C’est une évidence. Il y a des châteaux à vendre en Belgique. «
Plus qu’on ne le croit même », assure Aymeric Stévenart, gérant
de l’agence immobilière Renaissance Properties qui en vend
deux ou trois par an. On estime leur nombre à une vingtaine
de biens en vente par an et le double en disponibilité. C’est
évidemment un achat exceptionnel qui n’est pas à la portée
de toutes les bourses, mais c’est parfois moins cher qu’on ne le
croit. Entre 800.000 et 4 millions d’euros. Tout dépend de son
état, de la superficie des terres qui lui sont attachées et de bien
d’autres éléments plus inattendus comme la présence d’éoliennes
à proximité. L’achat d’un château relève du déraisonnable, de
l’affectif et du rationnel quand on pense aux défis qu’entraîne
l’entretien journalier d’un tel bien. La première visite peut se
révéler décisive et elle se met en scène. « Quand le château est
occupé, je suggère de faire un bon feu dans la cheminée et de
préparer des confitures et des tartes dans la cuisine pour que
tous les sens soient à la fête. » D’autres acheteurs attachent beau-
coup d’importance au parc. « Un château entouré d’un parc de
100 ha se vendra souvent plus vite que le même entouré d’un
parc d’un ha. Quand les propriétés sont étendues, on fait des
vidéos avec des drones pour donner un aperçu de l’ensemble.
C’est devenu très important. »
Château de Westerlo, élégance automobile
Signe du destin
Jean van de Put fait partie de ceux qui avaient un château
tout au fond du cœur, tout en se disant, ce n’est pas pour moi.
« J’ai eu le coup de foudre en voyant une superbe photo sous
une annonce dans La Libre. Elle a encore traîné dans la maison
pendant une semaine avant qu’on se décide, mon épouse et
moi. » Et puis il y a des signes du destin qui ne trompent pas.
« Dans le village, on a cherché le château pendant près de
deux heures en demandant à gauche et à droite, sans succès. Et
alors qu’on était sur le point de renoncer, on est tombé dessus. »
Le château de Tharoul, situé à Marchin, est un château de plai-
sance du XVIIIème avec 1050 m2 de surface habitable, entouré
d’un parc de 4 ha. Vu l’importance des frais de rénovation, les
nouveaux propriétaires ont vite compris qu’il leur faudrait géné-
rer des revenus de leur propriété. « Si on avait dû le financer en
fonds propre, on aurait dû étaler les travaux par petites tranches
pendant de longues années et ce n’est pas ce que l’on souhaitait.
» Après l’avoir acheté, ils ont tenu à y vivre pendant trois ans
pour bien sentir les lieux et prendre les bonnes décisions. Le
modèle économique -locations ouvertes aux séjours en famille ou
entre amis ainsi qu’aux séminaires ou événements d’entreprise
- est apparemment le bon. Le carnet de réservations se remplit
avec une belle régularité. Les propriétaires n’ont pas pour autant
renoncé à occuper leur bien, pendant les périodes où il reste
disponible. Et ils ont décidé de ne pas y laisser d’effets person-
nels. « Ce n’est pas nécessaire, l’endroit est tellement magique
qu’on oublie qu’il a été en location. Il faut voir la propriété dans
son ensemble. C’est, dit-on, une des plus belles façade XVIIIe
de Wallonie. Et depuis la terrasse, on a une vue extraordinaire.
» L’aventure patrimoniale est loin d’être terminée. Après le châ-
teau, Jean van de Put aimerait consacrer du temps au parc de
4 hectares où se niche un étang d’un hectare. Il ne regrette pas
un instant cette décision un peu folle prise il y a sept ans. « Ça
a certainement changé notre vie. Il y a un avant et un après. On
est maintenant à la tête d’une petite PME. Les plaisirs sont à la
hauteur des contraintes, mais j’en suis extrêmement heureux. »
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