BCarlington News Magazine 6 | Page 65

– Tout va bien là-haut ? Demanda la voix

numérisée de Franz.

– A part que j’étouffe ? Ouais, aucun problème !

Répondit le jeune homme, tout en s’essuyant le

front d’un revers de manche.

– Bien !

Puis le grésillement disparut et Lorenzo se

retrouva de nouveau seul sur son perchoir.

S’ennuyant à mourir, il sortit sa tablette qu’il

avait prise soin de prendre avec lui et ouvrit un

des nombreux livres qu’il avait téléchargé. Il

aurait bien joué en ligne mais le réseau marchait

difficilement ici. Il était bourré de parasites et il

peinait à faire la moindre action.

Durant des heures il lisait tout en jetant qu’un

bref coup d’œil à l’écran de l’IA qui gérait

l’extraction pour s’assurer que tout allait bien.

On ne viendrait le chercher que vers 19h,

quelques heures à peine avant le coucher du

soleil.

En fin d’après-midi, son oreillette grésilla. Le

jeune homme tendit l’oreille mais la voix de

Franz ne lui parvint pas. Surpris, il appuya sur

l’appareil et appela son chef.

– Un problème gamin ?

La question prit Lorenzo au dépourvu.

– Eh bien non… Mais.. Je n’ai pas entendu ce que

vous venez de dire.

– Je ne t’ai pas contacté, répondit Franz après un

bref silence. Tu as entendu quelque chose ?

– Non ! Non, juste que ça a grésillé, comme quand

vous essayez de me contacter.

– C’est rien ! Ça arrive, y a pas mal de parasites en

ce moment.

– Ouais, j’ai remarqué.

– Bien… On va pas tarder à venir te chercher.

– Okay !

La communication coupa, laissant le jeune

homme perplexe. Il n’était pas un roi de

l’informatique, mais il s’y connaissait un peu et

ne voyait pas bien ce qui, en plein désert, pouvait

générer ces parasites. Peut-être était-ce dû aux

mines ? L’adamantane était connu et exploité

pour sa haute conductivité et sa capacité de

résonance.

*

On avait mis la main sur la femme de Corciano.

La petite qui s’appelait bien Marie Chavers

n’était en rien liée à la Guilde de l’Industrie et de

la Technologie. C’était une petite fleuriste,

affiliée à la Guilde du Commerce. C’était dans le

cadre d’une association d’aide aux détenus

qu’elle avait rencontré Corciano et qu’elle était

tombée sous le charme de l’ancien criminel. On

pouvait bien dire ce qu’on lui voulait, elle était

persuadée que tout le monde avait droit à une

seconde chance, y compris un type comme

Corciano.

On la conduisit à l’inspecteur Cordan, dans son

bureau du 12e secteur. C’était un petit bout de

femme, brune aux yeux verts, à la personnalité

effacée. Elle était toute vêtue de noire et portait

sans cesse un mouchoir à son visage pour

essuyer ses larmes.

– Je vous jure inspecteur que j’ignorais qu’il

s’était évadé, chouina-t-elle dans son mouchoir.

Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis des mois !

Il m’a interdit de venir le voir à la prison et depuis,

plus rien !

Cordan l’observait avec attention. Les petites

mains tremblaient et les yeux étaient rougis et

cernés. Soit elle était vraiment éplorée, soit

c’était une actrice de premier ordre ! Et depuis

une heure qu’il l’interrogeait, elle n’avait pas

variée d’un iota de son histoire, peu importe

l’angle par lequel il attaquait. Il en arrivait à la

conclusion qu’elle ne mentait pas.

– Très bien madame. Je vous crois. Juste une

dernière chose : y a-t-il la moindre chose sortant

de l’ordinaire qui vous soit arrivée depuis que

votre mari vous a interdit de venir à la prison ?

La petite brune le regarda un instant, prise au

dépourvu. Puis se mit à réfléchir sérieusement à

la question. L’inspecteur la prit en pitié. Cette

femme était l’exemple type de celle qui veut

bien faire. Il la regarda se creuser les méninges

pendant de longues minutes, son visage plissé

par une intense réflexion.

– Eh bien… Non, je ne vois pas. – Elle se mit à

glousser brusquement et ses joues reprirent un

peu de couleur.- Si, il y a bien ce nouveau client,

charmant hein !, qui me drague, mais je suppose

que ce n’est pas de ce genre de chose dont vous

voulez parler ?

– Allez savoir, soupira Cordan qui, dans ces

moments-là, sentait le poids de l’âge sur ses

épaules. À quoi ressemble-t-il ?

– Il est grand, beau garçon, cheveux châtains

assez courts, les yeux noisettes. Gentil avec ça et

il doit bien gagner sa vie puisqu’il vient me

prendre un bouquet de roses une fois par

semaine.

Oh qu’il tardait à l’inspecteur de prendre sa

retraite. L’espoir innocent qu’il lisait dans le