Magazine Kraemer KRAEMER MAGAZINE 04 | Page 23

23 Galerie Guy Pieters Knokke-le-Zoute La galerie Guy Pieters figure dans le top 10 mondial. L’expertise s’appuie sur une longue pratique et surtout une fidélité indéfectible à bon nombre d’artistes de renom. Entretien avec Guy Dellaert. Gérard Schlosser, un regard intimiste qui influence bon nombre de photographes de mode aimer l’artiste que l’on défend parce je ne pense pas que l’on puisse vendre un artiste si l’on ne croit pas véritablement en son talent. Dernièrement on s’est focalisés sur Julian Opie, un artiste anglais qu’on adore ! Là nous commençons à obtenir des tableaux, nous négocions avec l’atelier pour obtenir une exclusivité en France parce qu’il n’a pas encore de marché, mais ça n’est pas simple vis-à-vis de nos collectionneurs : tout son travail est constitué de pièces uniques en vidéo, en 3D, ou d’œuvres réalisées à partir de bâches de vinyle, etc. Les remarques que nous formulent les collectionneurs c’est que ça vaut 80 000 € alors que ça n’est même pas de la peinture. Nous devons faire preuve de pédagogie et leur expliquer que l’intérêt réside dans l’émotion qu’ils ressentent. Un mot sur l’exposition en cours, de Gérard Schlosser ? Il s’agit d’une exposition du cœur pour la galerie car c’est un artiste que l’on défend depuis longtemps. C’est un one-man-show, qui se construit sur un thème qu’il a défendu toute sa vie : l’intimité de la femme poussée à son paroxysme. Il s’est amusé à regarder la femme à travers le trou d’une serrure et pour aller au bout de son idée il est allé jusqu’à réaliser des tableaux en forme de trous de serrure. Il a également réalisé, dans l’esprit des tableaux des années 60 et du début des années 70, des séries dans les parcs avec au second plan des gens qui pique-niquent et au premier plan un zoom sur une cuisse, un bras, un sein, etc. On peut s’imaginer un tas de scènes sous la forme d’instantanés. Je constate que beaucoup de photographes, dans les magazines de mode notamment, s’amusent à revisiter cette manière de procéder en plans successifs, à la façon de Gérard Schlosser… L’histoire des galeries Guy Pieters débute en Belgique, dans le village de Laethem-Saint-Martin, bien connu des amateurs d’art. Oui, ce village situé à proximité de Bruges et Gand a attiré des artistes flamands par- mi les plus renommés, des Réalistes, des Impressionnistes et des Expressionnistes à la fin du XIX e et au début du XX e , puis des Néo-expressionnistes. Ils ont constitué un groupe solide qu’on a nommé l’“école de Laethem-Saint-Martin” [dont la légende se perpétue jusqu’à aujourd’hui, par écoles successives, ndlr]. La famille Pieters a suivi l’évolution de ces artistes ; elle a créé la première galerie d’art de la région. Guy Pieters a ouvert ses propres galeries, la première à Laethem, la seconde dès 1981 à Knokke-le-Zoute et la troisième à Saint- Paul de Vence. Ces galeries ont acquis une renommée mondiale. Ma propre rencontre avec la famille date de 1979. Quand vous choisissez vos artistes, quelle est la place laissée au coup de cœur ? Nous choisissons les artistes dont l’œuvre nous frappe. Il fut un temps où les ateliers des artistes nous étaient plus accessibles. Nous cherchions les artistes et eux-mêmes se mettaient en quête de galeristes dynamiques et enthousiastes. Ainsi, nous avons constitué très rapi- dement un solide noyau d’artistes, une condition nécessaire au développement de la galerie. Ensuite, nous avons suivi leur parcours, nous sommes devenus amis, tout en restant admirateurs et naturellement acheteurs. Nous conti- nuons de fonctionner au coup de cœur effectivement. Du coup, notre clientèle nous suit dans nos choix, nous satisfaisons sa demande, y compris quand il s’agit d’autres artistes.