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Tout en s’ acquittant de ses tâches dans le cadre du projet « Education II », Jacquis Kemleu travaille parallèlement pour le secteur des oléagineux. Un domaine avec lequel il est entré en contact grâce aux travaux techniques effectués dans les usines de la Socapalm. Il se met à faire des interventions auprès du Premier ministre au profit du Complexe cosmétique de l’ Ouest, une entreprise de production de savon et d’ huile raffinée installée à Bafoussam et détenue par un ami à lui, Léonard Fomekong. Le promoteur veut obtenir une baisse des tarifs douaniers pour les importations d’ huile de palme brute, la matière première qui permet à ses usines de fonctionner. Nous sommes en 2004. Ce lobbying se solde à chaque fois par un succès. Puis, en 2006, tous les industriels du secteur se ruent sur sa personne. « Je dois avouer qu’ au départ, je n’ avais pas beaucoup de temps pour cela. Mais il a tellement insisté. Et quand les acteurs de cette filière ont senti le besoin d’ avoir quelqu’ un qui pouvait les accompagner de façon permanente, ils m’ ont contacté. Il y a eu des tests. Et ils m’ ont dit que j’ étais celui qui pouvait les aider dans cette affaire », indique-t-il. Il devient donc ainsi le secrétaire général de l’ Association des Transformateurs et Producteurs d’ Oléagineux du Cameroun( ATPOC). Il doit donc réactiver ses compétences de juriste pour défendre un secteur qui à ce moment là agonise.
L’ ATPOC, un patronat spécifique, fait son bonhomme de chemin jusqu’ à ce que survient une crise en 2009. « Il y avait une incompréhension
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entre les unités de production du savon et les unités de raffinage d’ huile. Ceux qui raffinaient l’ huile avant de produire accessoirement du savon ne s’ entendaient plus très bien avec ceux qui produisaient uniquement du savon. La divergence a fait qu’ il y a eu scission ». Les raffineurs décident donc de poursuivre leur existence dans une chambre nouvelle. Ainsi naît à Douala l’ Association des Raffineurs des Oléagineux du Cameroun. Pour des raisons stratégiques, elle installe son siège à Yaoundé. Principale condition pour en faire partir: produire d’ abord de l’ huile raffinée. Bien sûr, toutes se sont mises aussi à la production du savon, l’ objectif étant |
de valoriser les résidus dégagés de l’ oléine de palme. Dès sa légalisation, la nouvelle entité confie son secrétariat général à Jacquis Kemleu. L’ ASROC aujourd’ hui, c’ est huit entreprises industrielles. « Ses membres détiennent les plus grandes unités de raffinage qu’ il y a au Cameroun et produisent 95 % des huiles végétales qu’ on consomme sur le territoire national ». Une nouvelle aventure démarre. Dans la réalité, le secrétaire général de l’ Asroc défend tout le secteur oléagineux du Cameroun. « Quand vous êtes sur le segment de la deuxième transformation, vous avez besoin d’ une première transformation. Celle-ci est faite par les huileries, lesquelles |
font l’ extraction des huiles sur la base des plantes, des graines, des noix. Si vous qui attendez cette huile qui vient de la première transformation et vous ne l’ avez pas, vous ne travaillerez pas. C’ est pour cela qu’ il fallait défendre globalement la filière », explique-t-il.
Le premier défi du SG de l’ ASROC consiste à faire face à un déficit de matières premières de ses membres. « Les raffineurs d’ oléagineux camerounais ont une capacité de plus 587 000 tonnes par an. La matière brute produite localement avoisine 360 000 tonnes. Il faut donc trouver le différentiel. En outre, pendant que les unités de transformation ne font que s’ installer, celles de production régressent », indique-t-il. Il se désole d’ ailleurs de ce que les pourvoyeurs nationaux d’ huile de palme brute, à l’ instar de la Socapalm et de la Cameroon Development Corporation, se soient tournés ces dernières années vers la culture de l’ hévéa au détriment du palmier à huile. Pour résoudre le problème, il faut importer une partie de cette matière première de Malaisie. Pour ce faire, le lobbying de l’ Asroc pousse le gouvernement à créer un Comité de régulation de la filière des Oléagineux. Evidemment, le SG de l’ Asroc porte la voix de l’ association dans ce comité. C’ est cette instance qui décide de la quantité d’ huile de palme brute à importer et fixe le quota que chaque raffineur recevra. Bien sûr, chaque unité industrielle ne reçoit que ce qu’ elle peut raffiner.
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Business Managemen
Nov- Déc 2016
AFRICA
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