L'Eclaireur n°10 | Page 12

Un nouveau succès : J’accuse...

J'accuse est sorti en novembre 2019. Nominé à 12 reprises aux Césars, ce film évoque l'Affaire Dreyfus du point de vue du Colonel Picquart (interprété par Jean Dujardin), qui découvrit que les preuves présentées contre Dreyfus étaient fabriquées de toutes pièces. Il ne cessera de vouloir démasquer les coupables au péril de sa carrière et de sa vie. Polanski met donc en scène l’une des erreurs judiciaires les plus célèbres de l’histoire

de France. Dans une interview, il dresse un parallèle entre l’acharnement dont a été victime Dreyfus à celui qu’il estime subir.

… Et un nouveau scandale

Le 8  novembre 2019, la photographe Valentine Monnier raconte au journal « Le Parisien » avoir été frappée et violée par Polanski en 1975 alors qu’elle était âgée de 18 ans. Son témoignage secoue une nouvelle fois le monde du cinéma, quelques jours seulement après la prise de parole d’Adèle Haenel au sujet du harcèlement sexuel que lui aurait infligé le metteur en scène Christophe Ruggia. Cette accusation, que le réalisateur «conteste avec la plus grande fermeté » par le biais de son avocat, a sérieusement bousculé la promotion de son nouveau film. La photographe explique avoir été « rouée de coups » et violée lors d’un séjour au ski en Suisse avec une amie. Après quarante ans de silence, elle perçoit la sortie de  J’accuse comme une provocation. Deux ans après le séisme provoqué par #MeToo dans le milieu du cinéma, il s’avérait donc parti-culièrement difficile d’évoquer le film sans mentionner les nombreuses accusations de viol à l’encontre du réalisateur franco-polonais. Les journalistes Yoann Sardet et Vincent Garnier expliquent avoir refusé d’interviewer les quatre comédiens principaux de J’accuse, faute de pouvoir leur poser toutes les questions qu'ils souhaitaient. Les journalistes s’ap-prêtaient à interviewer Jean Dujardin, qui assurait alors encore la promotion du film  : « pas de question sur l’affaire Polanski ! » leur a précisé l’attachée de presse. Pourtant, lors de la cérémonie des Césars du 28 février, c’est bien à Polanski que fut attribuée, dans une ambiance électrique, la récompense du meilleur réalisateur. Un trophée qui « passe » très mal, et qui a déchaîné la colère de nombreuses féministes. « C’est une honte ! », « bravo la pédophilie ! » s'écrie Adèle Haenel en quittant la cérémonie en direct.

Photo Nasser Berzane. ABACA