Arts
Vous exposez des artistes de renom-
mée internationale. Donnez-vous
quand même leur chance à de jeunes
artistes ?
À part quelques rares exceptions, non.
Notre but est d’exposer les artistes
avec lesquels nous travaillons ou avons
travaillés par le passé : c’est le cas des
Nouveaux Réalistes Niki de Saint Phalle,
Arman et César, ou des artistes Pop, Tom
Wesselmann ou Robert Rauschenberg,
sans oublier la génération Cobra, Pierre
Alechinsky, Karel Appel et Corneille.
N’oubliez pas que nous avons commencé
à travailler avec eux à la fin des années
70. Certains d’entre eux n’avaient pas
encore la notoriété actuelle.
Où vous approvisionnez-vous ?
Directement chez l’artiste : comme nous
collaborons de manière fidèle avec nos
artistes depuis plus de 20 ans, nous
continuons d’avoir accès à leur atelier,
ce qui fait que nous avons toujours
le premier choix. C’est le cas forcément
avec des artistes vivants. Quant aux
autres, nous essayons de racheter aux
collectionneurs.
Quel avantage trouve-t-on à acheter
plutôt en galerie que lors d’une vente
aux enchères ?
En premier lieu, le choix des œuvres
est plus important : nous organisons
régulièrement des expositions
personnelles en présence de l’artiste
lui-même. C’est l’occasion pour le
collectionneur de rencontrer l’artiste,
ainsi que d’autres collectionneurs. Pour
l’artiste, ce contact est essentiel : il sait
où se trouve son œuvre et souvent
une amitié durable naît des premiers
échanges. Quand le collectionneur entre
dans une galerie, il découvre un monde
unique, onirique et personnel ; l’achat
s’accompagne d’une grande émotion
et non de la voix impersonnelle – et
parfois bruyante – du commissaire-
priseur. Ensuite, nous pouvons garantir
l’authenticité et la condition des œuvres,
car nous sommes seuls experts en ce qui
concerne nos artistes.
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Vous manifestez votre fidélité à ST-art
et à Strasbourg depuis des années.
La proximité de l’Allemagne et de la
Suisse, le rôle important d’Art Basel,
des foires de Frankfurt, Cologne, et
aujourd’hui de Karlsruhe, ainsi que
des nombreuses fondations telles que
la Fondation Beyeler à Bâle, font que
Strasbourg nous a paru être une position
stratégique quant à l’implantation
d’une foire d’art contemporain. Dès les
premières années, nous avons fidélisé
une petite clientèle de collectionneurs,
grâce aussi au réseau et au soutien
de notre ami et artiste alsacien Daniel
Gasser, un fidèle de notre galerie
depuis 1985. Les Alsaciens sont des
connaisseurs passionnés. Certains nous
ont suivis en Belgique et fréquentent
régulièrement nos galeries.
Quelle est l’importance de ST-art
sur la scène européenne de l’art
contemporain ?
Nous pensons que ST-art présente
un véritable potentiel qui ne demande
qu’à se développer encore à l’avenir.
Il s’agit d’une foire assez jeune,
la deuxième foire d’art en terme de
fréquentation en France avec ses
30 000 visiteurs. Elle se positionne
comme un lieu privilégié de rencontres,
d’échanges et d’idées autour de la vente
d’œuvres. Un lieu que commencent à
fréquenter les collectionneurs suisses
et allemands, même si les Alsaciens
représentent la majorité des acheteurs.
Nikki de Saint Phalle, L'oiseau amoureux
Y a-t-il beaucoup de collectionneurs
à Strasbourg ?
Oui, sinon la foire n’existerait plus
depuis bien longtemps. ST-art contribue
à former des nouvelles générations
de collectionneurs et d’amateurs
d’art contemporain. Nous-mêmes,
organisateurs et exposants, nous devons
nous efforcer d’élargir la clientèle
française, mais aussi européenne. Pour
cela, il faudra attirer encore davantage les
galeristes européens.
Quels conseils donneriez-vous au
jeune collectionneur ?
Je lui dirais bien volontiers : n’ayez pas
Que faudrait-il faire pour la développer peu de suivre vos émotions, achetez
davantage ?
quand vous aimez. Nous rencontrons
De nos jours, de plus en plus de villes
chaque jour des collectionneurs qui,
européennes organisent leur propre foire après quelques années, regrettent de ne
d’art contemporain, et parfois avec un
pas avoir suivi leurs émotions initiales et
haut niveau de proposition. Il est évident leurs vrais coups de cœur. Aujourd’hui,
que les collectionneurs ne peuvent pas
les œuvres qu’ils voulaient acquérir ne
les visiter toutes, il leur faut faire un
sont plus disponibles ou sont devenues
choix. De plus, bien que l’événement
trop chères.
soit suffisamment couvert par la presse
nationale et internationale, Paris continue
d’attirer beaucoup d’amateurs d’art
hexagonaux. C’est donc aux organisateurs
de renforcer l’idée d’une foire innovatrice,
captivante en multipliant les activités
diverses.