Fond sonore techno, tirages photos en négatif, paysages forts du Jura… Voilà comment nous est introduit l’émouvant et déchirant Roman de Jim. Au hasard d’une soirée, Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, alors enceinte de six mois d’un enfant illégitime et non reconnu par le père biologique. Le regard tendre qu’Aymeric porte à Florence et la passion qui naît entre eux produisent un foyer aimant pour Jim, l’enfant à venir. Aymeric est présent pour lui et incarne un modèle paternel mêlé d’une douceur et d’une tendresse maternelles. Tous les trois passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le géniteur opportuniste de Jim, fait son apparition. Après qu’il ait perdu sa femme et ses deux filles dans un accident de voiture, il proclame vouloir « racheter son erreur passée » et « récupérer le temps perdu avec Jim ». Le couple d’Aymeric et Florence, ayant perdu la magie du début, bat de l’aile mais reste uni pour Jim. Florence, instable et voyant arriver de la nouveauté dans sa vie, saisit l’occasion et prend l’initiative d’inviter Christophe à s’installer avec Aymeric et Jim, dans ce qui fut, dans un passé pas si lointain, leur doux foyer. Florence et Christophe, voulant oublier leur passé, s’enfuient avec Jim au Canada malgré l’opposition de l’enfant, laissant donc Aymeric derrière eux en France.
Cette épopée sur la paternité est vue sous l’angle d’Aymeric et de son fils Jim. Tous deux sont soumis aux décisions de la mère, car tous deux n’ont pas l’autorité nécessaire pour revendiquer leurs souhaits : Jim par son statut de mineur et Aymeric par son statut non reconnu de beau-père. L’éloignement d’Aymeric et de Jim est perçu comme un kidnapping de la part des spectateurs, du père et du fils, car Aymeric l’a vu naître, grandir et faire ses premiers pas, devenant ainsi un véritable père pour Jim, même s’ils ne partagent pas de liens biologiques. L’absence de parenté est mise en avant par les réalisateurs, Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu, qui ont choisi les acteurs du père et du fils les plus physiquement éloignés l'un de l'autre. « Le Roman de Jim » nous incite donc à réfléchir à la définition d’un parent authentique et à la véritable nature des liens familiaux. De plus, malgré ce que nous pouvons penser, les réalisateurs n’ont pas voulu dépeindre la mère comme un être pervers cherchant à nuire, mais plutôt comme une mère essayant de s’en sortir en faisant de son mieux. Elle est donc dépourvue de mauvaises intentions malgré ses décisions contestables, son immaturité et son attitude enfantine nous faisant rire jaune, ajoutant par la même occasion un semblant de légèreté au thème grave du film. Nous ne pouvons donc pas la rendre responsable des souffrances intérieures des deux garçons, bien qu'elle soit liée à ces actes. Cela redirige donc notre attention sur l'absence d'encadrement légal pour les belles-mères/beaux-pères afin de reconnaître leur légitimité à être responsables de l’enfant qu’ils ont élevé, soulevant ainsi la dimension sociale et politique du film.
Clara-Jane, Manon, Elena
Le véritable père