Montréal pour Enfants vol. 17 n°1 La relâche scolaire 2017 | Page 22

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qu’ on l’ aime encore, même quand on est fâché, mais pas en même temps », précise la thérapeute familiale.
Michèle Paquette constate aussi que cette quête de cohérence est encore plus complexe lorsqu’ elle touche les deux parents à la fois, qui ont chacune leur vision de ce que devrait être le bonheur de leur enfant et qui vivent même parfois ensemble des moments d’ hostilité: « L’ enfant a le désir de résoudre les désaccords des parents, surtout si ces désaccords mènent à des tensions. Il se demande“ Comment aider mes parents à s’ entendre?” Même s’ ils n’ ont pas la possibilité d’ y parvenir, ils se sentent la responsabilité de le faire et vont tout faire pour y parvenir. » C’ est sans doute ce qui explique aussi l’ insistance du fils de William, 7 ans, à demander à son père si le nouveau partenaire de son ex-conjointe « est son ami ». Il doit aussi apprendre à négocier avec les « ce n’ est pas juste » de son fils, qui préférerait parfois demeurer avec lui. William a alors pris le parti d’ éviter que son chagrin et celui de son fils ne donnent lieu à une recherche de coupable: « Moi non plus, je ne trouve pas ça juste, mais je lui dis aussi que,“ pour le moment, c’ est comme cela”, que la vie n’ est pas toujours juste, mais qu’ on peut l’ aimer quand même. Je lui explique aussi qu’ il n’ y a pas toujours un blâme à donner, quand une situation n’ est pas juste. »
Geneviève Racicot assure toutefois que les enfants acquièrent vite la sagesse pour comprendre qu’ il peut exister des différences entre les parents, à condition qu’ une certaine constance parvienne à se glisser à travers le respect des limites de chacun: « C’ est le message global que l’ on envoie à l’ enfant qui est important. Cela peut être différent pour papa et maman, mais si c’ est trop différent, cela peut créer de la confusion. Il peut devenir difficile pour l’ enfant d’ apprendre dans ce contexte. Mais bien sûr, la cohérence parfaite n’ existe pas et l’ enfant doit apprendre à s’ adapter à plusieurs contextes avec des adultes différents. »
Cette recherche d’ une certaine pacification est d’ autant plus importante, d’ après Michèle Paquette, que la fragilité d’ autrefois laisse souvent des traces qui peuvent compliquer les tentatives pour trouver ses ancrages dans un autre milieu, surtout lorsque la situation perdure: « Si un adolescent se sent assez libre pour aller vers d’ autres valeurs, c’ est que justement, il ne se sent pas coincé. L’ ouverture vers le monde, ça prend une certaine sécurité. Si je ne vis que de l’ insécurité qui me rend captive, c’ est difficile d’ aller vers l’ autre, parce que je suis déjà dans un état anxieux. » Mais c’ est bien avant l’ adolescence que cette thérapeute voit les enfants sonder l’ attitude de leurs parents, lorsqu’ ils sont attirés par les valeurs autour d’ eux et cherchent à se situer eux-mêmes, dans le monde: « Est-ce que cela va être acceptable pour un enfant d’ avoir une autre source d’ information que ses parents? Les autres sources relationnelles vont-elles être acceptées, validées, reconnues? Par exemple, si un enfant s’ attache à son professeur et arrive avec d’ autres explications que celles de ses parents, comment les parents vont-ils le gérer? », demande alors madame Paquette, qui intervient souvent auprès d’ adolescents ayant du mal à admettre, devant leurs parents, qu’ ils ont pu voir ou entendre parler de sujets demeurés tabous à la maison, comme la drogue ou l’ homosexualité.
William, quant à lui, même s’ il remarque que les règles qui entourent son enfant ne lui conviennent pas toujours, en est venu à dépasser ses principes initiaux, afin d’ offrir à son petit bonhomme toutes les chances d’ éviter de devenir un géant aux pieds d’ argile: « Souvent, on montre à nos enfants comme on nous a montrés à nous. On essaie d’ envoyer un message cohérent entre nous, avec les règles qu’ on s’ est données, mais aussi avec le message extérieur, comme à la télévision. Et puis, il y a les règles différentes, à l’ école et à la maison. Si tu n’ es pas d’ accord avec le professeur, tu peux toujours en parler à la direction. Tu peux toujours dire ce que tu penses, mais en même temps, il ne faut pas se faire d’ idées: tu ne peux pas arriver à tout contrôler. Par
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