Montréal pour Enfants vol. 17 n°1 La relâche scolaire 2017 | Page 23

contre, tu peux essayer de leur créer un univers stable. Tu les laisses dans une école et une maison stables. Je crois que c’ est ça, au fond, l’ important, pour que les enfants se sentent en sécurité, plus que de passer tes idées. »
Devenir un modèle … d’ imperfection
Faudra-t-il devenir un spécialiste de l’ éthique pour exercer son rôle de parent? Faudra-t-il élever trois familles avant de connaître la bonne façon de faire? Pierre-Paul Parent, chercheur en psychologie
Geneviève Racicot considère que le parent, tout en visant la constance et la cohérence, l’ accompagne aussi dans sa prise de conscience que papa et maman n’ ont pas toutes les réponses ni le pouvoir de dissiper chez lui toute forme d’ anxiété. Ce renoncement à l’ image du parent tout puissant n’ apparaît pas, à ses yeux, comme un constat d’ impuissance, mais, au contraire, comme une belle occasion de laisser place au raisonnement de l’ enfant dans la recherche de solutions: « Si le problème est actuel, un enfant anxieux peut parfois être porté à penser à tout ce qui pourrait survenir dans le futur en raison du problème. Souvent, le parent a tendance à vouloir régler le problème imaginé par l’ enfant, ce qui en fait revient à s’ inquiéter avec lui. On peut plutôt lui demander“ Qu’ est-ce que tu peux faire? Ici? Maintenant?”“ Quelle solution tu vas choisir?” Même si la solution n’ est pas parfaite, on envoie le message que l’ incertitude n’ est pas grave, mais que l’ on doit plutôt s’ intéresser aux solutions et apprendre à composer avec l’ angoisse des probabilités pour un problème qui, parfois, n’ existe pas encore. »
Il n’ en reste pas moins qu’ aux yeux de Michèle Paquette, comme probablement de beaucoup d’ enfants, accepter que papa ou maman peuvent être imparfaits, c’ est déjà un premier pas pour reconnaître que la réalité est moins parfaite que prévue, même au pays des grands: « Pour que les parents aident les enfants à tolérer l’ incertitude, ils doivent déjà la reconnaître. Si je reconnais que ce que j’ ai dit est inadéquat et que je fais des erreurs, c’ est déjà beaucoup moins anxiogène pour l’ enfant. » Bernard a d’ ailleurs pu constater d’ assez près qu’ un regard critique sur la vie peut apparaître de manière assez virulente chez une fillette de 5 ans, lorsque sa Katia est venue lui rappeler un jour où il avait perdu patience: « Tu sais, papa, la vie n’ est pas toujours bonne ». Bernard raconte: « Ça m’ a fait réfléchir, surtout quand elle a rajouté“ Tu n’ es