UNE LETTRE D ’ AMOUR À
VIOLET OAKLEY
E
n tant qu ' inconditionnelle de la mayonnaise , j ’ ai été enchantée de découvrir la version française de cette sauce divine . Ce condiment , souvent mal compris et injustement décrié malgré son irréprochable innocence , méritait toute mon attention .
Lorsque , pour la première fois , j ’ ai plongé une frite dorée et croustillante dans un pot de mayonnaise à la teinte jaune intrigante , mes papilles ont immédiatement tressailli de plaisir . Cette mayonnaise n ’ avait rien de commun avec celles que j ’ avais goûtées auparavant . À la fois onctueuse et légère , elle offrait une saveur subtilement relevée . Un goût familier , que j ’ ai aussitôt identifié : celui de notre cher ami , Madame moutarde de Dijon .
Un frisson de culpabilité m ’ a traversé à l ’ idée d ’ avoir , dans un premier élan , sous-estimé ce que je pensais être une mayonnaise vieillissante , en bout de course . Comment un simple soupçon de moutarde pouvait-il métamorphoser à ce point le profil gustatif de cette sauce ? Ma surprise fut d ’ autant plus grande lorsque je découvris que la majorité des mayonnaises vendues en supermarché en France renfermaient cette touche dijonnaise .
Il est indéniable que les Français possèdent un talent unique pour sublimer les saveurs avec une simplicité déconcertante . Mais ici , il s ’ agissait d ’ un véritable tour de magie culinaire . La mayonnaise française est devenue une obsession . J ’ y pensais jour et nuit , elle me manquait comme un amour lointain .
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