Dans les camps de réfugiés, indique Rémy Fabrice Nsabimana, nous ne vivions pas, il s’ agissait de survivre. Survivre aux maladies, aux militaires qui tuaient hommes, femmes et enfants, officiellement pour traquer des‘ génocidaires’. Tous les jours, il fallait marcher. Ne surtout pas s’ arrêter jusqu’ au prochain camp‘ sûr’. Nous marchions jusqu’ à ce que nos pieds gonflent. Nous n’ avions ni nourriture ni eau potable. Nous mangions tout ce que nous trouvions sur notre chemin. Champs d’ autochtones, nous ravagions tout ce qui était comestible sur notre passage, telle une armée de sauterelles affamées. |
Il y a des portraits difficiles à rédiger. Oui, vraiment difficiles. Surtout, quand il faut ramener le lectorat sur les sentiers de l’ événement qui endeuille le Rwanda en avril 1994, le génocide. Et qui force un enfant de 02 ans à fuir à travers les brousses de la République démocratique du Congo, sans vraiment savoir où il va. Sans savoir.
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ce qu’ il mange. Sans s’ imaginer vivant le lendemain. Sans même vraiment demander à son père à quand le répit. Juste une envie de fuir les balles qui sifflotent. Avec ses frères et sœurs. Le bataillon arrive à Yaoundé, via le Congo Brazzaville. Et respire enfin l’ air de la paix. Et peut enfin vivre, après avoir survécu. Et pour le petit génie de la famille, l’ éducation |
prend un train à grande vitesse. Au point, qu’ à 17 ans, il est bachelier. A 19 ans, présentateur d’ un programme à succès sur la chaine de télévision VoxAfrica. Et à 22 ans, grande voix des matinales d’ information sur la British Broadcasting Corporation, antenne Afrique. Une fois qu’ on a dit tout cela, on peut rentrer en profondeur dans la vie de Rémy Fabrice Nsabimana, un tueur du microphone qui ne fait pas vraiment son âge. Et qui rêve de lancer des startups pour résoudre des problèmes précis. Peut-être au Rwanda.
17 mars 1992. Cyangugu, à l’ ouest du Rwanda. Le troisième fils de Vincent Ngiruwonsanga et d’ Eleda Mukakabera, tous Hutu, vient au monde. Monsieur est alors, et ce, depuis 1991, bourgmestre- l’ équivalent de maire dans l’ administration belge- de la commune de Nyabisindu, une ville du sud du pays à l’ époque dirigé par Juvénal Habyarimana. En 1993, Vincent Ngiruwonsanga est détaché au bureau du personnel au ministère de la Justice. Quant à son épouse, elle a un poste d’ assistante sociale au centre le Bon Pasteur de Kigali, réservé
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