BCarlington News Magazine 6 | Page 52

Envie de manger un homard ?

Nous connaissons tous des personnes dans

notre entourage qui aiment à répéter : « Je n’ai

pas le temps de lire », « Je n’ai pas le temps de

faire du sport », et qui publient sur Facebook

vingt fois par jour, sortent en boîte tous les week-

ends ou regardent trois saisons de série par

semaine. J’ai moi aussi usé de ce stratagème

inconsciemment jusqu’à ce que je comprenne

que le problème n’était pas que je n’avais pas le

temps, mais plutôt que je ne prenais pas le

temps.

Je ne prenais pas le temps de faire du sport. Je

ne prenais pas le temps de lire, ou d’écrire, ou de

faire quoi que ce soit d’autre parce que je faisais

autre chose à la place. Des activités plus

gratifiantes à court terme et moins

enrichissantes. Télévision, jeux vidéo, réseaux

sociaux, glandouille en bonne et due forme,

toutes ces « activités » remplissaient mes

journées sans que je m’en aperçoive et me

donnait le sentiment d’être débordé. J’étais un

multimillionnaire en secondes, et je ne le savais

pas. Un privilégié qui s’ignorait.

Bien sûr, il n’y a rien de mal à se détendre. Nous

avons des vies stressantes et trépidantes, et tout

le monde mérite un break, une soirée tranquille

devant un bon film ou une après-midi shopping

avec des copines. Pas de problème, pas de

jugement. Après tout, ce n’est qu’une bête

question d’envie. Avez-vous plus envie de

regarder ce film ou d’écrire votre livre ?

Il y a peu, une auteure auto-éditée me confiait

qu’elle continuait d’écrire son livre pendant ses

cours de fac. Elle comptait sur son copain pour

lui passer ses notes ; pour lui permettre de

rattraper le retard pris en amphi. C’est un

exemple très parlant. Quand l’envie d’écrire est

là, quand elle est forte et impérative, le temps se

libère de lui-même. L’ordre de nos priorités

change.

C’est ce que Jacques Brel, dans une interview

célèbre, appelait le talent. Persuadé que le talent

inné n’existe pas, il affirmait qu’une personne qui

a « envie de manger un homard possède, à ce

moment-là, le talent pour manger ce homard

(…) » Un drôle d’exemple, je suis d’accord, mais

qui s’applique parfaitement ici. Avez-vous envie

de manger votre homard ? Avez-vous envie

d’écrire votre livre ?

Où trouver le temps ?

Vous est-il déjà arrivé, en fin de mois, d’être

surpris par le peu d’argent disponible sur votre

compte en banque ? La centaine d’écrivains

fauchés, au fond de la salle, me confirment que

oui.

Vous n’avez pourtant fait aucun gros achat ce

mois-ci ! Un livre de poche par-ci. Un ticket de

ciné par-là. Une multitude de petits montants

qui, une fois cumulés, dépassent d’une tête celui

de votre salaire. Il en est de même pour les

secondes que pour les euros. Ces secondes

perdues se cumulent à la fin d’une journée, et ne

vous laissent d’autres choix que dormir ou

écrire… et le sommeil finit toujours par gagner.

Avez-vous vu le film « Time Out » ? Dans ce film,

l’humanité a trouvé le moyen d’arrêter le

vieillissement du corps humain et de gérer

l’espérance de vie. À partir de là, le temps de vie

est devenu la monnaie d’échange : une bière vous

coûte quelques minutes, une voiture de luxe

représente cinq ans de vie, votre salaire vous est

versé en jours. Quand votre « portefeuille /

compte-à-rebours » est à zéro, vous êtes mort.

Voilà une méthode qui s’en inspire (le risque de

mort imminente en moins) :

Vous voulez écrire un nouveau roman, et cet

« achat » vous coûtera 1 h par jour (supposition).

Vous avez un « salaire » de 24 heures

quotidiennes, et plus une minute à vous. Il faut

donc regarder comment vous dépensez votre

salaire et trouver des économies à faire. Faire le

tri de vos activités. D’un côté, celles que vous

jugez indispensables, et de l’autre, les dépenses

que vous estimez superflues.

Étape 1 : Faire l’inventaire

Pour savoir sur quoi économiser, il vous faut

savoir sur quoi vous dépensez votre temps.

Pour cela, une seule méthode : pendant une

semaine lambda, vous vous équipez d’un calepin

et vous notez, jour après jour, vos activités et le

temps que vous y consacrez. À partir du moment

où cela dure 2 minutes ou plus, vous l’inscrivez

dans votre calepin.

Pourquoi une semaine ? Parce que si nos journées

nous paraissent toutes se ressembler, elles

subissent toujours quelques variations

indépendantes de notre volonté. Il suffit de

travaux sur le chemin du boulot pour qu’on passe

plus de temps que d’habitude dans les

transports.