BCarlington News Magazine 6 | Page 67

détendre Dimitry qui serra la main que le maître

du Lagon lui présentait.

– Bien, c’était plus rapide que d’habitude. Qui

dois-je remercier, vous ou Moira ?

Les joues d’Dimitry se colorèrent légèrement.

– Nous avons travaillé conjointement.

– Conjointement, hein ?

Le coup d’œil goguenard que s’échangèrent Lee

et Lysandro fit rougir le pauvre secrétaire

jusqu’aux oreilles. Ils éclatèrent de rire devant

l’embarras du jeune homme avant que Lysandro

ne passe un bras autour de ses épaules et ne

l’entraîne vers le petit salon. Ils s’installèrent

tous les trois :

– Racontez-nous ce que vous avez découvert.

– Vous n’allez pas lire le dossier ?

– Non. Alors ?

Dimitry prit une profonde inspiration.

– Eh bien… À part ce que j’ai déjà pu dire à votre

associé, dit-il en désignant Lee, il n’y a presque

rien de plus.

Lysandro se redressa.

– Comment ça ?

– En fait, dans le dossier, vous avez toutes les

informations relatives à sa naissance, sa

scolarité, son adolescence, ses études… D’un

point de vue personnel, quelques aventures avec

des hommes ou des femmes mais rien qui ne

sorte de l’ordinaire. Même son casier judiciaire

est vierge. Pas une seule contravention. Et j’ai

vérifié secteur par secteur.

Lee et Lysandro échangèrent un regard et

Dimitry reprit.

– Je sais, cela paraît étrange mais le passé de ce

type est lisse et sans tâche.

Un silence s’installa entre les trois hommes

jusqu’à ce que Lysandro le brise.

– Donc rien n’empêche monsieur Farmand de

devenir client.

Dimitry se redressa.

– Je ne voudrais pas m’immiscer dans votre

commerce mais, étant donné ce que madame

Kralova m’a dit, je pense que monsieur Farmand

n’a pas sa place dans votre carnet de clientèle.

Un rictus amusé étira les lèvres de Lysandro et

son regard se posa sur Lee.

– C’est qu’il parle vraiment bien. Tu penses que

je pourrais le débaucher à Moira pour en faire

mon porte-parole ?

La réaction du jeune homme ne se fit pas

attendre.

– Non, mais je… Enfin…

Lysandro le coupa :

– Ne t’en fais pas, je plaisantais mais qu’est-ce qui

te fais penser qu’accepter Farmand n’est pas une

bonne idée ?

Le jeune homme se tut un moment, une main

posée sur sa joue, réfléchissant à sa réponse

pourtant :

– Je ne sais pas… Plus j’en sais sur cet homme,

moins je lui fais confiance. C’est trop lisse.

Soudain, Dimitry s’arrêta et se leva puis s’inclina

devant Lysandro.

– Excusez-moi, j’ai outrepassé mes droits. Je vais

prendre congé, madame Kralova m’attend.

Lysandro et Lee se levèrent à leur tour et lui

serrèrent la main avant que le secrétaire ne

prenne congés.

– Ce petit a de l’avenir.

Lee se tourna vers son patron.

– Alors, tu vas accepter ce Farmand malgré tout ?

– Pas le choix. Je le dois à David et je n’ai rien à

lui opposer pour le refuser.

– Tu vas le regretter, Lysandro.

– J’espère que non…

Le chinois récupéra le dossier et sortit du bureau.

*

Les deux premières soirées prévues se passèrent

sans accroches. Akira n’était que le jeune

étudiant en 4e année aux Beaux-arts qu’il était

le jour et ils oublièrent totalement sa vie

nocturne. Ils croisèrent bien un de ses anciens

clients qui essaya de faire jouer cette relation

jusqu’à ce que Akira lui rappelle qu’il regretterait

certainement que certains détails lâchés sur

l’oreiller finissent dans la presse. Ils avaient ainsi

gagné leur paix et jouirent tranquillement de

leurs deux soirées. Amara était ravie de la culture

et de l’humour piquant du jeune homme. Akira

apprenait qu’une femme pouvait avoir autant

d’attraits qu’un homme, ce qui le changeait, lui

qui n’avait toujours vu en une femme que l’amie

ou la sœur.

Anna, évidemment, n’était pas invitée à ces

soirées et profitait de ses vacances pour visiter

la colonie en compagnie de Gaël qui ne la lâchait

pas d’une semelle tandis que son compagnon

s’occupait d’Akira. Tokyo offrait un large choix de

jardins et de monuments à la gloire de l’art que

la jeune femme s’empressa de visiter au pas de

course, pour en voir le plus possible avant de

rentrer à Néo-Paris. C’était la première fois

qu’elle mettait les pieds à l’étranger et son air

d’enfant émerveillé amusa beaucoup Gaël qui