Magazine Kraemer KRAEMER MAGAZINE 04 | Page 24

Arts Vous exposez des artistes de renom- mée internationale. Donnez-vous quand même leur chance à de jeunes artistes ? À part quelques rares exceptions, non. Notre but est d’exposer les artistes avec lesquels nous travaillons ou avons travaillés par le passé : c’est le cas des Nouveaux Réalistes Niki de Saint Phalle, Arman et César, ou des artistes Pop, Tom Wesselmann ou Robert Rauschenberg, sans oublier la génération Cobra, Pierre Alechinsky, Karel Appel et Corneille. N’oubliez pas que nous avons commencé à travailler avec eux à la fin des années 70. Certains d’entre eux n’avaient pas encore la notoriété actuelle. Où vous approvisionnez-vous ? Directement chez l’artiste : comme nous collaborons de manière fidèle avec nos artistes depuis plus de 20 ans, nous continuons d’avoir accès à leur atelier, ce qui fait que nous avons toujours le premier choix. C’est le cas forcément avec des artistes vivants. Quant aux autres, nous essayons de racheter aux collectionneurs. Quel avantage trouve-t-on à acheter plutôt en galerie que lors d’une vente aux enchères ? En premier lieu, le choix des œuvres est plus important : nous organisons régulièrement des expositions personnelles en présence de l’artiste lui-même. C’est l’occasion pour le collectionneur de rencontrer l’artiste, ainsi que d’autres collectionneurs. Pour l’artiste, ce contact est essentiel : il sait où se trouve son œuvre et souvent une amitié durable naît des premiers échanges. Quand le collectionneur entre dans une galerie, il découvre un monde unique, onirique et personnel ; l’achat s’accompagne d’une grande émotion et non de la voix impersonnelle – et parfois bruyante – du commissaire- priseur. Ensuite, nous pouvons garantir l’authenticité et la condition des œuvres, car nous sommes seuls experts en ce qui concerne nos artistes. 24 Vous manifestez votre fidélité à ST-art et à Strasbourg depuis des années. La proximité de l’Allemagne et de la Suisse, le rôle important d’Art Basel, des foires de Frankfurt, Cologne, et aujourd’hui de Karlsruhe, ainsi que des nombreuses fondations telles que la Fondation Beyeler à Bâle, font que Strasbourg nous a paru être une position stratégique quant à l’implantation d’une foire d’art contemporain. Dès les premières années, nous avons fidélisé une petite clientèle de collectionneurs, grâce aussi au réseau et au soutien de notre ami et artiste alsacien Daniel Gasser, un fidèle de notre galerie depuis 1985. Les Alsaciens sont des connaisseurs passionnés. Certains nous ont suivis en Belgique et fréquentent régulièrement nos galeries. Quelle est l’importance de ST-art sur la scène européenne de l’art contemporain ? Nous pensons que ST-art présente un véritable potentiel qui ne demande qu’à se développer encore à l’avenir. Il s’agit d’une foire assez jeune, la deuxième foire d’art en terme de fréquentation en France avec ses 30 000 visiteurs. Elle se positionne comme un lieu privilégié de rencontres, d’échanges et d’idées autour de la vente d’œuvres. Un lieu que commencent à fréquenter les collectionneurs suisses et allemands, même si les Alsaciens représentent la majorité des acheteurs. Nikki de Saint Phalle, L'oiseau amoureux Y a-t-il beaucoup de collectionneurs à Strasbourg ? Oui, sinon la foire n’existerait plus depuis bien longtemps. ST-art contribue à former des nouvelles générations de collectionneurs et d’amateurs d’art contemporain. Nous-mêmes, organisateurs et exposants, nous devons nous efforcer d’élargir la clientèle française, mais aussi européenne. Pour cela, il faudra attirer encore davantage les galeristes européens. Quels conseils donneriez-vous au jeune collectionneur ? Je lui dirais bien volontiers : n’ayez pas Que faudrait-il faire pour la développer peu de suivre vos émotions, achetez davantage ? quand vous aimez. Nous rencontrons De nos jours, de plus en plus de villes chaque jour des collectionneurs qui, européennes organisent leur propre foire après quelques années, regrettent de ne d’art contemporain, et parfois avec un pas avoir suivi leurs émotions initiales et haut niveau de proposition. Il est évident leurs vrais coups de cœur. Aujourd’hui, que les collectionneurs ne peuvent pas les œuvres qu’ils voulaient acquérir ne les visiter toutes, il leur faut faire un sont plus disponibles ou sont devenues choix. De plus, bien que l’événement trop chères. soit suffisamment couvert par la presse nationale et internationale, Paris continue d’attirer beaucoup d’amateurs d’art hexagonaux. C’est donc aux organisateurs de renforcer l’idée d’une foire innovatrice, captivante en multipliant les activités diverses.