Ce qui transparait d’abord c’est l’incapacité des personnages à se parler, à se comprendre, à se toucher. Ils sont tous enfermés dans des corps qui ne leur appartiennent pas, tous appartiennent à un autre. Même Lucidor, maître du jeu, trader avant l’heure, n’est que l’agent de son propre désir. Il est pour moi l’image parfaite d’un éthos contemporain attribuant une valeur en fonction non pas simplement de la possession, mais de la manière dont cette possession est essentialisée en soi.
Pour nous saisir de cette pièce et tenter de mettre
à jour les enjeux cités plus haut, nous travaillons
un jeu d’acteur ayant pour
but d’intégrer à la fois les aliénations dans lesquelles
se trouvent les personnages et les réactions physiques
que ces aliénations impliquent.
Nous travaillerons sur la tension des corps comme
outils narratif direct. Plus encore, ce qui
m’est important est de décrire un
espace sociale hostile
et déshumanisé, où sa propre appartenance
se gagne et où les pouvoirs et coercitions
s’exercent de manières inconscientes,
reproduits par des traditions
et mode dépenser
qui ne changent pas.
La question que pose la pièce et qui sera
la nôtre est bien sûr : y a t-il
une issue possible
à cet espace où le marketing est roi,
où tout se vend et tout s’achète.
Quelles armes Angélique, mais aussi Blaise,
Frontin, Listette et même Lucidor
vont-ils mettre en place pour retrouver
une existence propre.
Jérémy RIDEL – Septembre 2012