surtout lorsqu’elle
attend impatiemment son assiette, avant de retourner
jouer. D’ailleurs, pour s’assurer le plus vif succès de
ses plats auprès de sa jeune clientèle, il veille à les
faire d’abord déguster par une tablée constituée de
ses enfants et neveux et à observer leurs préférences,
avant de préparer les assiettes pour enfants, servies
avant celles des parents.
Mais outre ces éternelles contraintes associées à la
jeunesse, les services particulièrement orientés vers
l’art de vivre constatent aussi que leurs nouveaux
clients, petits et grands, se présentent beaucoup plus
informés, avec des questions plus précises et mani-
festent un plus grand souci face à l’environnement et
aux bienfaits d’une agriculture plus raisonnée : « Les
gens ne veulent plus seulement savoir que le bison
mange du foin. Ils veulent savoir quel genre de foin !
Ce qui est bon pour eux et ceux qui les aident. On
leur explique que les fermes laitières exigent un foin
particulier et que, pour le bison, nous avons besoin
d’un foin qui contient beaucoup de fibres. Je suis
certaine que cette tendance n’arrêtera pas parce que
les gens veulent savoir ce qu’ils mangent et comment
nous gérons l’environnement », précise Josée Toupin.
À la ferme Quinn, qui vise principalement une clien-
tèle plus jeune, Gabrielle Dumas n’a pas l’occa-
sion d’entendre aussi fréquemment ces questions
précises. Ce qu’elle remarque, c’est plutôt que les
enfants ont souvent une image beaucoup plus floue
de ce qui peut se passer entre la graine et l’étalage
du supermarché, des étapes nécessaires, mais aussi
de toute la relation à la terre et aux sensations qui
peuvent les entourer. Pour cette raison, il lui semble
que, par nature, une entreprise agricole qui se dit
ouverte aux jeunes touristes devrait, naturellement,
inclure un aspect éducatif : « Il faut inclure l’éducation,
par exemple, par des tours guidés et éducatifs en lien
avec l’agriculture ou par des panneaux d’éducation
sur les granges des animaux, qui parlent un peu des
abeilles ou des animaux de la ferme. On y explique
pourquoi ça pue, un cochon. C’est probablement
ce qui est le plus surprenant : de voir que les gens
sont étonnés de voir des abeilles d’aussi près ou que
les cochons, ça pue, que ça se roule dans la boue :
il s’agit de reconnecter autant les adultes que les
enfants à cette réalité . »
Mais ces agriculteurs voient aussi poindre des signes
d’espoir et de plaisir à l’horizon et découvrent des
enfants plus curieux que jamais d’explorer de nou-
veaux goûts, ou au moins d’essayer, plus qu’ils