BCarlington News Magazine 6 | Page 68

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avait déjà suivi son patron dans plusieurs

déplacements à travers le monde.

Lors de chacune des soirées, elle attendait

fébrilement le retour de ses amis, et dès qu’ils

se séparaient pour la nuit, elle infiltrait la

chambre d’Amara pour avoir les détails et juste

après, elle filait droit vers celle d'Akira pour

savoir comment cela s’était passé pour lui.

Le dernier soir, Amara avait sorti sa plus belle

robe : un long fourreau noir bustier dont la jupe

s’ouvrait sur le côté gauche jusqu’en haut de sa

cuisse. Ses jambes étaient mises en valeur par

des sandales pourvu talons vertigineux et son

cou et ses épaules étaient libres de ses cheveux

qu’elle avait remontées un chignon compliqué.

De son côté, Akira portait le costume en soie

noire que Lysandro avait expressément

demandé : une tunique longue à col mao, ouverte

sur les côtés jusqu’à la taille, sur un pantalon à

pince. La tunique était brodée de motifs abstraits

en fil d’argent qui rappelaient les différents

bijoux de sa cavalière. Ils firent sensation en

arrivant au palais du gouverneur, les hommes se

retournant sur Amara et les femmes regardant

discrètement le magnifique jeune homme qui

l’accompagnait.

La soirée fut aussi agréable que les précédentes,

le jeune homme laissant à sa compagne tout le

côté diplomatique de l’événement, se

contentant de placer quelques bons mots et de

s’assurer que la jeune femme était toujours

servie dès qu’elle le désirait.

Vers minuit, alors que les premiers invités

partaient, Akira invita Amara à l’accompagner

dehors pour profiter du jardin à la française du

palais. Une petite balade au clair de lune au

milieu des roses phosphorescentes, création

d’un amoureux des roses pour l’impératrice dont

il était secrètement épris, pour se détendre un

peu avant de rentrer. L’un comme l’autre était

conscient, peut-être un peu trop d’ailleurs, que

c’était leur dernier moment ensemble. Dès le

lendemain, Akira rentrait avec Anna et les gardes

tandis qu’Amara continuerait sa visite

diplomatique et ne rentrerait que le

surlendemain à Neo-Paris.

En silence, ils déambulèrent tranquillement

durant une bonne dizaine de minutes, jusqu’à ce

que la jeune femme brise la quiétude du

moment :

– Vous avez été d’une compagnie vraiment

agréable.

Akira s’arrêta sans qu’elle ne s’en aperçoive et il

la regarda continuer à onduler tranquillement

entre les rosiers.

Oui, lui aussi avait passé de délicieux moments

en sa compagnie et il regrettait que cela prenne

déjà fin. Et alors qu’il la regardait partir, pour la

première fois de sa vie, le corps d’une femme

éveilla le désir au creux de son ventre. L’espace

d’une seconde, alors que les roses faisaient

scintiller ses cheveux blonds, il l’imagina nue,

juste parée de ses bijoux qui semblaient

illuminer sa peau, lui la caressant doucement,

elle, soupirant sous ses mains.

Amara finit par se rendre compte qu’il n’étaitplus

à ses côtés. Elle s’arrêta à son tour et se tourna.

Il avait encore ce regard intense, abrité de ses

mèches noires et elle eut l’impression qu’il la

dévorait vive. Elle réprima le frisson de désir qui

la menaçait, comme elle l’avait fait tant de fois

depuis qu’elle était en sa compagnie et lui parla :

– Ça ne va pas ?

Akira secoua la tête, se sortant brusquement de

sa rêverie inutile, – était-il seulement capable de

faire naître le plaisir dans le sein d’une femme ?

– et il se redressa, lui adressant un sourire un peu

idiot.

– Vous êtes l’une des plus belles femmes que je

n’ai jamais vues.

Un sourire un peu hésitant se dessina sur les

lèvres d’Amara alors qu’elle voyait le feu

déserter les pupilles noires.

– Vous êtes un vil flatteur, l’accusa-t-elle,

essayant de se persuader qu’elle avait imaginé

les prémices du désir qu’il semblait y avoir entre

eux.

Après tout, elle s’était renseignée auprèsd’Anna :

Akira faisait partie des hôtes réservés aux

hommes. Et elle n’avait rien d’un homme.

Ils éclatèrent de rire, peut-être un peu trop vite,

peut-être que cela sonna un peu faux, mais le

léger malaise qui planait au-dessus d’eux se

dissipa et ils décidèrent de rentrer.

Ni l’un ni l’autre ne parla de cet épisodetroublant

à Anna qui les bombarda de questions dès qu’ils

eurent passé la porte de leur chambre respective

et Akira quitta Tokyo en compagnie d’Anna et des

deux gardes sans avoir revu Amara.

à suivre.