Business Management Africa - Novembre - Décembre 2016 Edition de Septembre 21016 | Page 22

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Réussir sa carrière musicale, un bon manager et un arrimage au cyberespace comme piste

L’ on a célébré le 21 juin 2016 une édition supplémentaire de la fête de la musique. Une occasion pour nous de jeter un regard sur ce qu’ est devenu le marché mondial de cet art, à l’ épreuve des avancées technologiques. La logique en œuvre aujourd’ hui donne à voir une industrie musicale qui se professionnalise au niveau africain. Au plan mondial, des plateformes web ont réussi à briser les barrières de la distribution classique. Une mutation qui impose à
tous les artistes de chanter comme le monde attend. Pour y arriver, ils ont besoin d’ un guide averti. Un manager. Par Landry Pany NANKAP

«

I am a brand ». Ainsi s’ exclame un jeune artiste camerounais au cours d’ un concert à Bamenda, dans la région administrative du Nord-Ouest du Cameroun, en novembre 2013. Il s’ exprime après avoir retiré le branding d’ une entreprise brassicole qui longe l’ estrade. Ce qui lui vaut l’ étiquette d’ orgueilleux de la part de certains mélomanes. En fait, il se prend pour une marque. C’ est d’ ailleurs sous cette casquette que les voix de la musique percent dans le monde aujourd’ hui. Il est vrai qu’ un artiste est le « produit » d’ une maison de production ou d’ un label. Son style musical et son dressing doivent être uniques pour qu’ il puisse mieux se vendre. Pas seulement sur son territoire national. Mais dans le monde entier. Et surtout sur le cyberespace, espace caractérisé par l’ absence de frontières et une certaine exigence d’ un style « mondialisé ». Pour se rentabiliser comme marque dans un tel contexte, un artiste a besoin d’ un brand manager.
Le rôle de manager a un contenu précis dans le domaine de l’ art musical. C’ est « une personne qui en principe défend les intérêts d’ un artiste. C’ est en quelque sorte son conseil. Il s’ assure que sur le plan juridique, les droits de son protégé sont préservés. Dans certains cas, il peut être considéré comme
“ l’ ami” de l’ artiste. Bref, c’ est quelqu’ un à qui l’ artiste fait pleinement confiance », affirme Didier Kouamo, animateur à Radio Nostalgie de Douala et manager du rappeur camerounais Stanley
En Afrique, la compétence de manager s’ acquiert la plupart du temps sur le tas. Le contact peut s’ effectuer à partir d’ un proche à qui la « future star » fait pleinement confiance. Souvent, c’ est à un animateur de télévision ou de radio dont le programme a une forte audience que les débutants confient leur carrière d’ artiste-musicien.
Enow, un artiste devenu une star internationale, au point de se constituer en support de communication pour la marque Guinness. Ce dernier évolue sous le label Motherland Empire.
En Afrique, la compétence de manager- qui peut donc se confondre à l’ ami de l’ artiste- s’ acquiert la plupart du temps sur le tas. Le contact peut s’ effectuer à partir d’ un proche à qui la « future star » fait pleinement confiance. Souvent, c’ est à un animateur de télévision ou de radio dont le programme a une forte audience que les débutants confient leur carrière d’ artiste-musicien. « Ici chez nous, on n’ a pas la chance d’ avoir un institut qui forme à ce métier. Il y a trois ans, je deviens manager de Stanley Enow. Je suis donc contraint de me mettre à l’ école. Je me rapproche de certaines personnes pour espérer devenir un manager au sens plein du terme. C’ est d’ ailleurs l’ occasion pour moi de dire merci à une amie qui m’ a aidé dans ce sens, à savoir Magali Palmira », indique l’ homme qui accompagne Stanley Enow dans tous ses déplacements à l’ intérieur comme en dehors de leur base camerounaise.
Magali Palmira Wora. Partie du tas, elle est aujourd’ hui présidente de la Real Black Music et représentante pour l’ Afrique francophone des MTV Base Africa. Cette gabonaise passionnée de hip hop commence sa carrière de manager d’ artiste en 2001. Les rappeurs NGT et Naneth, avec qui elle fait la finale du prix Découvertes RFI en 2005, sont ses premiers produits. Elle affirme avoir eu des débuts difficiles. « Très peu d’ artistes africains mettent les managers à leur place réelle. Trop peu de managers savent réellement jouer ce rôle auprès des artistes », indique-t-elle. Mettre le manager à sa véritable place consiste à planifier, contrôler et orienter le quotidien de son poulain, pour ne pas dire du produit, afin qu’ il puisse se créer une image de marque qui le rendra plus populaire et donc rentable.
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