L'Eclaireur n°10 | Page 22

« Et toi, tu lui as déjà fait des bébés à ta

copine ?... »

Ninon

« Et toi, tu lui as déjà fait des bébés à ta copine ? Allez, tu peux nous le dire !! ». Une seule question presque innocente, posée au milieu du vestiaire des garçons et sous les regards moqueurs de ces quelques spectateurs, dans l'unique but de savoir si celui auquel elle s'adresse a ou n'a pas encore eu la joie ou la chance de convaincre une fille de le laisser lui « faire des bébés ». Pression sociale subie par les jeunes garçons autour de la perte de leur virginité, et mépris total de l’intimité des relations sexuelles sont traduites en une seule question. C'est pourquoi, avec entre autres « mais quelle salope » ou « PD » entendus dans les couloirs de notre beau lycée, il me semble que cette question reste l'un des plus beaux et affligeants exemples prouvant le manque de cours d'é-ducation à la sexualité fournis durant notre scolarité. Le site de l'éducation nationale indique qu'au moins trois de ces cours doivent nous être dispensés chaque année depuis la sixième, mais selon les élèves, seulement un ou deux sont réellement donnés, au collège, durant lesquels on apprend à mettre un préservatif sur un stabilo, ou encore à quoi ressemble une serviette hygiénique.

Le point de vue d'une professionnelle…

Une intervenante du planning familial de Grenoble, Aurore Rouhen, a accepté de nous expliquer les problématiques liées à leurs interventions, leur mission au sein des établissements, ou plutôt l'objectif qu'elles visent concrètement avec ces cours d’éducation à la sexualité.

« L'éducation à la sexualité devrait légalement être dispensée trois fois par an et par classe d'âge. En pratique ce n'est jamais réalisé, car ce programme n'a pas de place réservée dans les plannings scolaires. Il s'agit donc toujours de prendre la place d'un cours planifié. D'autre part, il n'y a pas assez d'intervenants formés pour répondre à cette disposition légale. Quand nous rencontrons les jeunes des établissements scolaires, c'est souvent une seule fois dans l'année et pas tous les ans. Notre premier objectif est donc d'expliquer nos missions et les conditions d'accès aux centres de planification (gratuité, confidentialité), de façon à ce que les jeunes puissent se souvenir de l'existence de ce lieu-ressource le jour où ils en auront besoin, pour eux-mêmes ou pour une personne de leur entourage.