La musique à Paris Mars 2017 | Page 13

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Chant grégorien neumatique

Pépin le Bref (714-768)

Charlemagne (747-814)

Les textes seront donc attribués à Saint-Grégoire puisqu'ils provenait de Rome et que Rome était associée au pape Grégoire Ier. On le représente d'ailleurs avec une colombe qui lui soufflait les mélodies divines à l'oreille et que le pape dictait à un scribe. Comme il s'agissait là de la parole divine, ces chants dits «grégoriens» ne seront modifiés sous aucun prétexte et mériteront le même traitement de vénération que les Saintes Écritures (la Bible).

La rythmique est donc prosodique puisqu'elle suit les inflexions naturelles des textes sacrés chantés. L'interprétation se voit donc libérée de toute mesure définie puisque c'est le chantre qui l'interprétait qui décidait de la longueur. La seule forme de notation qui existait était la notation de ces inflexions par des symboles indiquant dans quelle direction la mélodie devait aller et combien de sons l'on devait chanter avant de passer à la syllabe suivante. Bien entendu, ce chant était chanté de mémoire et constituait la tradition orale religieuse.

Avec l'arrivée du chant romain à Paris et la volonté de propagation au royaume entier de la pratique romaine, on observait un passage progressif d'une musique improvisée à une musique construite, car les chants devenaient trop nombreux pour pouvoir perpétuer la tradition de l'apprentissage de mémoire. C'est, entre autres, ce qui aurait permis au chant de perdurer dans le temps et d'être encore pratiqué au XXIe siècle.

La notation de l'époque se réfère à l'exemple ci-contre. On écrivait le texte et rajoutait la mélodie par après. Le système d'écriture en suivant une portée est inventé par Guido d'Arezzo. Son but était de codifier la musique afin de la rendre plus facile à mémoriser et permettait ainsi d'aller au-delà de la simple magnification liturgique qu'est la fonction principale du chant grégorien.

Vers la fin du Moyen-Âge, la polyphonie fait son apparition dans le domaine musical sacré. Son but est d'allonger le texte et d'ajouter un certain prestige à ce dernier. Les chants pour solistes seront chantés note contre note et la deuxième voix sera chantée à l'unisson ou à la quarte avec la mélodie principale et qui servait aux jours de fête. Il s'agit là des premiers balbutiements de la polyphonie moderne.