contre , tu peux essayer de leur créer un univers stable . Tu les laisses dans une école et une maison stables . Je crois que c ’ est ça , au fond , l ’ important , pour que les enfants se sentent en sécurité , plus que de passer tes idées . »
Devenir un modèle … d ’ imperfection
Faudra-t-il devenir un spécialiste de l ’ éthique pour exercer son rôle de parent ? Faudra-t-il élever trois familles avant de connaître la bonne façon de faire ? Pierre-Paul Parent , chercheur en psychologie
Geneviève Racicot considère que le parent , tout en visant la constance et la cohérence , l ’ accompagne aussi dans sa prise de conscience que papa et maman n ’ ont pas toutes les réponses ni le pouvoir de dissiper chez lui toute forme d ’ anxiété . Ce renoncement à l ’ image du parent tout puissant n ’ apparaît pas , à ses yeux , comme un constat d ’ impuissance , mais , au contraire , comme une belle occasion de laisser place au raisonnement de l ’ enfant dans la recherche de solutions : « Si le problème est actuel , un enfant anxieux peut parfois être porté à penser à tout ce qui pourrait survenir dans le futur en raison du problème . Souvent , le parent a tendance à vouloir régler le problème imaginé par l ’ enfant , ce qui en fait revient à s ’ inquiéter avec lui . On peut plutôt lui demander “ Qu ’ est-ce que tu peux faire ? Ici ? Maintenant ?” “ Quelle solution tu vas choisir ?” Même si la solution n ’ est pas parfaite , on envoie le message que l ’ incertitude n ’ est pas grave , mais que l ’ on doit plutôt s ’ intéresser aux solutions et apprendre à composer avec l ’ angoisse des probabilités pour un problème qui , parfois , n ’ existe pas encore . »
Il n ’ en reste pas moins qu ’ aux yeux de Michèle Paquette , comme probablement de beaucoup d ’ enfants , accepter que papa ou maman peuvent être imparfaits , c ’ est déjà un premier pas pour reconnaître que la réalité est moins parfaite que prévue , même au pays des grands : « Pour que les parents aident les enfants à tolérer l ’ incertitude , ils doivent déjà la reconnaître . Si je reconnais que ce que j ’ ai dit est inadéquat et que je fais des erreurs , c ’ est déjà beaucoup moins anxiogène pour l ’ enfant . » Bernard a d ’ ailleurs pu constater d ’ assez près qu ’ un regard critique sur la vie peut apparaître de manière assez virulente chez une fillette de 5 ans , lorsque sa Katia est venue lui rappeler un jour où il avait perdu patience : « Tu sais , papa , la vie n ’ est pas toujours bonne ». Bernard raconte : « Ça m ’ a fait réfléchir , surtout quand elle a rajouté “ Tu n ’ es