« Nos mises en garde n’ ont servi à rien … »
Il n’ y a pas de temps à perdre dans des polémiques, ce qui est nécessaire est de sauver les intérêts du peuple et non les intérêts des politiciens
Nous disons à tous: « Entendez la voix que vous dicte votre conscience avant qu’ il ne soit trop tard ».
Numéro 22 | PAGE 2
ECO NEWS
| en français
L’ énième mise en garde des organismes économiques sera-t-elle entendue avant qu’ il ne soit trop tard?
Au vu de la situation économique et sociale du pays, et des dangers qui menacent non seulement la saison estivale mais l’ intégralité de l’ économie libanaise, les organismes économiques tirent une nouvelle fois la sonnette d’ alarme en appelant à sauver l’ économie libanaise, plus que jamais menacée.
Il faut sauver l’ économie du pays qui est en plein naufrage. C’ est le message délivré par les organismes économiques lors d’ une réunion élargie, la troisième en moins de deux ans, qui a eu lieu le 11 juin dernier au Biel. Ce cris de SOS économique a été lancé par le président des organismes économiques Adnane Kassar, le président de la Fédération des chambres de commerce du Liban, Mohamed Choucair, le président de l’ Association des banques, Joseph Torbey, le président de l’ Association des industriels, Neemat Frem, le président de l’ Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas, le président de l’ Association de la franchise, Charles Arbid, le président du Rassemblement des dirigeants et des chefs d’ entreprise, Fouad Zmokhol et bien d’ autres représentants des secteurs économiques.
L’ objectif de cette rencontre était d’ appeler à l’ apaisement et au dialogue pour que la vie économique du Liban reprenne son cours habituel. Les participants ont également appelé à respecter la déclaration de Baabda, qui stipule la distanciation du Liban à l’ égard des crises régionales, notamment syrienne.
À la tribune, le président des organismes économiques et ancien ministre, Adnane Kassar, s’ est écrié: « Arrêtez de dilapider les composants essentiels de l’ économie libanaise, arrêtez de faire fuir les jeunes, les touristes et les investisseurs, arrêtez de jouer avec l’ avenir des Libanais ». « Notre pays est confronté à des circonstances difficiles », a-t-il poursuivi, mettant notamment l’ accent sur le recul enregistré au niveau de la plupart des indicateurs économiques. Selon lui, une détérioration supplémentaire de la situation pourrait avoir des répercussions significatives sur la croissance du pays. Le président des organismes économiques s’ est adressé aux principaux partis pour leur demander « de mettre un terme aux provocations
confessionnelles, d’ assumer leurs responsabilités envers ce pays, de retourner s’ asseoir à la table du dialogue et de faciliter le travail du Premier ministre désigné Tammam Salam, afin d’ obtenir la formation d’ un nouveau gouvernement dans les plus brefs délais ».
Un constat amer, qui a été repris par le président de l’ Association de la Franchise, Charles Arbid, qui a affirmé que « le Liban n’ a jamais vécu de situation si grave. Un gouvernement démissionnaire, un vide constitutionnel, des conflits politiques, des affrontements ici et là, une inertie qui menace l’ ensemble des secteurs économiques du pays...».
En effet, la saison estivale est déjà( presque) condamnée, faute de résolution de la crise syrienne et du vide politique qui en découle.
« Nos mises en garde n’ ont servi à rien … »
« Nos mises en garde n’ ont servi à rien, a constaté, pour sa part, le président de la Fédération des Chambres de commerce, Mohamed Choucair. C’ est comme si la destruction de l’ économie libanaise avait été préméditée. Nous ne sommes pas confrontés à un ralentissement économique et au recul des principaux indicateurs de croissance, nous faisons aujourd’ hui face à un effondrement complet ainsi qu’ à une récession sans précédent », a-t-il déclaré. « Pas un jour ne passe sans qu’ on entende parler de la fermeture d’ une usine, de la faillite d’ une institution ou de l’ émigration d’ hommes d’ affaires! », a-t-il lancé. Il a par ailleurs appelé les parties concernées à renoncer aux alignements sectaires. « La tension politique génère des perturbations sécuritaires, mais la crise économique va souffler vers le bas tous les tabous et amener à une véritable révolution sociale », prévient-il. Mohamed Choucair a également lancé un appel à la sagesse du président Michel Sleiman afin qu’ il hâte le dialogue pour sauver l’ économie. « Il n’ y a pas de temps à perdre dans des polémiques, ce qui est nécessaire est de sauver les intérêts du peuple et non les intérêts des politiciens », a conclu Mohamed Choucair.
« Nous refusons que ce pays soit dans un état de mort cérébrale », s’ est exclamé Neemat Frem, le président de l’ Association des industriels libanais( AIL). « Nous ne plierons pas. Nous, les industriels, nous nous battrons bec et ongles afin de préserver notre production et générer des opportunités d’ emplois », a-t-il ajouté. Pour Neemat Frem, le temps est venu d’ élaborer un plan d’ urgence pour promouvoir et soutenir la fermeté des industriels et sauver l’ économie nationale. « Il est temps de
comprendre que notre priorité est de vivre avec joie et dignité », a-t-il enfin lancé devant l’ assemblée.
Pour sa part, le président de l’ Association des commerçants, Nicolas Chammas, a déploré la fuite des touristes en provenance du Golfe « pour le treizième mois consécutif » et l’ arrivée d’ un véritable « tsunami » de réfugiés syriens aux lourdes conséquences démographiques, sécuritaires, économiques, etc.
Il n’ y a pas de temps à perdre dans des polémiques, ce qui est nécessaire est de sauver les intérêts du peuple et non les intérêts des politiciens
Nous disons à tous: « Entendez la voix que vous dicte votre conscience avant qu’ il ne soit trop tard ».
Le président de l’ Association des banques du Liban, Joseph Torbey, a quant à lui appelé la majorité silencieuse du pays à ne plus se taire devant la démolition de la construction de l’ État, face à des consensus « handicapés » sur la loi électorale, ou face au report des élections législatives, à ne pas garder le silence sur la destruction de l’ économie. « Nous disons à tous, entendez la voix que vous dicte votre conscience avant qu’ il ne soit trop tard », a-t-il déclaré. « Nous appelons le peuple libanais, qui est habitué à des divergences, à les geler, même temporairement, dans une période de conflit international intense dans la région, avec ce que ce conflit sectaire et idéologique peut impliquer comme destruction dans notre pays », a poursuivi Joseph Torbey. Il a tenu a rappelé que le secteur bancaire libanais a toujours soutenu le Liban, et qu’ il continuera de le faire. « Nous avons construit notre pays avec beaucoup d’ efforts et d’ argent, il ne faudrait pas permettre la destruction de ce miracle urbain; le développement économique ne sera pas disponible pour reconstruire un pays détruit par nos fils ». Joseph Torbey a conclu en affirmant que « le secteur bancaire représente le meilleur du Liban, un succès, parce que les Libanais se sont unis autour de lui ».
En conclusion, Adnane Kassar a lancé: « Nous espérons que notre cri sera entendu ».
Nous l’ espérons aussi.