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avec d’autres formes de création. On se plaît à penser que l’état
d’esprit alternatif est presque berlinois, voire new-yorkais. Lui,
n’en a que faire ; il sait ce qu’il apporte à son salon.
Le modèle est-il cependant compatible avec la notion de fran-
chise ? Là, il nous rappelle bien volontiers ce qui le lie à Yannick
Kraemer – dont on sait l’affection pour la création contem-
poraine – : la franchise favorise cette créativité-là. « Cela fait
quelques années que nous travaillons ensemble ! », nous rappelle-
t-il, suggérant à demi-mot que l’émulation est commune.
« Quand il a lancé sa marque, il est venu me voir à Paris, et j’ai
trouvé sa manière de penser très intéressante ! » L’idée sur laquelle
ils échangent tous les deux, concernant à la fois la franchise et
le développement du groupe, s’appuie sur des savoir-faire parta-
gés : le franchiseur ne vient pas avec son savoir-faire, il apporte
ses outils, et permet au franchisé de s’exprimer en toute liberté
au sein du groupe. Étendant le propos à l’international, Jean-Luc
Lucas nous le dit avec un brin de provocation : « À l’étranger, il
ne faut pas avancer en affirmant le savoir-faire français – celui-ci
est déjà reconnu ! –, mais il faut nourrir ce savoir-faire pour le mo-
derniser. Ils ne nous ont pas attendus pour coiffer et couper les che-
veux. Il faut favoriser un échange, d’où peuvent naître de nouvelles
pratiques et de nouvelles idées. » Dès lors, on le sent visionnaire,
et on mesure que derrière la décontraction qu’il affiche volon-
tiers et ses gimmicks punk, nous sommes en présence d’un vrai
visionnaire de la coiffure, conscient des enjeux du métier, de la
réalité économique et surtout des stratégies à mettre en œuvre.