Carnet de Tendances
Juliette Binoche
Le cinéma français des années
80 est traversé de manière tout
à fait surprenante par un être
angélique, Juliette Binoche
dans Mauvais Sang (1986).
Pour créer le personnage
d’Anna, le réalisateur Leos
Carax se souvient de Louise
Brooks, il se souvient forcément
d’Anna Karina. Du coup, on
ne sait si le carré court est un
hommage à l’une ou à l’autre,
sans doute aux deux, mais c’est
là qu’on constate une nouvelle
fois la force subversive de cette
approche garçonne : Juliette
Binoche en devient troublante
de conviction, parfois même
jusqu’à l’obstination aveugle.
Et même si ce nouveau modèle
reste trop isolé pour marquer
sa génération, il reste de tout
cela la forme d’un visage, à
la fois tendre et espiègle, qui
constitue la parfaite synthèse
de l’actrice-femme comme on
les aime !
Anna Karina
Comment peut-on oublier
Anna Karina ? Elle est sans
doute l’une des plus belles
actrices françaises de sa
génération. On se souvient
d’elle dans Pierrot le fou
(1965) de Jean-Luc Godard
avec Jean-Paul Belmondo,
mais c’est sans doute dans
Vivre sa vie (1962) qu’elle
est la plus touchante : elle
incarne une jeune prostituée
qui se heurte à la vie d’autant
plus durement qu’elle met
du sentiment dans tout ce
qu’elle fait. La coupe à la
Louise Brooks qu’elle arbore
dans le film renoue avec
l’esprit de liberté et d’avant-
garde de la jeune actrice
américaine. La Nouvelle
Vague française s’inscrit dans
ses codes esthétiques propres
et grâce à l’icône Anna Karina
révolutionne les années 60.