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CHÂTEAUX
30 m ³ de bois Hugues Boucher ne cherchait pas à acquérir un château. Ce qu’ il avait en tête c’ était un bâtiment comme une ferme en carré pour y accueillir ses stages de musique. Par curiosité, il a poussé la porte d’ une vente publique. Parmi les six châteaux à vendre, il y avait le château d’ Ostin. Vu son état, son prix était peu élevé, à peine l’ équivalent d’ une maison familiale à Bruxelles. Inoccupés pendant 40 ans, les lieux étaient fort dégradés. Qu’ à cela ne tienne, il a sauté le pas. Idéalement situé au croisement de très vieux axes routiers qui traversent l’ Europe, il est facilement accessible. « Mon père m’ a dit tu es idiot de te lancer dans une entreprise pareille, mais j’ ai tenu bon. J’ étais tout feu tout flamme et j’ avais 39 ans. » Hugues Boucher a développé une méthode toute particulière et novatrice pour apprendre la musique aux jeunes oreilles par la découverte et la curiosité. Le succès immédiat n’ a apparemment pas plu à tout le monde. Le bourgmestre de l’ époque a décidé d’ interdire les stages pour des raisons de sécurité alors que le propriétaire disposait de rapports favorables de pompiers. Le Conseil d’ État, saisi du litige, a donné raison à Hugues Boucher et condamné la commune, avec pour résultat plusieurs années d’ arrêt dans les travaux de restauration. Soucieux de restaurer à l’ identique le château, il y va, étape par étape, en réinvestissant l’ argent gagné lors des stages. La toiture a été refaite, les châssis ont été pourvus de doubles vitrages et les stucs posés au XVIIIe par les frères Moretti ont retrouvé tout leur éclat. Il a aussi apporté un soin tout particulier à restaurer une des serres, la plus petite, remontant au XIXe siècle lorsque le château abrita une ferme-école expérimentale. Par souci d’ économie, il a choisi de se chauffer au bois. Trente ans durant, il a ainsi débité 30 m3 des bois par an pour alimenter ses chaudières.
Transmettre le patrimoine Tous ces efforts ont valu au maître d’ Ostin, le prix du Patrimoine " Entreprendre pour sauvegarder " de la Fondation Roi Baudouin. « Parfois, je me demande si je n’ aurais pas mieux fait de me casser une jambe. » sourit Hugues Boucher, heureux d’ avoir mené la vie qu’ il a voulue. « Certains dans le village me voient encore comme un nouveau riche. Ce château est pour moi un outil pour atteindre mes objectifs. Je n’ ai jamais vécu dans le luxe. J’ ai rarement pris plus de huit jours de vacances par an, mais j’ ai mené à bien un beau projet. Les six mois où il n’ y a pas de stage ni d’ activités publiques, on vit un peu retiré du monde, même si on est à une vingtaine de minutes de Namur ou de Bruxelles. » Au fil des siècles, les châteaux ont perdu leur vocation essentiellement militaire pour jouer également un rôle économique, politique et culturel. Une mission que Simon de Mérode a souhaité revitaliser au château de Westerlo. « Les châteaux sont aujourd’ hui des lieux prédestinés pour amener la culture dans des lieux où elle n’ est pas présente. C’ est une façon de transmettre le patrimoine. » Situé en Campine, le domaine de Westerlo appartient à la famille de Mérode depuis le XIVe siècle. En 2015, Simon et ses frères ont racheté Westerlo à leurs oncle et tante qui l’ avaient géré pendant 40 ans avec le plus grand soin. Avec Historalia, le jeune homme a mis sur pied une structure qui produit et présente, tous les deux ans, des spectacles musicaux autour de personnages historiques. Sur une scène de 600 m2 posée sur les douves, plus de 150 artistes et musiciens se produisent devant un public de plus en plus nombreux. La période de Noël est celle des Kerstmagie réservé aux enfants et familles de la région. Chaque premier week-end de juin, le château accueille un rassemblement d’ automobiles anciennes où vrombissent plus de 500 véhicules. Si le jeune prince y a son bureau, il n’ y réside que le weekend, alors qu’ une partie de sa famille y habite toujours en permanence. « Quand les châteaux sont habités, ils fascinent davantage les visiteurs que lorsqu’ ils sont devenus des musées. Surprendre un jouet d’ enfant au détour d’ un couloir apporte une touche d’ âme supplémentaire. »
Inévitable dilemme Westerlo est classé et grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin et de quelques entreprises belges, les rénovations ont pu être menées dans les règles. Quand le bâtiment n’ a pas une vocation prioritairement patrimoniale, le classement est une arme à double tranchant. Son absence permet d’ avancer parfois plus de vite et de prendre quelques libertés avec l’ orthodoxie patrimoniale. C’ est le cas au château de Tharoul. « On a travaillé dans un dialogue entre les époques. On a, par exemple, dans le grand hall un grand tapis contemporain entouré des boiseries authentiques,
Château d ' Ostin, vue aérienne
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