BCarlington News Magazine 6 | Page 64

– Vous vous jouez de moi !!

Il se recula et s’inclina.

– Me voilà démasqué. Cette fois, un grand sourire

mangeait son visage. Mais vous êtes si

séduisante, les joues parées de rouge.

Il y eut une seconde de flottement où Amara le

regarda avec des yeux ronds puis elle éclata de

rire.

– Vous êtes exactement l’homme qu’il me fallait.

– Ravi de l’entendre, je m’en serais voulu de vous

décevoir.

Il lui fit un clin d’œil et se retira dans la chambre

qui lui était attribuée. Quelques secondes plus

tard, Anissa sortit de sa chambre, surprenant

Amara qui entrait dans la sienne.

– Puis-je vous aider ? lui demanda-t-elle.

– Non Madame, je fais juste mon travail. Il est tard

et c’est mon tour de garde.

Elle l’observa sans rien dire et remarqua une

bosse sous la manche de son col roulé noir.

Probablement un couteau.

– Vous savez que j’ai mes propres gardes du

corps ?

– Monsieur a été clair, Madame, nous devons

assurer votre protection ainsi que celle de

Mademoiselle Anna et d’Akira. Rien ne nous sera

épargné s’il arrivait quelque chose.

Amara secoua la tête et ne chercha pas à sebattre

avec la garde. Quand Lysandro avait quelque

chose en tête, même elle ne pouvait la lui

enlever. Elle lui souhaita le bonsoir et se retira.

*

En deux jours, Lorenzo eut vite compris pourquoi

le boulot payait si bien. Pas qu’il faille descendre

dans les mines pour récupérer l’adamantane

mais la chaleur et l’air chargé de sulfure

d’hydrogène mettaient son corps et sa

résistance à rude épreuve.

Toute la chaîne d’extraction était informatisée et

c’était ses compétences en informatique qui

avait décidé de son embauche. Il avait donc

passé les deux derniers jours dans une petite

cabine à peine aérée, perchée sur une grue, à

surveiller que le programme fasse exactement

ce qu’on lui demandait. Il enviait presque les

autres qui conduisaient les camions entre la

mine et le camp. Les camions faisaient la navette

entre les deux et il suivait des yeux les nuages

de poussières que les roues des engins

soulevaient.

Son oreillette grésilla.

semblaient avoir craqué l’un pour l’autre… Ou

alors Akira était un acteur hors pair et son talent

était gâché à l’Orchidée.

Après avoir pris l’ascenseur et être monté au

dernier étage, Amara les précéda dans une

somptueuse suite.

– Voilà où nous allons vivre tout au long de cette

semaine.

Elle se déplaça dans la suite et désigna une

porte :

– Tu pourras t’installer ici Anna, c’est la chambre

qui donne directement dans la mienne.

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard

de connivence et se sourirent. Puis Amara

continua et désigna deux autres portes :

– Ici, votre chambre, annonça-t-elle en regardant

les deux gardes du corps, puis la vôtre Akira, dit-

lle en montrant la dernière porte.

Les sourcils d’Akira se haussèrent, étonné

d’avoir sa propre chambre. Et tandis que les trois

autres investissaient l’espace qui leur était

alloué, Akira s’approcha de la jeune femme.

– Nous ne partagerons pas la même chambre ?

Amara se tourna brusquement vers lui, les joues

rouges et le regard outré.

– Bien sûr que non !

Le jeune homme recula d’un pas et baissa la tête,

blessé dans son orgueil. Jamais encore un client

ne s’était ainsi refusé et la situation lui paraissait

plus vexante encore puisqu’elle était son

premier client féminin. Amara se rendit compte

de son manque de tact et lui sourit doucement

en lui prenant la main.

– Excusez-moi de m’être un peu emportée, mais

je crois qu’il y a un malentendu entre nous.

Akira releva les yeux, la regarda au travers de ses

mèches argentées :

– Je ne comprends pas.

Un frisson délicat parcourut la nuque de la jeune

femme devant ce regard presque innocent.

Presque, parce que, malgré tout, il restait

séducteur.

– Je n’ai pas demandé une galante compagnie à

Lysandro mais un homme capable de

m’accompagner dans les soirées où je suis

conviée. Je pensais que Lysandro vous aurait

expliqué ce que j’attendais de vous.

Un sourire mutin éclaira le visage d’Akira.

– C’est bien possible qu’il me l’ait dit, mais je dois

avouer que je n’ai pas vraiment écouté.

Une moue boudeuse remplaça alors le sourire

sur le visage de la jeune femme et elle tapa la

main qu’elle tenait quelques secondes plus tôt.