La page des 5e Janvier 2014 | Page 7

Patrick Sénécal, l'homme derrière le masque

- Émilie Côté

Rencontre avec un passionné

Par Raphaël Jacques

À peine avions-nous été mis au courant de cette rencontre avec le fameux Patrick Senécal qu'une panoplie d'expressions différentes pouvaient être lues sur les visages de chacun ; plusieurs débordaient d'excitation, d'autres respiraient la curiosité, tandis que certains semblaient étrangement... craintifs. Quoique, en y réfléchissant bien, cette appréhension était fort normale lorsqu'on prend en compte que la quasi-totalité des ouvrages du célèbre auteur recèle mille et une morts plus affreuses les unes que les autres.

C'est donc dans cette ambiance particulière que nous nous sommes tous rendus dans la salle multimédia ce 19 décembre dernier afin de rencontrer le romancier. Quelle fut grande notre surprise lorsque, enthousiaste et cordial, celui-ci prit la parole et que bien vite l'illusion que nous avions bâti autour de ce mystérieux personnage à l'origine d'histoires machiavéliques se révéla être en fait rien d'autre qu'une fausseté. Face à nous se trouvait un homme plus que normal, père de famille et ancien professeur au CÉGEP. Cette perception brisée, nous avons eu l'occasion de faire connaissance avec le cerveau derrière, pour n'en nommer que quelques uns, Hell.com et Sur le seuil, oscillant entre l'originalité du cinéma asiatique et la difficulté de l'industrie du livre. Ce n'était pas les sujets qui manquaient. L'auteur répondait à chacune de nos questions, basant sa présentation exclusivement sur notre participation. Ainsi, la conférence se transforma rapidement en échange interactif. Durant cette captivante heure, nous avons pu apprendre que, étonnamment, la profession d'auteur demande autant d'organisation et de rigueur que celle d'un professeur, par exemple. Pas question de se prélasser jusqu'en après-midi pour monsieur Senécal ; chaque matin, au même titre qu'une personne à horaire fixe, il se lève afin de composer quelques lignes, déjeune, puis reprend son écriture jusqu'à la fin de la journée. Également, nous avons été en mesure de comprendre davantage la passion qu'il entretient pour l'horreur. En fait, cette fascination remonte à ses années d'enfance, où déjà il pouvait être surpris en train de composer de cyniques récits sur divers monstres fantastiques. Avec le temps, les fantômes et vampires laissaient place aux humains, qui ne se révélaient pas pour tout autant être moins effrayants (vous n'avez qu'à lire Aliss si vous entretenez toujours des doutes à ce sujet).

Bien trop vite, ces soixante minutes s'écoulèrent et nous dûmes faire nos adieux. Néanmoins, en ressortant de cette salle, contrairement à la semaine précédente, tous affichaient la même expression : de l'admiration. De l'admiration face à un homme entretenant si fervemment une fascination et la partageant avec tant de dévotion. De l'admiration face à un romancier ayant la capacité de nous faire crier, mais aussi de nous faire rire. De l'admiration face à un passionné.

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