Le Baromaître - Juillet 2019 - N°1 Le Baromaître - N°1 (1) | Page 22

Dossiers du mois - le baromaître L’ARPP a ainsi le mérite d’avoir fourni un cadre commun à tous les in luenceurs et d’avoir poussé certaines plateformes à réagir, il faut souligner ue leur cadre juridi ue dépend essentiellement d’une appréciation casuisti ue tant les statuts sont variables. Les in luenceurs, des statuts variables Diversité là encore, le cadre juridi ue de l’in luenceur dépend beaucoup du statut choisi par l’in luenceur. En effet comme nous l’avons vu ces in luenceurs ne représentent pas une catégorie homogène. Or de cette multiplicité de catégories d’in luenceurs découle inévitablement une multiplicité de relations commerciales distinctes entre in luenceurs et annonceurs. Certains in luenceurs peuvent ainsi choisir d’exercer leur activité en ualité de travailleurs, parfois salariés. D’autres ont choisi d'exercer leur activité en ualité d’indépendants et contractualisent leurs relations avec les annonceurs par un contrat de prestations de services. En in, de plus en plus d’in luenceurs choisissent d’exercer leur métier à travers une société u’il gère. La uestion du statut de l’in luenceur est alors, une seconde di iculté. Un recours logique au contrat de mannequinat ? La dé inition légale de l’activité de manne uin se trouve à l’article L. 7123-2 du Code du travail et énonce ue : « Est considérée comme exerçant une activité de mannequin, même si cette activité n’est exercée qu’à titre occasionnel, toute personne qui est chargée : 1° Soit de présenter au public, directement ou indirectement par reproduction de son image sur tout support visuel ou audiovisuel, un produi , un service ou un message publici aire ; 2° Soit de poser comme modèle, avec ou sans utilisation ultérieure de son image. » Cette dé inition correspond au rapport ue nombre d’in luenceurs entretiennent avec les annonceurs ui les mandatent. C’est par exemple la situation dans la uelle l’in luenceur sera amené à donner son avis sur des vêtements u’il porte, ou durant des shooting photo organisés par l’annonceur. Cependant, ce rapport n’est pas sans ris ue, au sens u’il n’échappe pas à la présomption de contrat de travail et ce uelle ue soit la forme de la rémunération. Les annonceurs ui ont recours à des in luenceurs sans prendre garde à la relation contractuelle choisie peuvent ainsi être amenés à se retrouver commmeeeeeeeeeeeeeeeeeeee « prisonniers » d’un contrat de travail u’ils ne souhaitent pas nécessairement, avec les indemnités et charges ue cela impli ue. Par exemple, la Cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 5 octobre 2016, n°13/11535, re uali iait un contrat de « prise de vue et de cession des droits d’image » en échange de l’attribution de vêtements de son choix pour une valeur de 1.000 euros, en contrat de travail. S’appli uaient alors toutes les règles en matière de licenciement abusif et même de travail dissimulé, avec des consé uences plus ue sérieuses pour l’annonceur « employeur ». Le contrat de pres ation de service, une meilleure option ? D’autres auteurs et spécialistes s’opposent à cette analyse, et estiment uant à eux ue la plupart des contrats entre in luenceurs et annonceurs sont des contrats de prestation de service et ue la proportion de contrats de manne uin serait résiduelle. En effet pour ces auteurs, les missions de l’in luenceur ne correspondent d’une part ue rarement à la dé inition de l’activité de manne uin, et d’autre part, le lien de subordination juridi ue entre annonceur et in luenceur ferait défaut. Pour rappel, le lien de subordination juridi ue peut se caractériser comme « l'exécution d'un travail sous l'autorité d'un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné. » (Cour de cassation, 12 février 2009, pourvoi n°07-21790). Au regard de cette dé inition, on peut envisager ue la liberté laissée à l’in luenceur dans l’exécution de sa mission soit de nature à empêcher la caractérisation du lien de subordination. C’est notamment le cas dans toutes les situations pour les uelles aucune image de l’in luenceur n’est utilisée ni même re uise, et pour les uelles l’in luenceur n’est pas soumis à l’autorité ou aux directives d’un employeur dans la réalisation de sa mission, comme par exemple lors de la présentation ou la mise en scène de certains produits, ou la promotion d’un évènement particulier, via un post Twitter ou une photo Instagram.       Le marché de l’in luence représente une opportunité à ne pas man uer tant pour les travaillistes ue pour les affairistes !   LE BAROMAÎTRE la revue des élèves avocats 22