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avait déjà suivi son patron dans plusieurs
déplacements à travers le monde.
Lors de chacune des soirées, elle attendait
fébrilement le retour de ses amis, et dès qu’ils
se séparaient pour la nuit, elle infiltrait la
chambre d’Amara pour avoir les détails et juste
après, elle filait droit vers celle d'Akira pour
savoir comment cela s’était passé pour lui.
Le dernier soir, Amara avait sorti sa plus belle
robe : un long fourreau noir bustier dont la jupe
s’ouvrait sur le côté gauche jusqu’en haut de sa
cuisse. Ses jambes étaient mises en valeur par
des sandales pourvu talons vertigineux et son
cou et ses épaules étaient libres de ses cheveux
qu’elle avait remontées un chignon compliqué.
De son côté, Akira portait le costume en soie
noire que Lysandro avait expressément
demandé : une tunique longue à col mao, ouverte
sur les côtés jusqu’à la taille, sur un pantalon à
pince. La tunique était brodée de motifs abstraits
en fil d’argent qui rappelaient les différents
bijoux de sa cavalière. Ils firent sensation en
arrivant au palais du gouverneur, les hommes se
retournant sur Amara et les femmes regardant
discrètement le magnifique jeune homme qui
l’accompagnait.
La soirée fut aussi agréable que les précédentes,
le jeune homme laissant à sa compagne tout le
côté diplomatique de l’événement, se
contentant de placer quelques bons mots et de
s’assurer que la jeune femme était toujours
servie dès qu’elle le désirait.
Vers minuit, alors que les premiers invités
partaient, Akira invita Amara à l’accompagner
dehors pour profiter du jardin à la française du
palais. Une petite balade au clair de lune au
milieu des roses phosphorescentes, création
d’un amoureux des roses pour l’impératrice dont
il était secrètement épris, pour se détendre un
peu avant de rentrer. L’un comme l’autre était
conscient, peut-être un peu trop d’ailleurs, que
c’était leur dernier moment ensemble. Dès le
lendemain, Akira rentrait avec Anna et les gardes
tandis qu’Amara continuerait sa visite
diplomatique et ne rentrerait que le
surlendemain à Neo-Paris.
En silence, ils déambulèrent tranquillement
durant une bonne dizaine de minutes, jusqu’à ce
que la jeune femme brise la quiétude du
moment :
– Vous avez été d’une compagnie vraiment
agréable.
Akira s’arrêta sans qu’elle ne s’en aperçoive et il
la regarda continuer à onduler tranquillement
entre les rosiers.
Oui, lui aussi avait passé de délicieux moments
en sa compagnie et il regrettait que cela prenne
déjà fin. Et alors qu’il la regardait partir, pour la
première fois de sa vie, le corps d’une femme
éveilla le désir au creux de son ventre. L’espace
d’une seconde, alors que les roses faisaient
scintiller ses cheveux blonds, il l’imagina nue,
juste parée de ses bijoux qui semblaient
illuminer sa peau, lui la caressant doucement,
elle, soupirant sous ses mains.
Amara finit par se rendre compte qu’il n’étaitplus
à ses côtés. Elle s’arrêta à son tour et se tourna.
Il avait encore ce regard intense, abrité de ses
mèches noires et elle eut l’impression qu’il la
dévorait vive. Elle réprima le frisson de désir qui
la menaçait, comme elle l’avait fait tant de fois
depuis qu’elle était en sa compagnie et lui parla :
– Ça ne va pas ?
Akira secoua la tête, se sortant brusquement de
sa rêverie inutile, – était-il seulement capable de
faire naître le plaisir dans le sein d’une femme ?
– et il se redressa, lui adressant un sourire un peu
idiot.
– Vous êtes l’une des plus belles femmes que je
n’ai jamais vues.
Un sourire un peu hésitant se dessina sur les
lèvres d’Amara alors qu’elle voyait le feu
déserter les pupilles noires.
– Vous êtes un vil flatteur, l’accusa-t-elle,
essayant de se persuader qu’elle avait imaginé
les prémices du désir qu’il semblait y avoir entre
eux.
Après tout, elle s’était renseignée auprèsd’Anna :
Akira faisait partie des hôtes réservés aux
hommes. Et elle n’avait rien d’un homme.
Ils éclatèrent de rire, peut-être un peu trop vite,
peut-être que cela sonna un peu faux, mais le
léger malaise qui planait au-dessus d’eux se
dissipa et ils décidèrent de rentrer.
Ni l’un ni l’autre ne parla de cet épisodetroublant
à Anna qui les bombarda de questions dès qu’ils
eurent passé la porte de leur chambre respective
et Akira quitta Tokyo en compagnie d’Anna et des
deux gardes sans avoir revu Amara.
à suivre.