Essentielle Immo mag_essi_20170506 | Page 19

TABLE RONDE Gael Cruysmans Administrateur JCX Orfeo Levecq Directeur ARMONEA Benoît della Faille CEO VIVALTO Philippe Joos Managing Partner IDL Philippe Mestach Agent Immobilier LATOUR & PETIT Hélène Cambier Chargée de communication et marketing – ECKEL- MANS Immobilier Benoît Galoux Directeur Commercial EAGLESTONE Sandra Gottcheiner Directrice Développement IMMOBEL. est de 1200 €/mois alors que le loyer moyen en RS est proche du double ? Le risque actuel – il est déjà perceptible - est que nombre de développements immobiliers (RS) ne trouvent pas preneur car trop onéreux. G. Cruysmans : C’est exact MAIS le gros problème reste de trou- ver les localisations où créer de tels quartiers qui, idéalement, ne peuvent fonctionner qu’en centre urbain – par définition lieu de multi fonctionnalisme ! Par ailleurs, il s’agit aussi de remettre les données de cette équa- tion dans une perspective plus large du coût du vieillissement. Ainsi, lorsqu’on prétend que l’Etat n’a plus les moyens d’assurer la prise en charge de sa population âgée (alors que les citoyens ont cotisé pendant 40 ans de carrière !), on débat d’un faux problème mais d’un vrai révélateur de la mauvaise organisation des fi- nances publiques. H. Cambier : Avec le développement des appartements-services ‘Génération seniors’ dans le projet Agora (Louvain-la-Neuve), nous nous approchons de cet ‘idéal’ mixte et multifonction- nel. En effet, outre que cette résidence (70 appartements-ser- vices) est située en cœur de ville, qui plus est piétonne, elle s’intègre au sein d’un complexe plus large comprenant notamment un pôle hôtelier avec les prestations qui en découlent (restauration, City Spa et conciergerie). Les occupants des ap- partements-services bénéficient ainsi de services de qualité, gérés par un groupe hôtelier de renom (Martin’s Hotels). Ce modèle nous permet de réaliser des économies d’échelle considérables et d’afficher, dès lors, des coûts d’hébergement plus acces- sibles (àpd 1.600 €/personne/mois, services inclus). Pourquoi ? Pour financer les MRS, l’Etat in- jecte annuellement 3,3 milliards € (dont 2,7 représentent essentielle- ment la masse salariale du person- nel soignant). Sur cette somme 2,2 milliards remontent immédiatement dans les caisses de l’Etat via les lois sociales et précomptes. Reste 1,1 milliard destiné à la consommation et donc aussi Faute de moyens financiers, l’Etat se à la TVA (qui remonte égale- RENVERSEMENT D’ANALYSE décharge de ses responsabilités sur le ment dans les caisses de l’Etat). Q. : Vers quel(s) concept(s) d’hébergement secteur privé des résidences services En poursuivant ce mécanisme on des personnes âgées se dirige-t-on ? s’aperçoit que les dépenses de 3,3 G. CRUYSMANS milliards sont largement contreba- O. Levecq + B. della Faille : Retenons lancées par les prélèvements. qu’à l’accroissement de l’espérance Problème : c’est l’Inami qui paye les 3,3 milliards mais c’est l’Etat de vie correspond malheureusement un ‘appauvrissement’ qui récupère la mise ! d’une grande partie de la population qui n’a plus – comme par le passé – le patrimoine lui permettant d’assurer son hé- S. Gottcheiner : En Flandre, les autorités ont compris que la bergement en RS. Cette situation encourage aussi la popula- carte des subsides n’était pas nécessairement la bonne dès lors tion âgée à demeurer chez elle le plus longtemps possible. qu’on pouvait multiplier la création de RS (et les remplir !) via des mesures profitant aux occupants acquéreurs, dont une TVA à 6%, une réduction du précompte immobilier (à condition de travailler avec un opérateur agréé), etc. B. Galoux : Retenons aussi que si les RS voient aujourd’hui leur taux d’occupation rester faible cela est davantage dû aux coûts des services qu’à celui de l’immobilier. Des solutions doivent donc être trouvées pour transformer des services/frais fixes en services/frais variables. Il convient dès lors de développer des produits immobiliers tels des appartements équipés et aménagés - aux besoins de leurs occupants âgés - d’une superficie de +/- 60 m², dont le coût se situerait à +/- 3.000 €/m² mais dont les services seraient ‘à la carte’. Ph. Mestach : Si vous ‘démutualisez’ les services vous en aug- mentez le prix pour ceux qui sont contraints d’y recourir ! S. Gottcheiner : Le problème des ‘services’ peut trouver une solu- tion dans la mixité des développements immobiliers. Comment ? Si, à l’image de Bella Vita (Waterloo) ou du futur quartier Ilot Saint-Roch (Nivelles) dans lequel prendra place une RS de 50 unités, vous développez un ‘smart quartier’ intégrant une RS parallèlement à toutes les autres fonctions (médecin, kiné, com- merces, …), vous n’avez plus besoin d’intégrer ces services à votre RS et le coût d’hébergement en est diminué d’autant. S. Gottcheiner + G. Cruysmans : Oui, mais encore faut-il que les habitats soient adaptés, ce qui n’est que très rarement le cas. Ce n’est que depuis peu qu’on développe des produits immobiliers conçus en fonction de l’évolution physique des populations. Pourquoi ? Parce qu’on a toujours raisonné en termes financiers, à savoir comment trouver un investisseur/occupant pour mon produit (= RS) sans comprendre qu’il fallait opérer un renversement d’ana- 19