Histoire de notre coopérative / ᑯᐊᐸᑦᑕ ᐱᕙᓪᓕᐊᓂᕕᓂᖓ / Our Co-op History
Histoire du mouvement coopératif au Nunavik
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History of the Cooperative Movement in Nunavik
par / by Peter Murdoch
Il m’a été demandé de raconter les débuts de
la Fédération des Coopératives du NouveauQuébec (FCNQ). J’ai accepté de le faire, car il
m’apparaît important que les jeunes connaissent
un peu mieux leurs coopératives. Ayant cela
en mémoire, ils seront davantage en mesure
d’apprécier à sa juste valeur la participation
de leurs parents et de leurs grands-parents au
succès remporté par le mouvement coopératif,
succès d’autant plus méritoire qu’il advenait
dans des conditions adverses. En effet, à cette
époque, de pénibles changements s’opéraient
dans le mode de vie de tous ces gens.
La première coopérative inuite vit le jour
à Kangirsualujjuaq, opération alors appuyée
par le gouvernement fédéral. C’était en 1959.
Cependant, dès 1957, sous la houlette du
missionnaire et père oblat A. Steinman, les
habitants de Puvirnituq avaient uni leurs
efforts afin de commercialiser leurs sculptures.
C’est ainsi qu’à la fin de cette année-là, ils
approvisionnaient Birks et Cie (Ottawa) en
art inuit venu de leur communauté. Puis, en
1959, ils fondèrent la Société des Sculpteurs de
Puvirnituq et ouvrirent un atelier de gravure,
imitant en cela les habitants de Kinngait (Cape
Dorset), qui avaient ouvert le leur en 1957,
avec le concours de James Houston. La Société
des Sculpteurs de Puvirnituq fondait son
action sur les principes coopératifs, offrant aux
sculpteurs de l’endroit un débouché pour leurs
créations. La Compagnie de la Baie d’Hudson
participait à cet effort en finançant une partie
des stocks et en s’adonnant au troc. En effet, à
l’époque, l’argent n’avait cours dans aucune des
communautés du Nord.
De tout temps, le peuple inuit a vécu là où il
trouvait de quoi survivre, regroupé en familles
dispersées sur tout le territoire du Nord.
Ses abris étaient faits de neige en hiver et de
peaux d’animaux le reste de l’année. Il tirait sa
subsistance de son environnement naturel. Au
fil du temps, il a développé les outils et
les techniques dont il avait besoin pour
survivre et prospérer dans son milieu.
C’est tôt dans les années 1800 que,
pour les Inuits du Nunavik, les choses
commencèrent à changer sur le plan
économique. En 1820, la Compagnie
de la Baie d’Hudson ouvrit un poste de
traite à Kuujjuaraapik, puis un autre à
Kuujjuaq, dix ans plus tard. En 1878,
le révérend Peck fonda une mission
à Qilalugarsiuvik (Petite rivière de la
Baleine). Le mode de vie et la culture des
Inuits en furent transformés, et ce, dans
tout le Nunavik. Les fusils remplacèrent
les lances, ce qui créa une demande de
munitions. Les gens développèrent un
goût pour le thé et le tabac. La farine,
Charlie Sivuarapik de Puvirnituq ᓵᓕ ᓯᕗᐊᕌᐱᒃ
le sucre, le saindoux et la poudre à pâte
commencèrent à se substituer au poisson et Charlie Sivuarapik of Puvirnituq -1955
à la viande. Puisque ces biens s’obtenaient que tirait une famille du piégeage s’élevait
contre des fourrures, les Inuits durent piéger à moins de 400 $, somme qui, additionnée
davantage, mais, pour mettre la main sur les aux prestations gouvernementales, suffisait
fourrures convoitées, ils devaient parcourir des à couvrir les besoins d’une famille. En cas de
distances toujours plus grandes. Pour ce faire, maladie ou autre coup du sort, la Compagnie
ils s’aidèrent des chiens, augmentant ainsi la de la Baie d’Hudson offrait parfois une aide
pression mise sur la population animale, aux sinistrés. La plupart des gens vivaient
puisque les chiens consommaient de grandes alors loin des postes et puisaient dans leur
quantités de poisson et de viande. La qualité environnement naturel de quoi se nourrir
de vie des Inuits était ainsi fonction des prix de et se vêtir. Cependant, pour maintenir leurs
la fourrure : excellente lorsque les prix étaient habitudes importées, ils dépendaient à 80 %
hauts, navrante dans le cas contraire.
des programmes gouvernementaux.
Avant 1947, les gouvernements fédéral et
À cette époque, les Inuits ne payaient ni
provinciaux influaient très peu sur le mode de impôts ni taxes de vente, si ce n’est les taxes
vie des Inuits du Nunavik ou de l’île de Baffin. cachées que prélevaient les marchands et
L’arrivée des allocations familiales modifia auxquelles chacun se trouvait assujetti. Quant
la donne. Versées dans le Sud du Canada dès à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), là
1944, elles ne firent leur apparition dans le où elle établissait ses postes, elle était tenue de
Nord du pays qu’en 1947. Avec l’instauration faire respecter tant les lois relatives à la chasse
de ce programme, les Inuits durent dès lors que le droit civil. Certaines lois se rapportant à
veiller à ce que toutes les naissances et tous la chasse limitaient les Inuits dans leur recours
les décès soient enregistrés, et procéder à à l’environnement naturel pour y combler
un recensement fiable. L’impact de ce leurs besoins traditionnels. La vie économique
programme sur la vie économique des des Inuits se modifiait lentement, et ceux-ci
Inuits ne s’arrêta pas là, puisqu’il permit au perdaient peu à peu le contrôle de leur propre
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