détendre Dimitry qui serra la main que le maître
du Lagon lui présentait.
– Bien, c’était plus rapide que d’habitude. Qui
dois-je remercier, vous ou Moira ?
Les joues d’Dimitry se colorèrent légèrement.
– Nous avons travaillé conjointement.
– Conjointement, hein ?
Le coup d’œil goguenard que s’échangèrent Lee
et Lysandro fit rougir le pauvre secrétaire
jusqu’aux oreilles. Ils éclatèrent de rire devant
l’embarras du jeune homme avant que Lysandro
ne passe un bras autour de ses épaules et ne
l’entraîne vers le petit salon. Ils s’installèrent
tous les trois :
– Racontez-nous ce que vous avez découvert.
– Vous n’allez pas lire le dossier ?
– Non. Alors ?
Dimitry prit une profonde inspiration.
– Eh bien… À part ce que j’ai déjà pu dire à votre
associé, dit-il en désignant Lee, il n’y a presque
rien de plus.
Lysandro se redressa.
– Comment ça ?
– En fait, dans le dossier, vous avez toutes les
informations relatives à sa naissance, sa
scolarité, son adolescence, ses études… D’un
point de vue personnel, quelques aventures avec
des hommes ou des femmes mais rien qui ne
sorte de l’ordinaire. Même son casier judiciaire
est vierge. Pas une seule contravention. Et j’ai
vérifié secteur par secteur.
Lee et Lysandro échangèrent un regard et
Dimitry reprit.
– Je sais, cela paraît étrange mais le passé de ce
type est lisse et sans tâche.
Un silence s’installa entre les trois hommes
jusqu’à ce que Lysandro le brise.
– Donc rien n’empêche monsieur Farmand de
devenir client.
Dimitry se redressa.
– Je ne voudrais pas m’immiscer dans votre
commerce mais, étant donné ce que madame
Kralova m’a dit, je pense que monsieur Farmand
n’a pas sa place dans votre carnet de clientèle.
Un rictus amusé étira les lèvres de Lysandro et
son regard se posa sur Lee.
– C’est qu’il parle vraiment bien. Tu penses que
je pourrais le débaucher à Moira pour en faire
mon porte-parole ?
La réaction du jeune homme ne se fit pas
attendre.
– Non, mais je… Enfin…
Lysandro le coupa :
– Ne t’en fais pas, je plaisantais mais qu’est-ce qui
te fais penser qu’accepter Farmand n’est pas une
bonne idée ?
Le jeune homme se tut un moment, une main
posée sur sa joue, réfléchissant à sa réponse
pourtant :
– Je ne sais pas… Plus j’en sais sur cet homme,
moins je lui fais confiance. C’est trop lisse.
Soudain, Dimitry s’arrêta et se leva puis s’inclina
devant Lysandro.
– Excusez-moi, j’ai outrepassé mes droits. Je vais
prendre congé, madame Kralova m’attend.
Lysandro et Lee se levèrent à leur tour et lui
serrèrent la main avant que le secrétaire ne
prenne congés.
– Ce petit a de l’avenir.
Lee se tourna vers son patron.
– Alors, tu vas accepter ce Farmand malgré tout ?
– Pas le choix. Je le dois à David et je n’ai rien à
lui opposer pour le refuser.
– Tu vas le regretter, Lysandro.
– J’espère que non…
Le chinois récupéra le dossier et sortit du bureau.
*
Les deux premières soirées prévues se passèrent
sans accroches. Akira n’était que le jeune
étudiant en 4e année aux Beaux-arts qu’il était
le jour et ils oublièrent totalement sa vie
nocturne. Ils croisèrent bien un de ses anciens
clients qui essaya de faire jouer cette relation
jusqu’à ce que Akira lui rappelle qu’il regretterait
certainement que certains détails lâchés sur
l’oreiller finissent dans la presse. Ils avaient ainsi
gagné leur paix et jouirent tranquillement de
leurs deux soirées. Amara était ravie de la culture
et de l’humour piquant du jeune homme. Akira
apprenait qu’une femme pouvait avoir autant
d’attraits qu’un homme, ce qui le changeait, lui
qui n’avait toujours vu en une femme que l’amie
ou la sœur.
Anna, évidemment, n’était pas invitée à ces
soirées et profitait de ses vacances pour visiter
la colonie en compagnie de Gaël qui ne la lâchait
pas d’une semelle tandis que son compagnon
s’occupait d’Akira. Tokyo offrait un large choix de
jardins et de monuments à la gloire de l’art que
la jeune femme s’empressa de visiter au pas de
course, pour en voir le plus possible avant de
rentrer à Néo-Paris. C’était la première fois
qu’elle mettait les pieds à l’étranger et son air
d’enfant émerveillé amusa beaucoup Gaël qui