Le contexte qui fait problème
Grand angle
Cahier thématique
Ecair - la compagnie qui veut desservir 15 destinations africaines .
Le contexte qui fait problème
Mais le véritable obstacle à l ’ application de cette mesure , d ’ après les acteurs de l ’ aviation africaine , demeure l ’ écart entre le contexte de son adoption et celui d ’ aujourd ’ hui . En effet , le document de Yamoussoukro est adopté dans un environnement où l ’ ensemble des compagnies africaines appartient aux Etats . Celles qui affichent de bons chiffres aujourd ’ hui ont des multinationales dans leur capital . Par exemple , le duo formé par Air France et KLM ( une compagnie néerlandaise ) détient la Kenya Airways à hauteur de 26,7 %, contre 29 % pour l ’ Etat kenyan . Au mois de juin 2016 , la compagnie , en pleine restructuration , a reçu plusieurs offres de rachat de la part des compagnies américaines et du Moyen Orient , a annoncé le ministre kenyan des Transports , James Macharia . L ’ ouverture , craignent les Etats , ne serait donc qu ’ une façon de rendre les multinationales extraafricaines plus obèses . Mais c ’ est davantage le caractère insécurisant de cette conséquence qui pousse les chefs d ’ Etat à rester fermes dans leur refus d ’ avancer .
Enfin , comme dans de nombreux domaines , les Africains peinent à s ’ associer . Dans le transport aérien , des alliances permettent de proposer un très grand nombre de destinations , de transporter le maximum de passagers , et donc d ’ être plus rentables . Grâce à Brussels Airlines , Ethiopian Airlines fait partie de la Star Alliance , à l ’ instar de 25 autres compagnies aériennes , pour 192 pays desservis au total . Air France a entrainé la Kenya Airways dans la Sky Team . Mais entre Africains , de tels mariages n ’ existent pas . Certes , l ’ Association des compagnies aériennes d ’ Afrique tente d ’ actionner le levier des « codesharing », en mettant sur pied , depuis 2015 , une cellule appelée « Route coordination network ». C ’ est un canal permettant aux compagnies du continent de mieux coordonner leurs lignes , afin de partager des tronçons ou encore ajuster les horaires des compagnies pour faciliter le voyage du passager qui souhaite faire une escale .
Cette mutualisation des efforts devra permettre aux vols sur le continent et même en dehors d ’ être moins coûteux et plus pratiques . En ligne de mire : l ’ amélioration du service des compagnies africaines . Il s ’ agit de leur point faible . Pour les spécialistes de l ’ aviation , si les compagnies africaines veulent assurément bénéficier de ce système de partage , elles doivent créer des hubs régionaux et nationaux . Elles transporteront alors le maximum de passagers , tout en continuant de développer de nouvelles lignes continentales . Les opportunités sont là . Les compagnies africaines ne les saisiront que si elles ont de bonnes stratégies . A condition que chacune sache qu ’ elle n ’ est pas le nombril du monde . Pour faire simple , il va falloir abandonner les fiertés nationales pour arriver à de puissantes alliances . Air Afrique , précisément , n ’ a pas survécu pour ces raisons . C ’ est aux Africains de faire en sorte que l ’ avion sorte du rayon des produits de luxe en Afrique .
Business Managemen
AFRICA
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Septembre 2016
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