Bras ouverts devant l’ innovation
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inconfort, mais maintenant qu’ il est parti, je m’ en rends compte. Cela se passe beaucoup au niveau du stress: pendant leur grossesse, les mères ne se rendent pas compte du stress qu’ elles accumulent. »
Le contexte thérapeutique est également une belle occasion de revenir sur les conseils de santé générale, dont certains ont pu déjà être évoqués par les médecins et les infirmières, mais en explorant davantage les obstacles rencontrés et des moyens concrets, adaptés à chaque famille, pour les surmonter. Catherine Desrosiers, pour sa part, possède un grand nombre d’ outils afin d’ éviter la panne d’ imagination des parents lorsqu’ ils doivent réaliser des exercices en stimulant quotidiennement leur nourrisson: « Des conseils que l’ on donne pour éviter les torticolis et les têtes plates: c’ est sûr que l’ on veut éviter, durant le jour, de rester sur le dos ou assis dans un siège où la tête est appuyée. On peut s’ assurer de changer les enfants de côté dans le lit et de changer leur orientation dans la pièce pour qu’ ils soient attirés des deux côtés. On peut allaiter ou donner le biberon des deux côtés aussi, pour favoriser la symétrie. »
Franck Collet remarque qu’ il aide parfois les parents à apprivoiser ce nouveau mode de dialogue qui s’ instaure avec les enfants et passe fondamentalement par le contact physique: « C’ est par le toucher qu’ il comprend qu’ il y a quelque chose autour de lui. Je parle aux parents, je leur fais prendre conscience de cela et je les rassure, parce que parfois, ils ne savent pas comment toucher, ils ont peur. » Il tente aussi d’ inclure graduellement les pères dans ce doux dialogue. Comme il est assez fréquent que les passionnés de périnatalité s’ intéressent autant à la grossesse qu’ aux nourrissons, il n’ est pas rare que la mère et l’ enfant puissent recevoir leurs soins d’ un même thérapeute. Danica Brousseau et les autres soignants remarquent d’ ailleurs qu’ il est parfois plus facile de gagner la confiance des parents pour traiter un enfant lorsque les conseils ont déjà été éprouvés avec le parent: « On suit la mère pendant sa grossesse et l’ enfant après, donc il y a une continuité intéressante des soins. Ce n’ est pas rare de voir trois générations dans le même cabinet. »
Bras ouverts devant l’ innovation
Même s’ il est question, avec l’ acupuncture par exemple, de traditions millénaires, le milieu où évoluent les praticiens en soins complémentaires est propice à l’ innovation. Ceux qui font partie d’ ordres professionnels doivent d’ ailleurs suivre des formations continues chaque année. Ils s’ adaptent ainsi en permanence à un contexte d’ intervention qui ne ressemble plus, même en natalité ou en pédiatrie, à celui qu’ auraient pu connaître nos mères et nos grand-mères. Le souci de s’ assurer que le porte-bébé est bien ajusté et que son usage n’ est pas trop hâtif est propre aux praticiens des nouvelles générations, ainsi que tout ce qui touche les risques d’ épuisement, de culpabilité et de détresse devant l’ isolement que vivent plus que jamais les super femmes d’ aujourd’ hui.
Catherine Desrosiers doit également discuter avec les nouveaux parents du bon usage des exerciseurs et autres accessoires pour enfants, et même les aider à gérer les contrecoups des dernières tendances du monde médical. « Ce que l’ on voit beaucoup en plus des retards de développement, depuis 1992, ce sont des torticolis et des plagiocéphalies( têtes plates), surtout depuis que le coucher sur le dos est instauré. On constate une augmentation d’ environ 60 % des problèmes de tête plate et des torticolis chez les bébés depuis. Beaucoup viennent aussi consulter en physiothérapie. Notre conseil demeure de coucher les bébés sur le dos comme le prescrit l’ ensemble du corps médical, parce que les études ont démontré que cette pratique réduisait le risque de mort subite du nourrisson. Nous ne pouvons pas proposer autre chose, mais nous pouvons suggérer des alternatives durant la journée afin de diminuer cet appui sur la tête. »
Les professionnels eux-mêmes ont aussi accès à une technologie plus avancée. Qui aurait cru en effet, il y a un siècle, que les acupuncteurs en viendraient à utiliser le courant électrique pour accroître l’ efficacité thérapeutique et le laser pour traiter les nourrissons sans piqûre? Les physiothérapeutes utilisent aussi l’ électricité pour renforcer le périnée, des balles pour lui faire prendre de l’ expansion et plusieurs outils, afin d’ adapter les tests et les exercices au mode de vie de chacun. Mélanie Claveau dit même faire appel à des prothèses, habituellement utilisées pour soigner certains maux, à titre préventif durant la grossesse: « Cela offre un support à la vessie, l’ utérus et le rectum. Les médecins prescrivent cette même prothèse aux personnes très âgées. Alors souvent, lorsque je la demande à un médecin pour une jeune femme enceinte, ils m’ appellent pour me demander des explications. »
La curiosité et la fierté d’ apprendre semblent d’ ailleurs caractériser tous les praticiens consultés. « Quand j’ ai commencé mon baccalauréat en physiothérapie, on y parlait déjà de rééducation périnéale( du périnée). J’ ai eu la chance de faire partie de cette première équipe. Pendant mes études, j’ ai été assistante de recherche d’ une chercheuse très réputée en périnéale à Sherbrooke. Cela m’ a donné envie d’ exercer ce métier où il fallait faire ses preuves