Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 46
une vitrine. La recherche peut se contenter des photos, des empreintes, et autres
prélèvements, que l’on respecte ses dernières volontés en l’immergeant. Mais dans le même
numéro d’autres scientifiques plaident que l’intérêt dans le domaine de l’éducation et de la
recherche demande la conservation du squelette qui git depuis plus deux siècles dans une
vitrine comme si d’improbables descendants devaient attendre une inhumation pour dormir
en paix. Comme ces parents du seul belge décédé dans les attentats du 11 septembre 2001
qui, il y a quelques semaines, ont dit qu’ils n’auraient pas pu débuter une autre étape de leur
deuil qu’une fois les quelques débris identifiés par une trace d’ADN. L’évolution du rapport
au corps en un seul siècle est vraiment surprenante. Mais il est loin d’être univoque, il
interroge aussi les notions même de vrai et d’authentique par la présentation-même de ce
musée, dans ce Muséum des Sciences Naturelles, il est rare qu’on oublie la présence des os
de Constantin Julius koch. Une pièce exceptionnelle écrit-on parce qu’on n’ose pas encore
écrire sensationnelle et montrer ainsi qu’on s’est, ne fusse qu’un instant accordé au moteur
qui font se précipiter les foules dans les cabinets aux curiosités des foires du 19ème siècle et
du début du 20 ème . Mais aussi aux expositions des premières momies égyptiennes mais
aussi pour découvrir les corps plastinés de l’anatomiste Gunther Von Hagen. Sans nul doute
car les écoliers qui découvrent ce squelette étonnant peuvent se poser la question : est-ce
vrai, est-ce faux, suis-je mystifié ? Demeurant la logique des premiers conservateurs de ces
ossements semble claire, sans ambiguïté. Le musée qui est presque aussi ancien que la
Belgique et même d’avantage on l’a vu ce matin, propose une collection d’animaux, des
oiseaux venus des quatre coins du monde. La plupart des collections dit-on viennent de
dons, de l’aide scientifique, d’amateurs éclairés qui avaient tous en commun la passion du
monstre vivant et la volonté de partager celle-ci. Encore aujourd’hui les collections
s’accroissent de manière régulière, grâce aux dons de particuliers, de collectionneurs, de
naturalistes. On y trouve, je cite quelques spécimens d’une grande valeur patrimoniale,
scientifique ou historique, telles que certaines espèces disparues, le pigeon migrateur
américain, le huia, le pica del divois, des spécimens disparus comme l’un des derniers loups
en Belgique, un esturgeon péché dans la Haine. C’est difficile à imaginer pour les enfants
d’aujourd’hui, un esturgeon péché dans la Haine ! Alors on comprend le principe, l’animal
naturalisé ou un squelette préservé présente le même caractère de preuve que l’existence
d’un minéral. On prélève les animaux comme on ramasse les pierres pour faire de la
géologie. Se pose-t-on alors la question de la légitimité de prélever ainsi d’une partie de la
nature pour la conserver, pas vraiment, c’est un objet , alors qu’une photo par contre ça peut
se trafiquer. Mais un os authentique peut difficilement être inventé de toute pièce. Il y a
d’autres techniques que la vue pour l’identifier. On peut le dater, le comparer, l’inventorier.
Le conserver a du sens, les techniques modernes d’authentification d’analyse génétique ne
cessent de progresser, de voir leur coût diminuer, ce qui permet de faire plein de choses
qu’on ne pouvait pas faire avant. On comprend alors mieux les scientifiques qui
s’opposeraient à une inhumation d’ossements vieux de plus d’un siècle. Si demain une
nouvelle technique dont nous n’avons même pas l’idée nous apprenait davantage sur cette
maladie on ne pourrait plus la vérifier sur des os qui auraient disparu qui auraient été
immergés ou détruits ou enterrés. D’autant que s’il y a transgression, c’est il y a un siècle
qu’elle a été commise, on sait très peu des conditions dans lesquelles ces os ont été
transmis à la science, même des males qui ont disparu. Qui sait si c’est le vrai squelette que
vous avez. On sait que le docteur Dufrasnes, Launoy, Roy ont déduit des éléments
essentiels de l’observation de ces os. Qui semble elle-même la suite logique de l’autopsie
qui suivit son décès à Mons. Les chercheurs parlent alors dans leurs écrits de 16 squelettes
conservés dans les principes au musée d’Europe. Ce qui montre que la pratique de
conserver des squelettes de géant est si non abondante, au moins courante. Sans doute le
décès lui-même est suspect ou en tout cas curieux, ce qui explique l’autopsie, mais cela
implique-t-il de conserver les ossements au lieu de les inhumer après l’autopsie ? On
pourrait voir par contre l’initiative des éthiciens modernes, qui demandent qu’on enterre ou
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