BCarlington News Magazine 6 | Page 66

egard noir le déprimait.

– Et il a un nom ce prince charmant ?

– Louis, c’est tout ce que je sais.

Soupirant discrètement, Cordan se leva de sa

chaise, signifiant que l’interrogatoire était

terminé.

– Je vous remercie madame Corciano. Votre aide

nous a été précieuse. Je vous laisse mon numéro

de téléphone, dit-il en lui tendant une petite

carte. N’hésitez pas à m’appeler si quelque chose

vous revenez.

– Bien sûr inspecteur, répondit-elle simplement.

Suivant l’exemple de l’inspecteur, elle se leva à

son tour.

– Dîtes…

– Oui ?

– Quand est-ce que je pourrais récupérer le corps

de mon mari ? Pour les obsèques.

– D’ici un ou deux jours madame.

– Merci.

Puis elle sortit, sans un regard en arrière.

Cordan se rassit lourdement sur sa chaise. C’était

une sombre affaire, il le savait, il le sentait aux

creux de ses entrailles, mais il avait les mains

liées et devait se contenter des chemins

détournés pour avancer. Cela l’agaçait au plus

haut point ! Parfois, il hésitait à faire un petit

dossier aux médias et les laisser répandre la lie,

juste pour voir ce qu’il en sortirait.

*

Le lendemain, en début d’après-midi, un jeune

homme un peu craintif poussa la porte de

l’Orchidée. Son visage, marqué d’une cicatrice

sous l’œil gauche, exprimait une innocence telle

qu’elle en était déplacée dans un établissement

comme l’Orchidée. De courts cheveux blonds

vénitiens balayaient son visage d’ange et un

sourire candide faisait briller ses yeux verts et il

portait, sous son bras, un épais dossier.

Un autre jeune homme, assis au bar, l’observa

quelques instants et le voyant regarder à droite

et à gauche comme s’il cherchait quelqu’un, il se

décida à aller à sa rencontre.

– Je peux vous aider ?

L’autre se fendit d’un sourire reconnaissant et lui

tendit la main.

– Je suis Dimitry Warren et je souhaiterais voir

monsieur Chang.

– Samuel Stoneberg, répondit le jeune homme en

attrapant la main tendue qu’il serra brièvement.

Allez vous asseoir au bar, je le préviens que vous

êtes là.

Dimitry s’exécuta sous le regard méfiant de

Samuel qui leva le nez vers le plafond.

– Emi, y a un type qui veut voir Lee, il dit s’appeler

Dimitry Warren.

– Oui, répondit l’I.A., je préviens monsieur Chang.

Il y eut un bref moment de silence avant que la

voix désincarnée d’Emi résonne de nouveau

dans la salle de restaurant vide.

– Amenez-le, s’il vous plaît.

– Okay.

Samuel retourna au bar et enjoignit l’étranger à

le suivre. Ils montèrent à l’avant-dernier étage

où se situait le bureau du patron et avant que

Samuel n’ait pu frapper à la porte, elle s’ouvrit,

laissant le passage à un homme immense, à la

peau noire, qui dut se baisser pour ne pas se

cogner à l’encadrement. Le sourire presque

bestial qu’il affichait fit frissonner les deux

jeunes hommes dans le couloir, l’un de peur et

l’autre d’excitation. Le regard noir d’encre se

posa sur Dimitry.

– Le patron t’attend.

Puis il l’ignora superbement, ne se souciant que

de Samuel dont les yeux verts s’étaient illuminés

de désir. Il laissa le passage à Dimitry et vint

attraper l’autre jeune homme par les fesses qu’il

hissa dans ses bras sans aucune difficulté.

Oubliant qu’ils n’étaient pas seuls, ils

s’embrassèrent voracement, faisant rougir

jusqu’aux oreilles le pauvre Dimitry qui entra

précipitamment dans le bureau. Il ferma la porte

d’un coup sec et se retrouva devant deux paires

d’yeux qui n’avaient rien de plus chaleureux que

le regard glacial que l’homme qui venait de sortir

avait posé sur lui. L’un noir qui ressemblait

furieusement à ceux de Moira et l’autre, gris

acier, qui le glaça de peur.

– Heu… Bonjour, je suis Dimitry Warren. J’amène

le dossier sur Louis Farmand.

L’Asiatique s’avança vers lui et il résista à l’envie

de se tasser sur lui-même.

– Ah Dimitry ! Je suis Lee Chang.

Aussitôt, le jeune homme se détendit

sensiblement bien que certains de ses nerfs

étaient encore bien conscients de la présence

intimidante de l’autre homme. Pourtant, il se

tourna vers lui.

– Et vous devez être monsieur de Trincavel.

Lysandro se leva et fit le tour de son bureau.

– Et vous devez être le nouveau secrétaire de

Moira.

Le sourire qu’afficha Lysandro acheva de