Business Management Africa - Novembre - Décembre 2016 Edition de Septembre 21016 | Page 11

Du Congo Kinshasa au Congo Brazzaville

Leaders

à l ’ encadrement des fillesmères . Puis , 06 avril 1994 . Le chef de l ’ Etat est assassiné . Le génocide déclenche . Hutu et Tutsi , les deux ethnies majoritaires du pays , règlent leurs animosités à machette et au canon , les uns contre les autres . L ’ ambiance est chaotique . Vers la fin , tous ceux qui ont collaboré avec l ’ ex-pouvoir , même sans prendre part aux massacres , ont un choix à faire : fuir ou mourir . En fin avril , Le sieur Vincent Ngiruwonsanga prend son épouse et ses enfants et engagent une course contre la montre à travers les brousses . En direction dans un premier temps de l ’ Est de la République démocratique du Congo .
Dans leur fuite à travers la RDC , Vincent Ngiruwonsanga et sa petite famille doivent surtout éviter de croiser ceux qui les cherchent . « Nous avons parcouru une bonne partie du pays dans les forêts . Je ne me rappelle plus des villes . Nous ne savions pas où nous allions . Et connaître les villes où nous étions , je
l ’ avoue , n ’ était pas notre priorité », affirme aujourd ’ hui le fils , Rémy Fabrice Nsabimana , avec une pointe d ’ humour . Le 18 juillet 1994 , la famille arrive à Bukavu . C ’ est désormais une bande de réfugiés , pas vraiment reconnus . Il faut donc aller plus loin . « Dans les camps de réfugiés , indique Rémy Fabrice Nsabimana , nous ne vivions pas , il s ’ agissait de survivre . Survivre aux maladies
, aux militaires qui tuaient hommes , femmes et enfants , officiellement pour traquer des ‘ génocidaires ’. Tous les jours , il fallait marcher . Ne surtout pas s ’ arrêter jusqu ’ au prochain camp ‘ sûr ’. Nous marchions jusqu ’ à ce que nos pieds gonflent . Nous n ’ avions ni nourriture ni eau potable . Nous mangions tout ce que nous trouvions sur notre chemin . Champs d ’ autochtones , nous ravagions tout ce qui
était comestible sur notre passage , telle une armée de sauterelles affamées . Souvent en conflit avec des populations locales qui nous prenaient pour des envahisseurs , nous ne dormions presque pas . Nous ne savions pas où nous allions . Ce qui est très désorientant . Démoralisant . Pour mon père , il fallait d ’ abord mettre la famille en sureté . Fuir les balles et nous mettre à l ’ abri ».
Du Congo Kinshasa au Congo Brazzaville
A force de marcher , le bataillon arrive à Pokola , au nord du Congo Brazzaville . C ’ est là que Rémy Fabrice Nsabimana débute ses études . Directement au CE1 , l ’ équivalent de la 05ème année d ’ étude , si on compte la maternelle . Et même le CM1 , il le saute . « Mon père trouvait que j ’ avais largement le niveau . C ’ était une perte de temps , disaitil . Et le temps , on en avait trop perdu », indique Nsabimana . Ce train à grande vitesse que le petit Rémy emprunte le largue à 11 ans en classe de 06ème . Mais la vie à Pokola n ’ est pas vraiment facile . Toute la famille traverse la frontière et se retrouve à Yaoundé , au Cameroun . Une fois sur place , les parents bénéficient de la générosité qui caractérisent les camerounais . On leur octroie des espaces pour faire de l ’ agriculture . Quant à leur troisième enfant , ils l ’ inscrivent dans un collège privé évangélique . Celuici passe le Brevet d ’ Etudes du premier cycle ( BEPC ) à 14 ans . Son avenir , il le voit dans les classes scientifiques . Sauf , qu ’ en migrant pour le lycée de Nkolbisson , il se pose un problème . Les classes scientifiques de 2nde affichent déjà pleines . Il va en 2nde littéraire ( A4 Espagnol ). Un choix provisoire , puisqu ’ il espère une
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