– Vous vous jouez de moi !!
Il se recula et s’inclina.
– Me voilà démasqué. Cette fois, un grand sourire
mangeait son visage. Mais vous êtes si
séduisante, les joues parées de rouge.
Il y eut une seconde de flottement où Amara le
regarda avec des yeux ronds puis elle éclata de
rire.
– Vous êtes exactement l’homme qu’il me fallait.
– Ravi de l’entendre, je m’en serais voulu de vous
décevoir.
Il lui fit un clin d’œil et se retira dans la chambre
qui lui était attribuée. Quelques secondes plus
tard, Anissa sortit de sa chambre, surprenant
Amara qui entrait dans la sienne.
– Puis-je vous aider ? lui demanda-t-elle.
– Non Madame, je fais juste mon travail. Il est tard
et c’est mon tour de garde.
Elle l’observa sans rien dire et remarqua une
bosse sous la manche de son col roulé noir.
Probablement un couteau.
– Vous savez que j’ai mes propres gardes du
corps ?
– Monsieur a été clair, Madame, nous devons
assurer votre protection ainsi que celle de
Mademoiselle Anna et d’Akira. Rien ne nous sera
épargné s’il arrivait quelque chose.
Amara secoua la tête et ne chercha pas à sebattre
avec la garde. Quand Lysandro avait quelque
chose en tête, même elle ne pouvait la lui
enlever. Elle lui souhaita le bonsoir et se retira.
*
En deux jours, Lorenzo eut vite compris pourquoi
le boulot payait si bien. Pas qu’il faille descendre
dans les mines pour récupérer l’adamantane
mais la chaleur et l’air chargé de sulfure
d’hydrogène mettaient son corps et sa
résistance à rude épreuve.
Toute la chaîne d’extraction était informatisée et
c’était ses compétences en informatique qui
avait décidé de son embauche. Il avait donc
passé les deux derniers jours dans une petite
cabine à peine aérée, perchée sur une grue, à
surveiller que le programme fasse exactement
ce qu’on lui demandait. Il enviait presque les
autres qui conduisaient les camions entre la
mine et le camp. Les camions faisaient la navette
entre les deux et il suivait des yeux les nuages
de poussières que les roues des engins
soulevaient.
Son oreillette grésilla.
semblaient avoir craqué l’un pour l’autre… Ou
alors Akira était un acteur hors pair et son talent
était gâché à l’Orchidée.
Après avoir pris l’ascenseur et être monté au
dernier étage, Amara les précéda dans une
somptueuse suite.
– Voilà où nous allons vivre tout au long de cette
semaine.
Elle se déplaça dans la suite et désigna une
porte :
– Tu pourras t’installer ici Anna, c’est la chambre
qui donne directement dans la mienne.
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard
de connivence et se sourirent. Puis Amara
continua et désigna deux autres portes :
– Ici, votre chambre, annonça-t-elle en regardant
les deux gardes du corps, puis la vôtre Akira, dit-
lle en montrant la dernière porte.
Les sourcils d’Akira se haussèrent, étonné
d’avoir sa propre chambre. Et tandis que les trois
autres investissaient l’espace qui leur était
alloué, Akira s’approcha de la jeune femme.
– Nous ne partagerons pas la même chambre ?
Amara se tourna brusquement vers lui, les joues
rouges et le regard outré.
– Bien sûr que non !
Le jeune homme recula d’un pas et baissa la tête,
blessé dans son orgueil. Jamais encore un client
ne s’était ainsi refusé et la situation lui paraissait
plus vexante encore puisqu’elle était son
premier client féminin. Amara se rendit compte
de son manque de tact et lui sourit doucement
en lui prenant la main.
– Excusez-moi de m’être un peu emportée, mais
je crois qu’il y a un malentendu entre nous.
Akira releva les yeux, la regarda au travers de ses
mèches argentées :
– Je ne comprends pas.
Un frisson délicat parcourut la nuque de la jeune
femme devant ce regard presque innocent.
Presque, parce que, malgré tout, il restait
séducteur.
– Je n’ai pas demandé une galante compagnie à
Lysandro mais un homme capable de
m’accompagner dans les soirées où je suis
conviée. Je pensais que Lysandro vous aurait
expliqué ce que j’attendais de vous.
Un sourire mutin éclaira le visage d’Akira.
– C’est bien possible qu’il me l’ait dit, mais je dois
avouer que je n’ai pas vraiment écouté.
Une moue boudeuse remplaça alors le sourire
sur le visage de la jeune femme et elle tapa la
main qu’elle tenait quelques secondes plus tôt.