que nous trouvons troublante à propos de Blue c ’ est précisément que l ’ enregistrement sonne trop moderne et clair . La sensation éprouvée , cependant , est qu ’ il ressemble à l ’ imitation de la voix de quelqu ’ un que nous connaissons très bien . C ’ est bon , très bon , peut-être assez convaincant pour qu ’ on s ’ y méprenne , mais il y a quand même quelque chose à ce sujet que nous ne pouvons pas tout à fait nommer , une qualité étrange . Le fait même que nous connaissions si bien Kind of Blue , au moins ses premiers morceaux , signifie que la moindre différence dans une nouvelle version apparaît de manière exagérée et presque absurde . Toute la culture du complétisme , avec des coffrets proposant des reprises dites “ alternatives ” de morceaux de jazz classiques , fonctionne sur cette base . Nous reconnaissons les musiciens et la mélodie , mais le tempo est légèrement différent , les ensembles pas tout à fait ce dont nous nous souvenons , les solos nettement différents . Invariablement , après avoir dépensé beaucoup d ’ argent pour l ’ objet collector , nous le jouons une ou deux fois pour justifier la dépense et revenons toujours à l ’ original .
Il est difficile d ’ exagérer la renommée de Kind of Blue . Même les gens qui n ’ ont pas de collection de jazz en ont une copie ( à côté peut-être de Time Out de Dave Brubeck et un Billie Holiday ). Pendant un certain temps dans les années 1980 , lorsque le jazz cool rivalisait avec la power pop et le Nouveau Romantisme comme bande originale d ’ un style de vie hédoniste et aisé ( pour ceux qui en bénéficiait au moins ), il était possible d ’ aller d ’ un magasin de mode londonien à un autre , avec une visite dans un bar à vin entre les deux , et d ’ entendre beaucoup de Kind of Blue ( bien que le plus souvent juste “ So What ”) murmuré dans les haut-parleurs . Contrairement , disons , à A Love Supreme , qui dans certains cercles rivalise avec Kind of Blue dans les rangs supérieurs des albums de jazz classique , le chef-d ’ œuvre de Miles
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