– Tout va bien là-haut ? Demanda la voix
numérisée de Franz.
– A part que j’étouffe ? Ouais, aucun problème !
Répondit le jeune homme, tout en s’essuyant le
front d’un revers de manche.
– Bien !
Puis le grésillement disparut et Lorenzo se
retrouva de nouveau seul sur son perchoir.
S’ennuyant à mourir, il sortit sa tablette qu’il
avait prise soin de prendre avec lui et ouvrit un
des nombreux livres qu’il avait téléchargé. Il
aurait bien joué en ligne mais le réseau marchait
difficilement ici. Il était bourré de parasites et il
peinait à faire la moindre action.
Durant des heures il lisait tout en jetant qu’un
bref coup d’œil à l’écran de l’IA qui gérait
l’extraction pour s’assurer que tout allait bien.
On ne viendrait le chercher que vers 19h,
quelques heures à peine avant le coucher du
soleil.
En fin d’après-midi, son oreillette grésilla. Le
jeune homme tendit l’oreille mais la voix de
Franz ne lui parvint pas. Surpris, il appuya sur
l’appareil et appela son chef.
– Un problème gamin ?
La question prit Lorenzo au dépourvu.
– Eh bien non… Mais.. Je n’ai pas entendu ce que
vous venez de dire.
– Je ne t’ai pas contacté, répondit Franz après un
bref silence. Tu as entendu quelque chose ?
– Non ! Non, juste que ça a grésillé, comme quand
vous essayez de me contacter.
– C’est rien ! Ça arrive, y a pas mal de parasites en
ce moment.
– Ouais, j’ai remarqué.
– Bien… On va pas tarder à venir te chercher.
– Okay !
La communication coupa, laissant le jeune
homme perplexe. Il n’était pas un roi de
l’informatique, mais il s’y connaissait un peu et
ne voyait pas bien ce qui, en plein désert, pouvait
générer ces parasites. Peut-être était-ce dû aux
mines ? L’adamantane était connu et exploité
pour sa haute conductivité et sa capacité de
résonance.
*
On avait mis la main sur la femme de Corciano.
La petite qui s’appelait bien Marie Chavers
n’était en rien liée à la Guilde de l’Industrie et de
la Technologie. C’était une petite fleuriste,
affiliée à la Guilde du Commerce. C’était dans le
cadre d’une association d’aide aux détenus
qu’elle avait rencontré Corciano et qu’elle était
tombée sous le charme de l’ancien criminel. On
pouvait bien dire ce qu’on lui voulait, elle était
persuadée que tout le monde avait droit à une
seconde chance, y compris un type comme
Corciano.
On la conduisit à l’inspecteur Cordan, dans son
bureau du 12e secteur. C’était un petit bout de
femme, brune aux yeux verts, à la personnalité
effacée. Elle était toute vêtue de noire et portait
sans cesse un mouchoir à son visage pour
essuyer ses larmes.
– Je vous jure inspecteur que j’ignorais qu’il
s’était évadé, chouina-t-elle dans son mouchoir.
Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis des mois !
Il m’a interdit de venir le voir à la prison et depuis,
plus rien !
Cordan l’observait avec attention. Les petites
mains tremblaient et les yeux étaient rougis et
cernés. Soit elle était vraiment éplorée, soit
c’était une actrice de premier ordre ! Et depuis
une heure qu’il l’interrogeait, elle n’avait pas
variée d’un iota de son histoire, peu importe
l’angle par lequel il attaquait. Il en arrivait à la
conclusion qu’elle ne mentait pas.
– Très bien madame. Je vous crois. Juste une
dernière chose : y a-t-il la moindre chose sortant
de l’ordinaire qui vous soit arrivée depuis que
votre mari vous a interdit de venir à la prison ?
La petite brune le regarda un instant, prise au
dépourvu. Puis se mit à réfléchir sérieusement à
la question. L’inspecteur la prit en pitié. Cette
femme était l’exemple type de celle qui veut
bien faire. Il la regarda se creuser les méninges
pendant de longues minutes, son visage plissé
par une intense réflexion.
– Eh bien… Non, je ne vois pas. – Elle se mit à
glousser brusquement et ses joues reprirent un
peu de couleur.- Si, il y a bien ce nouveau client,
charmant hein !, qui me drague, mais je suppose
que ce n’est pas de ce genre de chose dont vous
voulez parler ?
– Allez savoir, soupira Cordan qui, dans ces
moments-là, sentait le poids de l’âge sur ses
épaules. À quoi ressemble-t-il ?
– Il est grand, beau garçon, cheveux châtains
assez courts, les yeux noisettes. Gentil avec ça et
il doit bien gagner sa vie puisqu’il vient me
prendre un bouquet de roses une fois par
semaine.
Oh qu’il tardait à l’inspecteur de prendre sa
retraite. L’espoir innocent qu’il lisait dans le