édition spéciale mai 2013 | Page 13

13 Initiative pour les familles : supportable pour les cantons, car applicable ­individuellement Le nouveau droit fiscal, entré en vigueur le 1er janvier 2011, discrimine les familles qui se chargent elles-mêmes de la garde de leurs enfants. Pour le père de famille avec deux enfants que je suis et dont la femme a réduit volontairement son horaire de travail en renonçant du même coup à un revenu, il est incompréhensible que dautres familles, qui font garder leurs enfants par des tiers, bénéficient d’une déduction fiscale et pas la mienne. Double pénalisation L’argument, selon lequel la garde des enfants à domicile n’augmente pas les charges et que la réduction consécutive du salaire familial n’accroît pas le revenu imposable, est proprement grotesque. Il est pourtant avancé pour justifier une politique fiscale qui interdit aux familles ayant un revenu inférieur, parce qu’elles gardent ellesmêmes leurs enfants, de déduire ces charges. Ces familles sont donc doublement pénalisées, d’un côté elles ont un revenu plus faible et de l’autre elles n’ont pas droit à une déduction fiscale. Les cantons fixent la déduction Il est également trompeur de prétendre que cette initiative de l’UDC entraîne des pertes fiscales insupportables pour les cantons. Ce projet demande uniquement que la déduction fiscale soit toujours la même pour la garde familiale comme pour la garde extrafamiliale des enfants. On peut même supposer qu’une déduction accordée à la garde familiale réduit la demande auprès des garderies et des écoles de jour, si bien que les cantons peuvent faire de substantielles économies, car ces institutions sont généralement subventionnées. Il est incompréhensible que les familles qui ne s’occupent pas de la garde de leurs enfants bénéficient d’une déduction fiscale alors que celles qui gardent elles-mêmes leurs enfants ne peuvent le faire. Albert Rösti, conseiller national, père de deux enfants, Uetendorf (BE) Le mépris des Femmes PLR Les femmes PLR écrivent ce qui suit dans leur communiqué de presse du 16 avril (trad.) : «L’initiative UDC pour les familles est un non-sens fiscal et un projet complètement étranger au système. C’est un peu comme si on pouvait déduire de son revenu imposable un abonnement général sans l’avoir acheté, donc sans dépense effective.» Cette déclaration exprime un profond mépris à l’égard des femmes et des hommes qui se chargent de la garde de leurs enfants à domicile. De plus, elle est complètement infondée: la Confédération et de nombreux cantons accordent des déductions de soutien et d’entretien dans un tout autre domaine, c’est-à-dire aux familles qui s’occupent d’adultes handicapés à domicile. Là aussi, il s’agit d’une déduction sociale. L’initiative UDC pour les familles repose sur le même principe en exigeant une déduction sociale pour les enfants gardés à domicile. Les familles doivent assumer davantage de responsabilités pour leurs enfants Succès d’estime au Conseil national de l’initiative pour les familles L’UDC a déposé le 30 août 2011 son initiative pour les familles avec 113 011 ­ ignatures à l’appui. s L’article constitutionnel qu’elle propose s’énonce comme suit: «Les parents qui gardent euxmêmes leurs enfants doivent bénéficier d’une déduction fiscale au moins égale à celle accordée aux parents qui confient la garde de leurs enfants à des tiers.» Pour le Conseil fédéral, cette égalité des droits au niveau fiscal constitue cependant une attaque contre son projet échoué de faire encourager par l’Etat la garde extrafamiliale des enfants. Une majorité composée de la gauche et des radicaux du Conseil national a r ­ ejeté le 16.4.2013 l’initiative UDC pour les familles. La Grande Chambre s’est opposée à ce projet par 109 voix contre 74 et 6 abstentions. A côté de l’UDC, une majorité du groupe PDC et quelques conseillers nationaux isolés du PLR ont dit oui. La gauche, le PLR, les Vert’Libéraux et le PBD ont en revanche r ­ efusé d’accorder les mêmes déductions fiscales aux parents qui gardent euxmêmes leurs enfants qu’aux familles qui font garder leurs enfants par des tiers. Une égalité des droits qui déplait à la gauche Etrange de constater combien les milieux qui s’autoproclament «progressistes» combattent l’initiative UDC pour les familles. Cette idée est pourtant réalisée depuis longtemps en Valais et elle n’a eu strictement aucun effet néga Y