Le Baromaître - Juillet 2019 - N°1 Le Baromaître - N°1 (1) | Page 14
Droits spéciaux - affaires, fiscal et social
L’avènement d’un système universel de retraite
supplémentaire, le « Plan d’Épargne Retraite », issu de la «
loi Pacte », présentera un avantage, celui de permettre aux
béné iciaires de transférer leur droit, évitant un
morcellement des efforts tout au long de la carrière. Le
regroupement des droits permettra ainsi une meilleure
lisibilité sur la projection en termes de revenus attendus
lors de la retraite. Mais, le système, ui sera régi par le
Code monétaire et inancier, reste relativement complexe.
C’est bien là sa limite. Les DRH et les chargés de
rémunération sont un peu « usés » par les multiples
réformes ayant touché, par exemple, la complémentaire
santé, au point de rendre le sujet moins attractif ue par le
passé. Pourtant, les dispositifs de rémunérations différées
(protection sociale, épargne et actionnariat salarial)
restent toujours aussi pertinents en termes de valorisation
des collaborateurs.
En parallèle des discussions sur la loi Pacte, d’autres
réformes ont été mises en œuvre : fusion de l’AGIRC et de
l’A RCO remettant en cause les différences opérées entre
« cadres » et « non-cadres » par les régimes de protection
sociale, mise en œuvre du « 100 % santé ». Comment vos
clients appréhendent-ils ces diverses évolutions ?
Tant les DRH ue les acteurs de l’assurance collective de
salariés (assureurs, courtiers) ont bien du mal à suivre le
rythme des réformes, ui s’intensi ie depuis près de 10 ans.
Dans ce contexte, il faut veiller à dépasser la pourtant
nécessaire analyse juridi ue de la réforme pour identi ier
la partie stratégi ue. Bon nombre d’acteurs de l’assurance
collective de salariés « jouent gros » sur ces réformes. Ils
attendent de nous pas uni uement l’explication du droit
nouveau, mais comment ce droit peut servir leur
croissance, leurs objectifs humains et commerciaux.
Les multiples réformes révèlent un essor certain de la
matière ce ui fera sans doute naître des vocations en
matière de protection sociale parmi les élèves avocats.
ue pourriez-vous attendre des futurs stagiaires ou jeunes
collaborateurs ui auraient vocation à rejoindre votre
cabinet ?
Pour tout dire, on recherche, à titre principal, un « état
d’esprit ». J’entends par là des collaborateurs ui savent
faire leur place dans un groupe, avec l’humilité
d’apprendre, le souci de se mettre au service de l’autre et le
goût de l’aventure libérale propre à la profession d'avocat.
L’harmonie au sein d’un groupe de travail est un é uilibre
subtil et fragile. Il existe désormais bon nombre de très
bons troisièmes cycles dans cette matière. Mais ce n’est pas
leur faire injure ue de dire ue la technicité de la matière
suppose une période d’apprentissage in concreto. Mettre le
stagiaire en situation, le faire venir en rendez-vous,
travailler directement avec l’associé constituent des façons
de faire usuelles chez AVANTY. On est très loin de
l’image poussiéreuse du stagiaire ui rend des comptes à
un collaborateur junior ui lui-même en retourne à un
collaborateur senior ui présente le travail à l’associé. Il
faut tout de suite ue l’élève avocat ait une vision des
applications concrètes de ses travaux, si on veut le motiver.
L’ouverture des élèves avocats aux nouvelles technologies
est l’un des objectifs a ichés de l’école de formation du
barreau. Votre cabinet s’est ouvert à ces évolutions
puis ue vous contribuez à mettre à jour l’outil
d’intelligence arti icielle permettant la rédaction de
documents conçu par l’un de vos clients.
Face à ces évolutions technologi ues, uel sera selon vous
le rôle de l’avocat de demain ?
Très tôt, nous avons compris ue l’univers numéri ue
s’impose à nous. Ce n’est plus un fantasme, c’est une réalité
concrète d’aujourd’hui. Un pan entier du métier de conseil
ue menaient les avocats va être effectué par des machines,
ue l’on s’en réjouisse ou u’on le regrette. Le dé i consiste
à porter le conseil sur des thèmes à forte plus-value, sur
des arbitrages de ris ues subtils prenant en compte une
multitude de paramètres et une capacité à retranscrire le
conseil de façon très opérationnelle, anticipant l’avenir.
Cette dimension psychologi ue ne devrait pas être
immédiatement remplacée. Pour le reste, nous avons
effectivement élaboré des outils d’intelligence arti icielle
d’édition de documents juridi ues : écrits de décisions
unilatérales de l’employeur, rédaction automatisée de
contrats d’assurance, etc. Dans l’immédiat, laissons aux
machines les taches rébarbatives et conservons la vraie
dimension humaine du conseil, ui suppose de se mettre à
la place de son interlocuteur, de parler son langage pour
l’accompagner dans les prises de décisions les plus
stratégi ues.
Très tôt, nous avons compris ue l'univers
numéri ue s'impose à nous
LE BAROMAÎTRE
la revue des élèves avocats
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