Brigitte Bardot
Quelle drôle d’idée que
d’imposer la coupe Louise
Brooks sous la forme d’une
perruque à Brigitte Bardot !
Et pourtant, c’est bien
précisément à ce moment-là
que Camille, le personnage
qu’elle incarne dans Le
Mépris de Godard, finit par
s’émanciper d’un époux
qu’elle juge veule.
Ce dernier a beau affirmer
dans la scène culte du
début du final qu’il l’« aime
totalement, tendrement,
tragiquement », il ne sait
malheureusement pas se
montrer à la hauteur de cet
amour-là. La réponse est ce
mépris que lui manifeste sa
sublime épouse dans cette
autre scène culte où l’on voit
arborer un carré court noir,
face au miroir. Sa réponse
à la dispute qui vient de
s’engager en dit long sur
le fossé qui sépare les
amoureux : « Ah ? Ça me
va mal de dire des mots
vulgaires ? Écoute : trou du
cul… putain… merde… nom
de Dieu… piège à cons…
saloperie… bordel… […] Alors
tu trouves que ça m’va toujours
mal ? ». Dérangeante et
absolument sublime, Brigitte
Bardot, en garçonne brune,
n’a jamais été aussi loin dans
l’affirmation de l’urgence de
l’émancipation féminine.
Bérénice Béjo
On l’admettra volontiers :
on triche un peu. La coupe
de Bérénice Béjo dans The
Artist n’est pas le carré court
de Louise Brooks, elle n’en est
qu’une variante, légèrement
ondulée, mais qu’importe,
la boucle est bouclée ! Du
cinéma muet des années
20 à ce sublime hommage
de Michel Hazanavicius,
l’éternel féminin puise dans le
carré sa force de persuasion.
Bérénice Béjo, une nouvelle
fois, incarne cette incroyable
volonté d’aller au bout de son
désir : elle sait qu’elle aime,
et que rien ne lui fera
obstacle, même pas le dépit
de l’acteur George Valentin,
interprété par Jean Dujardin.
En cela, elle est femme,
et le restera à jamais !