Envie de manger un homard ?
Nous connaissons tous des personnes dans
notre entourage qui aiment à répéter : « Je n’ai
pas le temps de lire », « Je n’ai pas le temps de
faire du sport », et qui publient sur Facebook
vingt fois par jour, sortent en boîte tous les week-
ends ou regardent trois saisons de série par
semaine. J’ai moi aussi usé de ce stratagème
inconsciemment jusqu’à ce que je comprenne
que le problème n’était pas que je n’avais pas le
temps, mais plutôt que je ne prenais pas le
temps.
Je ne prenais pas le temps de faire du sport. Je
ne prenais pas le temps de lire, ou d’écrire, ou de
faire quoi que ce soit d’autre parce que je faisais
autre chose à la place. Des activités plus
gratifiantes à court terme et moins
enrichissantes. Télévision, jeux vidéo, réseaux
sociaux, glandouille en bonne et due forme,
toutes ces « activités » remplissaient mes
journées sans que je m’en aperçoive et me
donnait le sentiment d’être débordé. J’étais un
multimillionnaire en secondes, et je ne le savais
pas. Un privilégié qui s’ignorait.
Bien sûr, il n’y a rien de mal à se détendre. Nous
avons des vies stressantes et trépidantes, et tout
le monde mérite un break, une soirée tranquille
devant un bon film ou une après-midi shopping
avec des copines. Pas de problème, pas de
jugement. Après tout, ce n’est qu’une bête
question d’envie. Avez-vous plus envie de
regarder ce film ou d’écrire votre livre ?
Il y a peu, une auteure auto-éditée me confiait
qu’elle continuait d’écrire son livre pendant ses
cours de fac. Elle comptait sur son copain pour
lui passer ses notes ; pour lui permettre de
rattraper le retard pris en amphi. C’est un
exemple très parlant. Quand l’envie d’écrire est
là, quand elle est forte et impérative, le temps se
libère de lui-même. L’ordre de nos priorités
change.
C’est ce que Jacques Brel, dans une interview
célèbre, appelait le talent. Persuadé que le talent
inné n’existe pas, il affirmait qu’une personne qui
a « envie de manger un homard possède, à ce
moment-là, le talent pour manger ce homard
(…) » Un drôle d’exemple, je suis d’accord, mais
qui s’applique parfaitement ici. Avez-vous envie
de manger votre homard ? Avez-vous envie
d’écrire votre livre ?
Où trouver le temps ?
Vous est-il déjà arrivé, en fin de mois, d’être
surpris par le peu d’argent disponible sur votre
compte en banque ? La centaine d’écrivains
fauchés, au fond de la salle, me confirment que
oui.
Vous n’avez pourtant fait aucun gros achat ce
mois-ci ! Un livre de poche par-ci. Un ticket de
ciné par-là. Une multitude de petits montants
qui, une fois cumulés, dépassent d’une tête celui
de votre salaire. Il en est de même pour les
secondes que pour les euros. Ces secondes
perdues se cumulent à la fin d’une journée, et ne
vous laissent d’autres choix que dormir ou
écrire… et le sommeil finit toujours par gagner.
Avez-vous vu le film « Time Out » ? Dans ce film,
l’humanité a trouvé le moyen d’arrêter le
vieillissement du corps humain et de gérer
l’espérance de vie. À partir de là, le temps de vie
est devenu la monnaie d’échange : une bière vous
coûte quelques minutes, une voiture de luxe
représente cinq ans de vie, votre salaire vous est
versé en jours. Quand votre « portefeuille /
compte-à-rebours » est à zéro, vous êtes mort.
Voilà une méthode qui s’en inspire (le risque de
mort imminente en moins) :
Vous voulez écrire un nouveau roman, et cet
« achat » vous coûtera 1 h par jour (supposition).
Vous avez un « salaire » de 24 heures
quotidiennes, et plus une minute à vous. Il faut
donc regarder comment vous dépensez votre
salaire et trouver des économies à faire. Faire le
tri de vos activités. D’un côté, celles que vous
jugez indispensables, et de l’autre, les dépenses
que vous estimez superflues.
Étape 1 : Faire l’inventaire
Pour savoir sur quoi économiser, il vous faut
savoir sur quoi vous dépensez votre temps.
Pour cela, une seule méthode : pendant une
semaine lambda, vous vous équipez d’un calepin
et vous notez, jour après jour, vos activités et le
temps que vous y consacrez. À partir du moment
où cela dure 2 minutes ou plus, vous l’inscrivez
dans votre calepin.
Pourquoi une semaine ? Parce que si nos journées
nous paraissent toutes se ressembler, elles
subissent toujours quelques variations
indépendantes de notre volonté. Il suffit de
travaux sur le chemin du boulot pour qu’on passe
plus de temps que d’habitude dans les
transports.