Le Baromaître - Juillet 2019 - N°1 Le Baromaître - N°1 (1) | Page 17

Droits spéciaux - affaires, fiscal et social Le projet de loi "Taxe GAFA" Perrine Florentin Élève avocate Promotion Jacques Toubon Alors ue les entreprises du numéri ue seraient soumises à un taux d’imposition effectif deux fois moins élevé ue celui applicable aux entreprises européennes traditionnelles et ue les Etats européens ont échoué dans l’élaboration d’une taxe commune sur leurs chiffres d’affaires, plusieurs pays, dont la France, mettent en place leurs propres taxes sur les services numéri ues.   Pour uoi viser les entreprises du numéri ue  et plus précisément les « GAFA » ? Cependant, le Conseil des ministres de l’Economie des 28 Etats membres n’est pas parvenu à un compromis sur la base de la proposition de la Commission européenne, l’unanimité étant exigée en matière iscale pour adopter les traités. C’est la raison pour la uelle plusieurs pays, dont la France, ont prévu de mettre en place leurs propres taxes sur les services digitaux, en ordre dispersé. Comparaison des différents projets «  axe GAFA » (note 3):   Avec la mondialisation, puis la numérisation de l’économie, les systèmes iscaux nationaux élaborés au cours du XXe siècle n’arrivent plus à appréhender l’ensemble de la valeur créée ou générée sur leur territoire. Les multinationales ui recourent largement au numéri ue (Uber, Airbnb etc.) et plus particulièrement les GAFA (acronyme de « Google, Apple, Facebook, Amazon ») peuvent optimiser la répartition de leur valeur ajoutée et la localiser dans les Etats où les règles iscales sont les plus clémentes. Résultat, elles seraient soumises à un taux d’imposition effectif deux fois moins élevé ue celui applicable aux entreprises européennes selon la Commission européenne (note 1). C’est dans ce contexte ue la France, avec plusieurs de ses partenaires, a pris l’initiative de solliciter la Commission européenne a in u’une taxe sur le chiffre d’affaires de certains services numéri ues soit mise en place rapidement.   uel projet de «  axe GAFA » pour l’Union européenne ?   L’idée était de taxer à hauteur de 3%, dans toute l’Union européenne le chiffre d’affaires généré par certaines activités numéri ues, dès lors ue les entreprises concernées réalisent un chiffre d’affaires mondial annuel supérieur à 750 millions d’euros, dont 50 millions imposables dans l’UE (note 2). En partant du principe ue ce sont  les utilisateurs ui créent la valeur de ces services, cette taxe aurait donc été due dans cha ue État membre, en proportion de l'utilisation des services numéri ues ui y sont offerts.   uel projet de «  axe GAFA » pour la France ?   Si plusieurs pays projettent de mettre en place une taxe sur les services digitaux, la France est la seule à être allée aussi loin dans l’avancée d’un tel projet. La taxe serait d’application rétroactive avec effet au 01/01/2019. Elle présenterait un caractère provisoire avec application jus u’à l’adoption d’une solution à l’échelle de l’OCDE et de l’UE. Sur le fond, le projet de loi reprend sensiblement le contenu du projet européen avec une taxation au taux de 3% des revenus tirés d’activités numéri ues réalisées en France pour les entreprises françaises et étrangères ui réalisent cumulativement un chiffre d’affaires numéri ue mondial d’au moins 750 millions d’euros dont 25 millions d’euros en France (note 4).   Les services visés par cette taxe sont : - L’intermédiation entre internautes avec les plateformes ; -  La fourniture de prestations de ciblage publicitaire ; -  La vente à des tiers des données des internautes.   LE BAROMAÎTRE la revue des élèves avocats 17