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L’ affaire Jadida
L’ équipe de Business Management Africa rencontre le SG de l’ Asroc le 15 novembre 2015 dans un hôtel de la ville de Douala.
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En 2015, Jacquis Kemleu livre son plus gros combat. Les chaines locales de télévision diffusent la publicité de Jadida, une huile de soja importée de Tunisie par l’ entreprise Copeqq Sarl. Dans le spot, les acteurs démontrent que le produit peut à la fois servir pour la friture et pour l’ assaisonnement. Sans mot dire, l’ équipe de l’ Asroc se saisit du produit et va le tester en laboratoire. Et le 18 février, elle tient sous la conduite de son secrétaire général une conférence de presse pour dénoncer tous les manquements constatés sur ce produit. « Les importateurs de cette huile y apposaient des autocollants pour dire qu’ elle était enrichie en vitamine A, alors que le fabricant ne l’ enrichit pas. C’ est une atteinte au règlement NC 77 en vigueur au Cameroun. En fait, on a un opérateur véreux qui a voulu faire croire que l’ huile de soja commercialisée sous la marque que vous citez était bonne pour l’ assaisonnement, la friture et la
Business Management
AFRICA
Nov- Déc 2016
cuisson. C’ est extrêmement grave du point de vue de la santé. L’ huile de soja, qui est d’ origine américaine, est bonne pour la salade. C’ est pour cela que les Américains l’ appellent“ Salad Oil”. Elle ne doit surtout pas monter en température. Si non, elle devient cancérigène. Elle peut conduire au diabète et même à la stérilité », disserte-t-il devant les caméras de télévision. Il fait également savoir que l’ importateur n’ a pas payé les droits de douane. D’ où les prix bas qu’ il propose et la concurrence déloyale qu’ il impose aux producteurs locaux.
Après la conférence de presse, le SG de l’ Asroc saisit l’ Agence nationale des Normes et de la Qualité( ANOR) pour que la publicité mensongère s’ arrête. Car, c’ est cette institution qui a délivré à Coppeq Sarl le certificat de conformité. L’ ANOR envoie une lettre aux médias diffuseurs de la publicité. Le spot est retiré de l’ antenne.
Quand on lui demande de faire le bilan de son action à la tête de l’ exécutif de l’ Association des Raffineurs Oléagineux du Cameroun, celui qui est originaire de la ville de Dschang, à l’ Ouest du Cameroun, se dit satisfait. Il affirme par exemple que « les 20 000 tonnes d’ huiles raffinées qui entraient au Cameroun de façon presque irrégulière sont réduites aujourd’ hui à moins de 5 000 tonnes ». Il représente une filière qui a investi environ 650 milliards de F CFA et qui emploie 50 000 personnes.
Malgré les protestations de l’ importateur, le ministre du Commerce ordonne le retrait de ce produit du marché. Plus tard, toujours sur les pressions exercées par l’ Asroc, le Premier ministre, Phillemon Yang, ordonne au ministre des Finances de procéder à un redressement fiscal de l’ entreprise ayant frauduleusement importé Jadida. Coppeq Sarl est vaincue. Jacquis Kemleu remporte une grande victoire. Et il se fait l’ ennemi numéro un de tous ceux qui veulent suivre la voie de cette entreprise. Par la suite, il s’ attaque à d’ autres huiles non conformes et qui viennent systématiquement d’ ailleurs. Il pointe du doigt les « fonctionnaires véreux » qui menacent toute une filière en autorisant que ces « poisons » rentrent sur le marché national. « En plus, la santé des Camerounais se trouve menacée ». « Le ministère du Commerce est le gendarme du marché. Mais lorsque le produit frauduleux entre, c’ est la douane qui est