Business Management Africa - Novembre - Décembre 2016 Mois de Novembre - Décembre 2016 | Page 8

Leaders

Aux origines d ’ un leader
la Société camerounaises des Palmeraies ( SOCAPALM ). Le turbo-alternateur de cette usine est déposé sur une plateforme qu ’ il conçoit . Mais il réalise surtout les ouvrages hydrauliques .
Pour que nous en sachions plus sur lui-même , nous prenons rendez-vous avec Jacquis Kemleu . Après plusieurs tentatives , nous le rencontrons le 15 novembre 2016 dans un hôtel luxueux de Douala , la capitale camerounaise . Difficile d ’ avoir un échange dépourvu de ruptures avec lui . Le téléphone ne cesse de crépiter . Au bout du fil à chaque fois , un de ces industriels du secteur des oléagineux . De temps en temps , il est question des normes . Un sujet pour lequel il éprouve une aisance certaine . Bref , son portable ne chante à chaque fois que la chanson des raffineurs d ’ oléagineux . Et quand il s ’ arrête , notre interlocuteur nous apprend qu ’ il voit le jour le 18 avril 1964 à Yaoundé dans une famille de dix enfants dont il est le septième né . C ’ est à l ’ École publique de Messa , un quartier de la capitale politique camerounaise , qu ’ il fait ses études primaires et obtient un certificat d ’ études primaires et élémentaires ( CEPE ). Pour le secondaire , il effectue le premier cycle au CES de Ngoa- Ekelle , devenu lycée depuis quelques années . Puis , cap sur Douala . Il atterrit au lycée de Joss pour boucler ses classes de lycéen . En 1984 , il obtient un Baccalauréat A à Douala . Un cursus sans redoublement .
Un fort potentiel dans les langues . Mais aussi dans les disciplines scientifiques .
Voici venu le temps de l ’ enseignement supérieur . Les Camerounais à l ’ époque ont un seul choix : la grande université de Yaoundé . Après moult hésitations pour savoir s ’ il doit faire des études supérieures en sciences sociales ou dans les sciences de la matière , le jeune Jacquis Kemleu , alors âgé de 20 ans , opte finalement pour le droit . Une filière dans laquelle , dit-il aujourd ’ hui , « on redoublait et on grillait facilement les mandats . C ’ était le calvaire ». Qu ’ importe , la fusée « Kemleu » passe sans redoublement et avec brio . Son parcours à la Faculté de droit et de sciences économiques s ’ achève par l ’ obtention d ’ un Diplôme d ’ études approfondies en droit privé . Faire la thèse de doctorat ne l ’ intéresse pas vraiment . Il préfère immédiatement se mettre au service du monde de l ’ entreprise . A l ’ époque , le Cameroun entame une longue traversée du désert . La faute à une crise économique qui le frappe de plein fouet et l ’ oblige d ’ ailleurs à opérer quelques bouleversements à l ’ université .
Alors qu ’ on l ’ attend dans un
cabinet d ’ avocat ou au département en charge des affaires juridiques d ’ une entreprise , c ’ est dans la technique industrielle pure que Jacquis Kemleu commence sa carrière . Il atterrit dans la zone industrielle de Bonabéri , à Douala , et se met au service de « Le Petit Electroménager » ( LEPEM ), une entreprise italienne qui y a ses quartiers dans la décennie 90 . Elle fabrique des supports pour tubes fluorescents . « On avait une valeur qu ’ on ajoutait à des éléments qu ’ on faisait venir de l ’ extérieur en Complete Knock Down ( CKD ). En fait , on importait des douilles , du câble , des starters , des ballasses . Mais nous fabriquions nous-mêmes le corps du support à partir de l ’ acier qu ’ on coupait , qu ’ on pliait , qu ’ on cintrait et qu ’ on soudait », précise Jacquis Kemleu . En outre , la société fait également de la construction des ouvrages hydrauliques et de la maintenance industrielle . « C ’ est en travaillant là bas que j ’ ai compris qu ’ il fallait que j ’ aille plus en profondeur », indique ce colosse . Pendant qu ’ il bosse pour Lepem – l ’ entreprise a fermé ses portes depuis quelques années –, il a la charge de construire le hangar de l ’ usine de Kienke , une des unités de production de
A LEPEM , Jacquis Kemleu se passionne d ’ hydraulique . « Je m ’ étais rendu compte de ce que c ’ était un secteur très important pour l ’ épanouissement de l ’ être humain », justifie-t-il . Pour approfondir ses connaissances , il décide de faire des études dans le domaine . Il s ’ inscrit dans une école française et suit les cours en ligne . Une attitude plutôt rare à l ’ époque . Une fois son diplôme obtenu , des organismes ont rapidement recours à ses compétences . Nous sommes en 2000 . Il se retrouve à conduire les études géophysiques et hydro-géologiques dans le cadre du projet « Education II ». Financé par la Banque africaine de Développement , implémenté par le gouvernement du Cameroun , il vise à réduire les inégalités d ’ accès à une formation de qualité dans le système d ’ enseignement primaire . Et une de ses composantes consiste à construire les ouvrages hydrauliques dans les écoles . Après avoir mené les études , c ’ est notre interlocuteur qui reçoit techniquement chaque puits d ’ eau construit . Pour montrer qu ’ il maîtrise son sujet , il vous dira par exemple qu ’ « un point d ’ eau est déclaré positif lorsqu ’ il a un débit qui est égale au moins à 0.87 m3 par heure . Et quand vous n ’ obtenez pas cela , cela signifie que vous n ’ avez pas mené une bonne étude . Vous avez cru qu ’ en allant simplement forer , vous deviez trouver de l ’ eau . Tout cela demande qu ’ on soit bien formé ». Il devient donc un ami du gouvernement . Un vrai allié pour lequel il effectue plusieurs missions de contrôle dans les projets d ’ investissements publics .
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