Business Management Africa - Novembre - Décembre 2016 Edition de Septembre 21016 | Page 33

Grand angle
Déclaration de Yamoussoukro, qui promeut une libéralisation du ciel africain. Pourquoi, d’ après vous, les Etats ont si peur d’ appliquer ce beau texte?
Parce que les compagnies aériennes étatiques en Afrique sont créées et subventionnées pour servir les intérêts de ceux qui sont au pouvoir. Si la zone CEMAC est incapable de se mettre ensemble pour une compagnie régionale, pourquoi est-ce que ces mêmes pays ne seraient pas réticents quant à l’ application de la Décision de Yamoussoukro?
En cas d’ application, quels en seraient les effets positifs pour les déplacements par avion à l’ intérieur du continent?
Si l’ application devient automatique et non sujette à une demande préalable, je crois que nous verrons une croissance du trafic intra-Africain de l’ ordre de 50 % par an sur au moins pendant 10 à 15 ans. Une étude faite en décembre 2015 par Inter Vistas Consulting prévoit une croissance de 6 millions à 11 millions de passagers entre 12 pays africains si la Décision de Yamoussoukro entre en vigueur.
Des pays craignent que l’ application de cette mesure ne profite davantage aux mastodontes européens. Cette opinion estelle fondée?
La Déclaration de Yamoussoukro est un accord entre 44 pays africains. Elle ne peut pas profiter aux Européens. Au contraire, aujourd’ hui pour aller en Egypte ou même des fois dans d’ autres pays voisins, nous sommes obligés de passer par l’ Europe. Cela ne devrait plus être le cas si nos gouvernements mettaient en œuvre cette promesse qu’ ils se sont mutuellement faite.
En dehors de la libéralisation du ciel africain, quels sont les autres obstacles au développement du transport aérien à l’ intérieur de l’ Afrique?

Cahier thématique

Il y a en général, une absence de vision et de volonté politique. Les pays qui ont réfléchi sur la chose et ont compris l’ intérêt de l’ aviation ont développé cette industrie chez eux sans avoir plus de moyens financiers ou humain que les autres.
Peut-on imaginer des alliances gigantesques entre compagnies africaines, à l’ instar de la Star Alliance dans le but de desservir uniquement les destinations du continent?
Dans quel but? La Star Alliance, Sky Team et One World sont présentes sur le continent. Ce sont des alliances globales qui ont un objectif global. Par contre, les compagnies africaines gagneraient à se mettre en alliance stratégique par rapport aux divers fournisseurs. Elles pourraient, au-delà de ce que l’ Association des compagnies aériennes africaines( AFRAA) est en train de mettre sur pieds, mettre en place de véritables centrales d’ achats et de distribution. S’ agissant des synergies « produits et destinations », il n’ y a pas grand intérêt en dehors de faire des vols en partage de code. Malheureusement, le protectionnisme ambiant dans beaucoup de nos pays ne permet même pas d’ envisager cela.
Une compagnie qui naît et qui ne se concentre que sur les vols domestiques ou régionaux peut-elle avoir une rentabilité sur le long terme?
Bien sûr. Une compagnie qui naît autrement n’ a aucune chance de survie sauf si elle a les moyens des compagnies du golfe. Il faut savoir que les dix routes les plus fréquentées du monde sont toutes des lignes domestiques avec Johannesburg – Cape Town qui culmine à 5 millions de passagers par an. Si au Cameroun, nous avions une vision un peu plus progressiste, nous pourrions bien désengorger l’ axe lourd Douala – Yaoundé et avoir des chiffres de 300 mille à 500 mille passagers par an entre ces deux villes.
La compagnie tanzanienne Low Cost Fastjet a un bel avenir selon J. Osih.
Business Managemen
AFRICA
t
Septembre 2016
33